New York, capitale mondiale de l’art et du marché

[25/08/2015]

 

L’attractivité de New York sur les acteurs du monde de l’art et de son marché ne rivalise avec aucune autre ville du monde. Première capitale artistique occidentale depuis les années 50, la Grosse Pomme demeure un vivier culturel de premier ordre (100 000 artistes y sont référencés), avec des programmations institutionnelles parfois aussi prospectives que celles des galeries d’art.

Au-delà des œuvres emblématiques des pléthoriques collections du MET, du MoMA, du Whitney ou du Museum of Modern Art, les musées américains sont aussi de véritables laboratoires, des territoires d’expérimentations toujours en dialogue avec la création vivante. Des musées non muséifiés en somme. Le MoMA invitait cette année la chanteuse Björk ; le Whitney inaugurait son nouveau lieu avec 400 artistes américains à l’affiche (mai 2015 avec l’exposition America is hard to see) ; le Metropolitan Museum ouvrait son département Photographie sur une sélection d’oeuvres de Piotr UKLANSKI, etc…
Downtown, le New Museum, immanquable par son architecture dynamique, est un lieu ouvert aux workshops, aux panels de discussions, à la poésie et à la performance, en plus de la scène émergente. A quelques encablures, le Drawing Art Center est aussi une plateforme d’échanges importantes pour les jeunes artistes privilégiant le dessin. Parallèlement aux collections permanentes sans cesse étoffées, les musées et centres d’art new-yorkais sont ainsi des lieux profondément ouverts sur la création contemporaine. Cette énergie est aussi en train de remuer Brooklyn, ou s’est récemment implanté un centre d’art innovant, le Pioneerworks, un laboratoire pluridisciplinaire entre art et technologies où Les artistes en résidence échangent avec des scientifiques, créant de nouvelles synergies entre les deux mondes. Le sursaut de visibilité offert par le Pioneerworks, comme par les autres centres, constitue un tremplin important pour que les artistes se fassent remarquer, si possible par une galerie reconnue.

Où sont les galeries ?

L’orgie artistique de New York ne s’entend pas sans la diversité impressionnante de ses galeries. On en compte quelques 1 500 dans les rues principales de Soho, Tribecca, Chelsea, The Village, Lower East Side, la 57ème rue, mais aussi dans Brooklyn et dans le Queens.

La plus puissante, celle de Larry Gagosian, multiplie les évènements. L’ampleur de ses espaces et de son réseau new-yorkais lui permettait de programmer pas moins de cinq expositions sur les seuls mois de mars et avril. Deux d’entre elles – sur les studios d’artistes – rassemblent des signatures emblématiques dont James ENSOR, Diego RIVERA, Henri MATISSE, Pablo PICASSO, Jim DINE, Jasper JOHNS, Roy LICHTENSTEIN, Robert RAUSCHENBERG, Constantin BRANCUSI, André KERTÉSZ, Eadweard MUYBRIDGE ou encore BRASSAÏ. Tout n’était pas à vendre pour cette exposition curatée comme un événement muséal. Pour la rentrée de septembre, Richard SERRA et Franz WEST seront à l’honneur dans ses galeries new-yorkaises.
A l’ouest de Manhattan, le long de la rivière Hudson, le quartier Chelsea rassemble les galeries les plus prestigieuses. Les voisins de Larry Gagosian sont les galeries Pace (qui compte quatre espaces à New York), Cheim & Read, Paul Kasmin, Tanya Bonakdar et Barbara Gladstone. Ces grands galeristes n’hésitent pas à sortir du champ convenu de la création américaine pour mettre en valeur des artistes émergents issus d’autres régions du globe.
Par ailleurs, de nouvelles galeries participent activement à l’émergence artistique du Low East Side de Manhattan, longtemps délaissé au profit de Chelsea et de Soho. Rappelons que Soho comptaient quelques 300 galeries d’art dans les années 90 et que Chelsea en rassemble plus plus 200, orientées art contemporain. Or, il est de plus en plus difficile pour les galeries de tenir dans ces secteurs, à cause de la flambée des prix de l’immobilier (certains ont vu leurs loyer doubler en quelques années). Une migration s’opère donc naturellement vers le quartier moins couteux du LES (contraction pour Lower East Side) où une cinquantaine de galeries prospectives ont déjà pris position. Dernière ouverture en date : celle de Richard Taittinger (petit-fils du fondateur de la maison de champagne éponyme) au début du mois de mars 2015. Richard Taittinger a stratégiquement ouvert sa première exposition pendant l’Armory show, en présentant l’artiste chinois DING Yi dont les meilleurs œuvres s’arrachent tout de même entre 500 000 et 2 m$ dans les salles de ventes hongkongaises et pékinoises. Sa visibilité manquait à New York…
Si certains collectionneurs new-yorkais boudent encore le quartier, le clivage entre le « lower » et le « upper » est amené à disparaître progressivement, d’autant que le LES a été choisi par la fondation Andy WARHOL de Pittsburgh (Pennsylvanie) pour établir le premier musée new-yorkais dédié au plus célèbre des artistes américains. New York est encore en train de se transformer.

C’est aussi à New York que bat le pouls du marché de l’art mondial haut de gamme, avec 46 oeuvres vendues plus de 10 m$ à Manhattan sur le premier semestre 2015, soit plus de la moitié de toutes celles enregistrées dans le monde…