Paris Photo, 22e

[06/11/2018]

8-11 novembre 2018. Grand Palais, Paris

thierry Ehrmann, Fondateur et Président d’Artprice, tient à rappeler : « Nous sommes fiers d’avoir contribué avec Artprice au mécénat qui a permis de sauver Paris Photo en 2000 et nous sommes extrêmement heureux d’avoir pu observer la manière dont cette foire s’est imposée comme le plus grand événement annuel consacré à ce médium sur le Marché de l’Art. Un événement qui rassemble l’essentiel des galeries pionnières (Taka Ishii, Pace/MacGill), mais aussi les grands marchands d’Art Contemporain (Gagosian, Carlier | Gebauer, Nathalie Obadia) et de nombreux acteurs incontournables (agence Magnum, fondation Aperture, éditions Taschen). »

La plus grande foire internationale dédiée au médium photographique fête cette année sa 22e édition, en réunissant 167 galeries dans la nef du Grand Palais. Seul le tiers des exposants est français pour laisser la place à une riche scène internationale. Une trentaine de pays sont représentés dont l’Afrique du sud, l’Allemagne, l’Argentine, le Brésil, la Chine, la Côte d’Ivoire, les Etats-Unis, l’Iran, le Japon ou encore le Mexique. Voici l’une des grandes forces de Paris Photo : opérer un véritable tour du monde de la création photographique.

Mais les enjeux du salon dépasse la seule vocation internationale. Le Grand-Palais étant assez spacieux pour se permettre d’être audacieux, un autre parti-pris est la valorisation de solo show (29 en tout) permettant d’approfondir l’univers créatif d’artistes tels que William WEGMAN (Galerie Huxley-Parlour, Londres), Guy BOURDIN (galerie Louise Alexander, Porto Cervo) ou encore Michel JOURNIAC (galerie Christophe Gaillard, Paris) dont le travail répond particulièrement bien à la thématique du nouveau secteur Curiosa centré cette année sur le rapport au corps et à l’érotisme. Rappelons que Michel Journiac, l’un des grands représentants de l’art corporel en France, est connu pour ses travestissements surjouant les stéréotypes de la femme au foyer. Daido Moriyama, Antoine d’Agata, Nobuyoshi Araki et Robert Mapplethorpe seront aussi à l’honneur de Curiosa, dans un espace d’exposition supplémentaire de 210 m2 situé sous l’escalier du Salon d’Honneur.

Les grandes tendances

Des allées de Paris Photo aux salles de ventes, des tendances fortes se dessinent. On remarque notamment le développement d’une nouvelle scène photographique inspirée par le monde de la mode, dans toute l’Europe. L’Allemand Jurgen Teller (Galerie Suzanne Tarasiève) ou le Néerlandais Erwin Olaf (Magda Danysz) aiment travailler avec des mannequins et des mises en scène sophistiquées. Tous deux seront en bonne place sur le salon.

Mais on constate plus encore le rayonnement de photographes japonais d’une part, et de photographes africains d’autre part. Le Japon est en effet parvenu à s’imposer comme le troisième grand pôle planétaire pour le médium photographique aux côtés des Etats-Unis et de l’Europe. Le pays ne cesse de révéler des photographes extrêmement originaux. Nobuyoshi Araki, Daido Moriyama, Masahisa Kuwase ou encore Hiroshi Sugimoto ont chacun su développer une approche tout à fait nouvelle de la photographie, qui a conquis un Marché de l’Art mondial. Christie’s dédie d’ailleurs toute une partie de sa session parisienne du 8 novembre (le jour d’ouverture de Paris Photo) à Hiroshi SUGIMOTO, durant laquelle 28 de ses oeuvres seront mises en vente, dans des gammes de prix allant de 5 000 $ à 350 000 $.

Quant aux photographes du continent africain, ils bénéficient enfin, après de longues années d’attente, d’un retentissement international mérité. La galerie Magnin-A, acteur majeur dans le processus de reconnaissance de l’Art Contemporain africain, présente à Paris Photo quelques-uns de ces photographes devenus incontournables (Malick Sidibé, Seydou Kaïta), mais aussi plusieurs nouveaux noms, dont Mauro Pinto et Ricardo Rangel, tous deux originaires du Mozambique.

En France, Bettina RHEIMS (Xippas), Valérie BELIN (Nathalie Obadia) ou encore Sophie CALLE (Perrotin) rappellent l’importance des femmes dans la création photographique. Mais à observer de près les chiffres du Marché de l’Art, elles ne sont que sept femmes classées dans le Top 50 des artistes photographes sur le premier semestre 2018 : six Américaines (Cindy Sherman, Diane Arbus, Barbara Kruger, Roni Horn, Nan Goldin, Louise Lawler) et une Allemande (Candida Höfer). Constatant un manque profond de visibilité (qui se reporte sur la cotation), le salon Paris Photo et le Ministère de la Culture français se sont entendus pour remettre les femmes photographes à l’honneur, à travers un parcours spécifique dans la foire. Intitulé Elles x Paris Photo, ce parcours remonte aux débuts de la photographie (Julia Margaret Cameron, Margaret Watkins, Lucia Moholy), explore les féministes des années 70 (Arlene Gottfried, Renate Bertlmann, Joan Lyons…) et enfin ouvre le champ à une nouvelle génération d’artistes prometteuses (dont Lisa Sartorio, Wiame Haddad et Hilla Kurki) dont les œuvres confidentielles n’ont encore jamais affronté le verdict des enchères…