New York / Londres : complices ou concurrents ?

[10/03/2003]

 

La baisse de 13% du chiffre d’affaires de Fine Art enregistrée par les Etats-Unis en 2002 (contre 7,3% pour le marché mondial) est concomitante à la stabilité de celui du Royaume-Uni. La Grande-Bretagne, principale bénéficiaire de ce transfert détient dorénavant 27,5% du marché. Pour leur part les Etats-Unis ne contrôlent plus que 42% du produit des ventes mondiales de Fine Art.

La raison essentielle de ce changement structurel tient dans la réduction draconienne du nombre de ventes cataloguées américaines (diminution de presque moitié en 3 ans, passant à 2300 ventes en 2002). Elle engendre la baisse de moitié du nombre de ses transactions depuis 2000. La hausse des prix et la qualité des lots ont permis d’atténuer les effets de ses réductions sur le chiffre d’affaires. Le nombre de lots vendus au Royaume-Uni a moins baissé qu’aux Etats-Unis sans affecter le chiffre d’affaires global. Plus préoccupant, en deux ans, le nombre de ventes cataloguées a diminué de 25 %, passant de 3 410 à 2 576. C’est, bien sûr, nettement moins qu’aux Etats-Unis. Grâce à ses propres ressources et dans un contexte économique différent, le marché anglais a mieux résisté. Mais les vases communiquent.

La Grande-Bretagne grignote le marché américain, mais le bloc anglo-saxon reste intact. Les pays anglo-saxons représentent encore 70% du marché des ventes d’art aux enchères. La prédominance des deux côtés de l’Atlantique des deux mêmes grands auctioneers n’est pas faite pour changer cet état de choses.
Mais le transfert entre les deux leaders semble d’autant plus probable que les produits vendus à Londres sont quasiment identiques aux new-yorkais et que les échanges importants sont essentiellement régulés par les mêmes maisons de ventes. Les proportions de lots d’un prix élevé, et les records d’enchères y sont tout aussi réguliers. Toutefois, la répartition des ventes américaines par tranche de prix est encore fort différente de celle du Royaume-Uni : New York affiche 21% d’œuvres adjugées entre 10 000 et 100 000 dollars. A Londres, ce secteur ne concerne que 11,5% des lots. On y trouve comme à New York de prestigieuses ventes d’art moderne, d’impressionnisme et d’art contemporain, mais Londres tend à faire une plus grande place au dessin et à l’estampe. Classiquement, rythmés par Sotheby’s et Christie’s, les grands rendez-vous que se donnent les collectionneurs se tiennent à New York en mai et novembre, et à Londres en juin/juillet et en février.

Les domaines d’interventions étant les mêmes, dans cette valse des enchères, les deux pays semblent de plus en plus substituables. On comprend d’autant mieux le combat britannique pour échapper aux carcans économiques et fiscaux européens qui minent la compétitivité.