Philip Guston

[10/09/2013]

 

L’artiste Philip Guston (27 juin 1913 – 7 juin 1980) fait partie des grands artistes américains rattachés à la New York School dont font partie Jackson Pollock, Willemn de Kooning, Mark Rothko, Franz Kline, Barnett Newman. Son marché est actuellement en pleine ébullition, dans le sillage de Pollock, rythmé par de mémorables batailles d’enchères. Voici quelques réponses d’après les oeuvres vendues entre l’été 2012 et la fin du premier semestre 2013.

Philip GUSTON rencontre Philip GUSTON dans les années 1920. Ils sont alors tous deux étudiants à l’école d’art de Los Angeles et sympathisants de l’idée marxiste. Inspiré par l’art des Indiens d’Amérique du nord et des muralistes mexicains (il réalise plusieurs peintures murales au Mexique, puis aux États-Unis entre 1934 et 1942), il produit d’abord une peinture figurative et impliquée socialement avant de se convertir à l’abstraction.

Dans les années 1940 et 1950, se joue en effet l’une des révoltions artistiques les plus importantes du XXème siècle : l’émergence de l’expressionniste abstrait. Guston renoue avec Jacskon Pollock, abandonne le réalisme des premières œuvres et exploite alors le hasard, les accidents et l’automatisme, dans de larges fresques abstraites. Le succès est au rendez-vous. Il se lie d’amitié avec le grand critique d’art Harold Rosenberg, expose à la galerie Sidney Janis en 1955 avec les principaux protagonistes de l’expressionnisme abstrait (Pollock, de Kooning, Rothko), reçoit son premier prix de Rome américain, intègre des collections prestigieuses… Cette production expressionniste abstraite perdure pendant les années 1960, époque à laquelle Guston réalise ses œuvres les plus cotées aujourd’hui.

Cette brillante carrière abstraite prend un tournant radical en 1970 à l’occasion d’une exposition à la Marlborough Gallery à New York. Loin des champs colorés habituels, Philip Guston destabilise ses aficionados car il opère un retour à la narration en exposant de nouvelles peintures figuratives. Le style enfantin est proche de la bande dessinée, notamment celle de Robert Crumb. Il renoue avec des sujets sociaux, ou violences et injustices ordinaires se trouvent souvent catalysées dans la figure récurrente du Ku Klux Klan. Cette évolution est rapidement saluée pour la liberté que s’octroie l’artiste dans un tel revirement.

Marché : abstraction contre figuration

Guston enregistre cette année un record d’enchère hors du commun, avec une toile de la période abstraite qui déclenchait une véritable euphorie en mai 2013, dépassant de 11 m$ son estimation haute. La toile en question est un hommage à Fellini (To Fellini) achevée en 1958 et vendue 23 m$ au marteau de Christie’s le 15 mai (25,8 m$ frais inclus, estimation initiale 8 m$ – 12 m$). To Fellini se trouve loin du record de Jackson Pollock, signé lors de la même vente Christie’s à hauteur de 52 m$, soit 17 m$ au-delà de son estimation haute (Number 19, 1948), mais la montée en puissance de Guston doit être rattachée aux niveaux de prix spectaculaires atteints par son ami. Avec cinq enchères à plus de 10 m$ sur la décennie, le marché de Pollock stimule les prix d’autres expressionnistes abstraits comme l’attestent les trois meilleures enchères de Guston (toutes supérieures à 6 m$) et son indice de prix en hausse de +320 % depuis 2000. Cependant, un rattrapage de cote s’opère entre les œuvres abstraites et figuratives, avec une accélération des enchères millionnaires de ces dernières depuis 2007. L’une d’entre elles, Head and Bottle (1975), culmine à 5,8 m$ (soit 6,536 m$ frais inclus, Christie’s New York, 15 mai 2007). Aujourd’hui, les meilleurs dessins figuratifs au fusain se vendent jusqu’à 260 000 $ et s’avèrent pour le coup plus chers que certains travaux abstraits à l’encre, accessibles à partir de 15 000 $. Les opportunités d’acquisition dans ces gammes de prix intermédiaires restent rares et sont surveillées de près aux Etats-Unis où se jouent 95,3 % du marché.