Paris résiste bien à la crise

Dans cette période de crise que traverse le marché de l’art, Paris fait figure d’exception : le nombre de ventes aux enchères et le volume des lots proposés restent stables par rapport à 2008. De plus, la vente Pierre Bergé -Yves Saint-Laurent permet à la capitale française d’afficher un meilleur produit des ventes que ceux de Londres et de New-York sur le premier trimestre 2009.

En effet, à l’issue du premier trimestre 2009 où la crise frappait particulièrement fort à New-York, les prix de l’art en France perdaient seulement 5% et se maintiennent depuis. La recette de ce succès tient en deux ingrédients bien dosés : un marché moins haut de gamme, donc moins spéculatif en France, et des ventes de l’antenne parisienne de Christie’s particulièrement fructueuses. Les résultats sont probants puisque le taux d’invendus, qui flirtait avec les 50% à l’automne 2008, est passé sous le seuil des 40%. Le 28 mai 2009, la vacation d’art contemporain de Sotheby’s Paris vendait jusqu’à 95,2% de ses lots!
Les plus belles réussites des derniers mois reviennent cependant à la maison concurrente Christie’s, qui dispersait tout ou partie de collections privées en février puis en mai. La vente de la collection Bergé & YSL en 23 février 2009 fut une véritable aubaine. Rappelons que son chiffre d’affaires de 373,5M€, dont 255M€ pour les adjudications d’œuvres d’art, équivaut à 53,2% du produit des ventes aux enchères en France l’an dernier.
Parenthèse dans un contexte troublé, cette vacation signait 22 adjudications millionnaires (contre 19 sur l’année 2008 en France) dont quatre des cinq plus belles enchères françaises des 20 dernières années (Henri MATISSE, Les coucous, tapis bleu et rose, 32M€, Constantin BRANCUSI, Madame L.R., 26M€, Piet MONDRIAAN, Composition avec bleu, rouge, jaune et noir, 19,2M€ et Composition avec grille 2, 12,8M€). Grâce à cette vacation, Paris affichait un meilleur résultat que Londres et New-York sur le premier trimestre de l’année.

L’autre temps fort des ventes qui eut lieu fin mai, paraît très mesuré en regard des succès de février. Sotheby’s enregistrait seulement deux enchères millionnaires (Nicolas DE STAËL, Bouteilles, 1,1M€ le 27 mai et Georges Pierre SEURAT, pour son dessin Femme avec deux fillettes, 1,3M€ le 28 mai), tandis que la vente impressionniste et moderne de Christie’s le 20 mai culminait à 460 000€ (Auguste RODIN, Faunesse debout). Celle d’art contemporain frappait sa plus belle enchère à 620 000€ pour le portrait d’ Yves Saint-Laurent par Andy WARHOL, le 27 mai. Christie’s parvenait à créer l’événement grâce à une cinquantaine de pièces de François-Xavier et de sa compagne Claude Lalanne dégageant 2,3M€ et portant le chiffre d’affaires de cette vacation à 6,7M€.
Les commissaires-priseurs français ont eux aussi réalisé de belles performances, dont ce Penseur de Rodin présenté à Drouot par les maisons Mathias, Baron Ribeyre et associés et Farrando-Lemoine. Cette sculpture emblématique orne le centre du tympan des portes de l’Enfer de Rodin. Estimé 400 000€, le Penseur s’arracha 2,56M€ le 17 juin, déclassant le précédent record de 2,7M$ pour ce même sujet (1,86M€, Sotheby’s NY, 7 novembre 2007). Suivant immédiatement ce coup de marteau historique, une Petite Eve du même l’artiste explosait une estimation de 300 000€ pour une adjudication à 2M€.

Le marché de l’art français entre avec l’été dans une phase d’accalmie : parmi les vacations estivales citons celle de Christie’s qui mise encore une fois sur la force d’une collection avec L’oeil d’un sculpteur. Collection Mary Callery le 2 juillet. Parmi les 63 œuvres modernes, l’amateur retrouve les signatures d’Henri Laurens, Hans Arp, Henri Michaux ou Fernand Léger. Parmi les œuvres phares : un petit Concetto Spaziale, Attese de Lucio FONTANA est attendu entre 40 000 et 60 000€, deux toiles de ZAO Wou-Ki de 1959 dont un grand format estimé 400 000-600 000€. Dans la même fourchette de prix, l’auctioneer propose une acrylique de Frank Stella de 4 mètres de large. Pour un budget compris entre 1 000 et 3 000€, sont proposées des eaux-fortes de Pierre Soulages, des toiles signées Jesse Reichecl (huile sur toile 1960, 1 500-2 000€) ou James Brown (Un être, 2 000- 3 000€).