Phillips, référence pour l’art latino-américain

[31/05/2016]

 

La société de ventes aux enchères Phillips s’est fait une spécialité de la vente d’art Latino-Américain. Devenue une référence en la matière, elle concurrence fermement les mastodontes Christie’s et Sotheby’s sur cette tranche brûlante du marché, dispersant des pièces majeures d’immenses artistes à l’image de Diego Rivera, Rufino Tamayo ou Wifredo Lam, dont le chef-d’oeuvre Présage passait les 2,6 m$ en mai 2015.

Phillips ne se contente pas des grandes signatures et explore depuis des années une scène émergente que les collectionneurs américains appréhendent de mieux en mieux. La demande s’étant considérablement étoffée ces dernières années, Phillips annonce une progression de 305% de son chiffre d’affaires pour l’art latino-américain depuis 2009. Le 23 mai dernier, la société donnait une importante vacation à New York, avec 133 lots catalogués, dont 90 ont trouvé preneurs (soit un taux d’invendus de 32%) pour un résultat global de 4,646 m$. Voici les 12 œuvres vendues plus de 100 000 $ ce jour là, à travers 12 artistes particulièrement prompts à emballer le marteau.

12 artistes à plus de 100 000 $

Outre les incontournables Jesús Rafael SOTO (1923-2005), millionnaire aux enchères depuis 2012 (chez Sotheby’s New York), et le surréaliste Roberto MATTA (1911-2002), des enchères de haut niveau qualifient 10 autres artistes Latino-Américain, à commencer par l’artiste Mexicain post-minimaliste Gabriel OROZCO (né en 1962), qui réalise le meilleur score de cette session de vente, fort des 418 000 $ décroché pour son tableau Samurai Tree 21k (2011), un record pour une toile de cette dimension, soit moins d’un mètre.

A plus de 100 ans, l’artiste cubaine Carmen HERRERA (née en 1915) est devenue l’une des artistes vivante les plus convoitées de notre époque. Sa cote s’est envolée depuis le début des années 2010, ayant trouvé une galerie de poids pour la soutenir : la galerie Lisson basée à Londres.

Le travail d’orfèvre d’Olga DE AMARAL (née en 1932) rencontre un franc succès. L’artiste a intégré les collections du Museum of Modern Art à New York, du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris et du Musée National d’Art Moderne à Kyoto au Japon, entre autres. Aux enchères, son marché se joue pour l’heure exclusivement aux Etats-Unis. Cette fois, Phillips a vendu l’étincelante Umbra B au double de l’estimation basse pour un prix final de 334 000 $.

La cote du Brésilien Hélio OITICICA (1937-1980), artiste si rare en salles, est explosive depuis le tournant des années 2000. Il frappait sa seconde meilleure enchère ce 23 mai 2016, à 286 000 $ pour la gouache rouge Metaesquema de 1958.

Le peintre vénézuélien Armando REVERON (1889-1954), dont le marché a été relancé en 2007 par une rétrospective au MoMA, décroche 262 000 $ pour sa toile Ranchos de Macuto (1941). Son record absolu n’a pas été rafraîchi depuis 2012, où sa toile Desnudo Detrás de la Mantilla décrochait 872 500 $ (Sotheby’s New York, le 23 mai 2012).

Cildo MEIRELES (né en 1948), premier artiste brésilien a avoir bénéficié d’une rétrospective à la Tate de Londres (2008), a aujourd’hui le vent en poupe sur le marché des enchères, avec un record de 641 000 $ enregistré l’année dernière chez Christie’s à New York (pour son installation Rodos vendue le 27 mai 2015). La sculpture que vient de vendre Phillips s’inscrit dans le Top 10 des résultats de l’artiste : 212 500 $ pour Ouro e paus: Engradados.

L’artiste cubaine Amelia PELAEZ (1897-1968) fait partie de cette courte liste de résultats à six chiffres avec une toile des années 1930 (Pescados grises, vendue 212 500 $). L’artiste est fermement disputée sur le marché états-uniens depuis 20 ans et l’on doit à la société Phillips son record absolu emporté il y a trois ans avec une toile de 1943 : Las Hermanas, explosant les prévisions pour partir à 569 000 $, le 23 mai 2013.

Très apprécié par les collectionneurs américains, Guillermo David KUITCA (né en 1961) fut cette fois disputé jusqu’à 175 000 $ (avec la toile Untitled (Zurich)). Rappelons que Kuitca représentait l’Argentine à la Biennale de Venise de 2007, sa meilleure année aux enchères (1,1 m$ de produit de ventes annuel contre moitié moins l’année suivante). Son marché manque de dynamisme depuis.

Les deux derniers artistes sont Roberto OBREGON (1946-2003), dont le marché neuf se consolide fermement, et le très convoité Mathías GOERITZ (1915-1990), qui signait sa meilleure année d’enchères en 2015. L’année 2016 démarre ainsi sans excès mais sous de bons auspices, et l’art Latino-Américain reste un secteur plein de promesses, l’un des plus stimulants à l’heure actuelle…