Photographie contemporaine : la montée du soleil levant

[03/08/2003]

 

Très appréciée des plus jeunes générations de collectionneurs d’art, la photographie contemporaine affiche une hausse des prix de 92% en moins de 6 ans, soit une progression annuelle de 12,7% ! Ce mouvement spéculatif fut longtemps l’apanage des photographes de renom allemands et américains, mais depuis quelques mois, il semblerait que le marché soit davantage soutenu par des artistes moins réputés et de nationalités variées.

A la cote explosive en 2002 et en tête des catalogues de ventes on retrouve d’abord des photographes allemands. Le plus cher : Andreas GURSKY, détenteur du record pour un tirage contemporain avec Untitled V, adjugé 560 000 dollars chez Christie’s Londres en février 2002. Thomas STRUTH est avec Thomas RUFF l’un de ceux dont les prix ont augmenté le plus vite : tous deux ont connu une hausse de 60% en moins de 3 ans. Grâce à Fassade, adjugée 280 000 dollars en mai 2002, Thomas STRUTH accède à la 7ème place des photographes contemporains les plus chers. La même année, Thomas DEMAND enregistre enfin une enchère au delà des 100 000 dollars, grâce à Wand (Mural) (120 000 dollars chez Christie’s New-York, le 14 mai 2002). Mais à l’image de GURSKY ou de Bernd & Hilla BECHER, la cote de ces photographes allemands tend à baisser depuis 6 mois.

Evolution des prix de la photographie contemporaine
(décembre 1997 – juillet 2003)Base 100 en décembre 1997, devise de référence : EUR

Certains photographes américains, moins soutenus par les collectionneurs américains issus de la Net économie, enregistrent également une baisse. La cote de nombre d’entre eux tend à s’infléchir. Cindy SHERMAN, dont Untitled Film Still #48avait été adjugé 300 000 dollars en mai 2001 par Christie’s New-York, voit sa cote s’écrouler actuellement. Elle est en juin 2003 inférieure de moitié au niveau atteint en 1999, de sorte qu’il passe aujourd’hui deux fois moins de clichés de l’artiste en vente qu’à l’époque. Même sort pour Bruce NAUMAN, dont Light Trap for Henry Moore, No.1 reste la photographie américaine la plus chère : 480 000 dollars en mai 2000. Les photographies de Nan GOLDIN ont perdu près de 30% de leur valeur en 2003. Tout comme pour Andres SERRANO, près de la moitié de ses clichés sont ravalés faute d’enchère. On constate aussi des baisses de prix pour Robert MAPPLETHORPE, Richard MISRACH ou encore Vanessa BEECROFT dont les prix ont chuté de plus de 60% en moins de 3 ans. Malgré tout, à l’image de Matthew BARNEY, certains résistent bien. Son actuel record, a été atteint en novembre 2002 : Cremaster 4: the Isle of Man, a trouvé preneur à 200 000 dollars (soit 40 000 dollars de plus qu’en 2000).

Face à la dépréciation des stars de la photographie, nombre de valeurs montantes japonaises brillent déjà. Selon l’évolution de son indice des prix, les clichés d’Hiroshi SUGIMOTO ont doublé de valeur depuis 1999. A titre d’exemple, le tirage 15/25 de Ionian Sea, Santa Cesera III, acquis 3 000 dollars à New-York en 1998 a été revendu à Londres 6 500 livres sterling (10 700 dollars) en février 2003. La cote de Mariko MORI est de nouveau en hausse. Une des 5 épreuves de Head in the Clouds de Mariko MORI a trouvé preneur pour 20 000 dollars le 14 mai dernier chez Sotheby’s New-York. Le même cliché avait seulement été adjugé 11 000 dollars en 2001, mais 30 000 dollars en 2000 ! Grâce à Red lights (140 000 dollars chez Phillips en mai 2002), elle est désormais la photographe japonaise la plus cotée du marché. Nobuyoshi ARAKI a vu ses prix encore progresser de 33% durant le premier semestre 2003. Les amateurs des scènes érotiques d’ARAKI se voient proposer de nombreux Polaroïds à moins de 500 euros, comme ce Nu à la Baignoire adjugé 300 euros chez Cornette de Saint-Cyr en juillet 2003. Quant aux portraits de Yasumasa MORIMURA, hormis les formats de plus de 2 mètres, ils s’échangent aux alentours de 10 000 euros. Certaines enchères récentes semblent annoncer une sensible baisse de ses prix : Self-Portrait, Actress, after Brigitte Bardot 2 a trouvé un preneur à 7 500 dollars/euros ? en avril 2003, soit 1 000 dollars de moins qu’un an auparavant.