Paul Gauguin : 110 ans de présence en ventes publiques

[06/10/2002]

 

Voilà près d’un siècle que Paul Gauguin est mort. L’occasion pour les musées d’organiser de prestigieuses rétrospectives de l’un des peintres les plus influents de son époque : l’exposition “Gauguin in New York Collections: The Lure of the Exotic” au Metropolitan Museum of Art sera clôturée le 28 octobre 2002, cédant la place à une exposition organisée par le Musée du Luxembourg entre avril et juin 2003. De leur côté, les maisons de ventes profitent de l’évènement pour mettre en ventes quelques pièces supplémentaires. Durant le premier semestre, pas moins de 58 œuvres de Paul GAUGUIN sont passées aux enchères, soit presque autant que durant toute l’année 2001. Rarement autant d’œuvres de l’artiste auront été présentées en vente publiques.

Pourtant, cela fait bien longtemps que ses œuvres ornent les murs des salles de ventes. En effet, de son vivant, Paul GAUGUINvendit une trentaine de toiles aux enchères pour financer son premier voyage à Tahiti. La recette de la vente de 1891 lui rapporta près de 10 000 francs, soit un peu plus de 30 000 euros actuels. Aujourd’hui, pour la même somme, l’amateur peut juste espérer s’offrir une belle gravure. La vente publique de son atelier en 1895, à l’aube de son deuxième départ pour Tahiti fut un fiasco : les œuvres exotiques n’eurent pas de succès. La plus belle enchère revenait à Aha Oe Feü, adjugée 500 francs (données issues du Dictionnaire des ventes d’art Mireur). Une toile intitulée Te Fare ne trouvait preneur qu’à 180 francs (à titre comparatif, une vue de la Cathédrale de Rouen de Claude MONET se vendait la même année à hauteur de 13 000 francs).

 

Après l’épreuve du temps, à peine un siècle écoulé, Te Fare, daté de 1892, est aussi le plus cher tableau de Paul Gauguin jamais vendu aux enchères. En effet, en 1991, les collectionneurs se l’arrachaient chez Ader-Tajan à hauteur de 52 millions de francs. Sur le très long terme (de 1895 à 2001), les dessins de Gauguin ont en fait généré un taux de rendement annuel moyen proche de 5,4% (valeur déflatée de l’inflation) ; de sorte qu’ils valent aujourd’hui en moyenne 264 fois plus qu’en 1895. Mais cette lente et exceptionnelle évolution est avant tout animée de cycles courts. Pour le collectionneur actuel, les variations de prix peuvent être rapides à court terme. Ainsi, entre 1997 et 2001, son indice des prix a gagné près de 76 points.
Depuis, la tendance est à la baisse. Face à une offre abondante et des prix de réserves gourmands suite à la hausse des prix, les collectionneurs ne rentrent guère en concurrence lors des vacations. Peu de surenchères permettent de dépasser les estimations hautes. Seules 2 des 8 toiles présentées y sont parvenue durant le premier semestre 2002 ; deux autres peintures furent ravalées. L’enchère la plus importante de cette première saison fut atteinte avec Le Champ Lollichon et l’église de Pont-Aven, adjugée 600 000 livres, soit 100 000 livres en deçà de l’estimation basse.

L’amateur se verra proposer le 10 octobre chez Sotheby’s deux gravures de 1893-1894. La moins chère des deux, Nave Nave Fenua estimée 1 500 – 2 000 euros a été imprimée post mortem par Pola Gauguin. Le 15 octobre, la maison Dorotheum de Vienne propose La Petite Parisienne, un bronze fondu en 1975 (estimation : 2 800 – 3 800 euros). La cadence des ventes futures des œuvres de Paul GAUGUINrisque fort de s’accélérer en 2003, lors de l’anniversaire officicel de la mort de l’artiste.

Extrait du Dictionnaire des ventes d’art Mireur Edité par Artprice, ce Dictionnaire est un outil de recherche sans équivalent dans le monde pour cette période fondatrice du marché des ventes aux enchères d’art en Europe et aux Etats-Unis : 1700-1900. Contrairement à l’anonymat actuel, ce Dictionnaire cite le nom des vendeurs, permettant ainsi de retracer l’histoire d’une œuvre et ses diverses appartenances. Edité pour la première fois en 1903, le ” Dictionnaire des ventes d’Art ” de Hippolyte Mireur est consacré aux ventes d’art en Europe entre 1700 et 1900.
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