Photo de mode : les têtes d’affiche

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les dix meilleures enchères frappées pour des photographies de mode en 2011.

Le top 10 des enchères 2011 pour la photographie de mode fait ressortir cette semaine le Irving PENN, Richard AVEDON et Peter LINDBERGH… mais Helmut NEWTON n’est pas loin derrière. Pour tous, l’année 2004 apparaît comme une année charnière marquée par la triste disparition des deux immenses artistes Richard Avedon, Helmut Newton et parallèlement, à une envolée des prix pour toute la photographie contemporaine (après 1950), dont la mode est un sujet récurrent.

Top 10 : les dix meilleures enchères frappées pour des photographies de mode en 2011

Irving Penn

Il s’impose comme l’un des plus grands photographes de mode dès sa première couverture pour le Vogue américain en 1943. Suivront 65 couvertures pour la même revue et 66 années de carrière qui ont révolutionné la photographie de mode. Son modèle fétiche est Lisa Fonssagrives, qu’il épouse en 1950. Véritable muse, elle devient le sujet de ses photos les plus élégantes et les plus prisées des années 50. C’est pour elle que fut signé le nouveau record de l’artiste cette année, avec Woman in Moroccan Palace (Lisa Fonssagrives-Penn) culminant désormais à 300 000 € (soit 409 000 $) le 11 décembre 2011 chez Christie’s Paris). Le même jour, dans la même salle, le cliché de Lisa vêtue d’une étonnante robe en damier noir et blanc (Harlequin Dress) se vendait 220 000 € (300 000 $).
Les premiers résultats à six chiffres de Penn sont enregistrés en 2005. Dès lors, ses recettes annuelles aux enchères génèrent plusieurs millions de dollars (entre 2 m$ et 4 m$ entre 2005 et 2008) contre une moyenne annuelle de 100 000 $ à la fin des années 90. En prenant plus de la moitié des positions de ce Top 10, Irvin Penn s’affirme comme le photographe de mode le plus demandé cette année.

Richard Avedon
Son curriculum vitae est impressionnant avec vingt années passées au service de Harper’s Bazaar (dont la plupart en tant que directeur de la photographie), vingt-cinq à réaliser des couvertures pour Vogue et douze pour The New Yorker. Richard Avedon a bouleversé l’histoire de la photographie de mode, lui injectant un supplément d’art et ne fuyant pas l’émotion. Après son décès en 2004, les collectionneurs sont pris d’une telle frénésie acheteuse pour ses clichés qu’en 2005, son chiffre d’affaires en salles des ventes décuple par rapport à l’année précédente. Sa cote flambe ainsi de près de 89% entre 2004 et 2011. Point d’orgue de cette flambée des prix, l’année 2010 présente un niveau de transactions plus vif que jamais, générant près de 7 m$ en salles, contre un précédent record de 2,5 m$. Le Top 10 de cette semaine affiche le nom de Richard Avedon en seconde position du palmarès 2011, grâce à l’adjudication de son célèbre portrait d’une Marylin Monroe terriblement mélancolique. Le cliché, pris en 1957 a doublé son estimation basse pour une enchère gagnante de 400 000 $ le 8 avril 2011 chez Christie’s NY. Ce résultat est un record pour une Marilyn Monroe (Marilyn Monroe, New York City, May 6) malgré un tirage tardif (1980, tirage sur 10). Il ne s’agit par pour autant de son record annuel (emporté par un portfolio des Beatles : The Beatles Portfolio, adjugé 600 000 $ le 4 octobre 2011 chez Phillips de Pury & Company) ni de son record absolu (tenu depuis le 20 novembre 2010 par une Dovima with elephants cédée 700 000 €, soit 945 000 $, chez Christie’s Paris).

Peter Lindbergh
La cote flambe pour Peter Lindbergh, dont l’indice des prix est en hausse de 116% sur les six dernières années (2004-2011). En regard de Richard Avedon, Helmut Newton ou Irvin Penn, ses meilleurs clichés sont encore relativement abordables puisqu’il décrochait sa première enchère à six chiffres en 2004 (Keith Richards, Man of the Year, New York, 100 000 $, Phillips de Pury & Company). Son record est frais (3 novembre 2011) et récompense un ange déchu à New York, tiré sur 230×150 cm en un exemplaire unique, et précédemment exposé au Bunkamura Museum of Art de Tokyo (1996). Amber Valletta, New York, USA se vendait 95 000 £, soit 152 000 $ chez Phillips de Pury & Company. D’autres tirages de cette même œuvre, d’une cinquantaine de centimètres, sont accessibles entre 10 000 et 20 000 $ en salles… mais les prix pourraient grimper, au vue de leur rareté (une épreuve par an est en moyenne soumise aux enchères.)

Helmut Newton
Ses premiers clichés, pris dans les années 30 alors qu’il est adolescent, présentent déjà ses sujets fétiches en devenir, en l’occurence la mode, la femme et le portrait. Helmut Newton se fait connaitre après la seconde guerre mondiale en publiant dans Playboy et dans divers magazines de mode puis impose son style dans les années 70. Son savant mélange d’érotisme et de voyeurisme, de pouvoir et de domination, de séduction et d’un mauvais goût revendiqué font rapidement son succès. En salles des ventes, il passe pour la première fois le seuil des 10 000 $ en 1992 et le seuil des 100 000 $ en 2002, avec son plus célèbre diptyque, Sie Kommen, Paris (Naked and Dressed), mettant en scène quatre mannequins habillés puis entièrement nus tenant les mêmes poses. En 2002, cette œuvre se vendait 160 000 $ chez Sotheby’s (17 avril, NY). Six ans plus tard, elle signe le record de l’artiste à hauteur de 550 000 $ (Christie’s NY, le 16 décembre 2008).
Son succès fut moindre en grès des ventes 2011 et il clôt le classement plutôt que de l’introduire. Sa plus belle adjudication annuelle s’arrête en effet à 55 000 $ pour Tied up torso, Ramatuelle, vendue le 12 novembre chez Christie’s Paris (tirage de 1980, 10 exemplaires).
Tout comme Richard Avedon, Helmut Newton disparaissait en 2004. Depuis, sa cote a grimpé de 35%, loin des 89% de progression affichés par Avedon, dont le marché est plus contracté en matière d’œuvres. La rareté contribuant pour beaucoup, en matière de photographie, à la valorisation des épreuves (rareté du tirage et des retirages par exemple).