Nés après 1980

[04/07/2013]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les 10 meilleures adjudications de la décennie des artistes nés dans les années 1980.

Nés après 1980
Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 LIU Chunxi 3 311 000$ Divinity () 20/12/2010 (Beijing CNTC International Aution Co. Ltd. 北京)
2 LIU Chunxi 1 806 000$ Animals and lotus () 20/12/2010 (Beijing CNTC International Aution Co. Ltd. 北京)
3 LIU Chunxi 1 505 000$ Animals () 20/12/2010 (Beijing CNTC International Aution Co. Ltd. 北京)
4 LIU Chunxi 1 505 000$ Guanyin goddess () 20/12/2010 (Beijing CNTC International Aution Co. Ltd. 北京)
5 LIU Chunxi 1 354 500$ Figures () 20/12/2010 (Beijing CNTC International Aution Co. Ltd. 北京)
6 LIU Chunxi 1 354 500$ Peacock () 20/12/2010 (Beijing CNTC International Aution Co. Ltd. 北京)
7 LIU Chunxi 1 204 000$ Bird and flowers () 20/12/2010 (Beijing CNTC International Aution Co. Ltd. 北京)
8 LIU Chunxi 1 053 500$ Buddha () 20/12/2010 (Beijing CNTC International Aution Co. Ltd. 北京)
9 Tauba AUERBACH 648 438$ Untitled (Fold) (2010) 26/06/2013 (Christie’s LONDON)
10 Tauba AUERBACH 492 192$ “Untitled (Fold) XV” (2010) 27/06/2013 (Phillips LONDON)

Le classement des jeunes artistes les plus cotés en salles reflète une fois encore les failles du marché de l’art en Chine face à la force de construction des cotes chez les acteurs américains. Si on s’en tient à un classement des 10 meilleures enchères pour les artistes nés après 1980, on relève en effet cette aberration voulant que l’artiste chinois LIU Chunxi, inconnu de tout collectionneur occidental, s’arroge les huit premières places du classement et ce à des niveaux de prix millionnaires de surcroît.

Le plus coté est Chinois
Né en 1981, Liu Chunxi, affiche le curriculum vitae rêvé pour ses compatriotes férus d’art traditionnel. Éduqué dans un temple religieux, il dessine des bouddhas depuis son plus jeune âge. Partant de cette connaissance profonde de la tradition et des règles qui régentent l’art chinois, l’adolescent modernise quelque peu son style à l’École des Beaux-Arts de Pékin, tout en conservant ses sujets de prédilection : de nombreux animaux et paysages, quelques bouddhas et scènes de genre, et toujours ce travail à l’encre sur rouleaux de soie. Demandées dans plusieurs expositions asiatiques, ses œuvres sont vues à Hong Kong, en Corée du Sud, au Japon et en Malaisie. Jamais encore en Occident, où elles ne trouveraient d’ailleurs pas leur public. Comment Liu Chunxi s’est-il hissé en tête de ce classement ? Grâce à un épiphénomène, une unique vacation qui eut lieu en 2010 à Pékin où la vente de huit œuvres aurait rapporté quelque 13 m$ (hors frais, Beijing CNTC International Auction).
Le coup d’éclat a duré le temps d’une vente. On n’a plus vu depuis la moindre œuvre de Liu Chunxi passer l’épreuve des enchères. La domination de ce jeune artiste est donc un parfait exemple des prix artificiellement gonflés en Chine.
Ce succès d’un jour est à indexer au goût prononcé de la plupart des acheteurs chinois pour l’art traditionnel (dessin et calligraphie). Il s’agit d’un marché absolument local qui n’a pas vocation à s’étendre sur le marché global des enchères.

Pourrions-nous en dire autant de la jeune américaine Tauba Auerbach qui flirte déjà avec le million de dollars ? L’artiste ne se vend aux enchères qu’entre New York et Londres, où elle vient de signer un record à hauteur de 781 020 $ frais inclus (Untitled (Fold), 26 juin 2013, Christie’s Londres). Bien qu’elle n’intéresse pas les acheteurs chinois bercés de tradition, son parcours est exemplaire pour l’assise d’une reconnaissance internationale par les collectionneurs et les acteurs de l’art contemporain mondial.

Tauba Auerbach : l’élue trentenaire
Depuis sa première exposition en 2001 dans une galerie de San Francisco (Luggage Store Gallery), l’artiste a participé à près d’une centaine d’expositions, aux Etats-Unis bien sûr mais aussi en Europe (Espagne, Portugal, France, Suède, Norvège, Finlande, Belgique, Royaume-Uni, etc.) avec quelques passages sur les cimaises des galeries Gagosian, Gladstone et Paula Cooper et sur celles de grandes institutions telles que le MoMA, le Whitney Museum, le MoCA Los Angeles ou le Centre Pompidou de Paris. Ces grandes expositions ont toujours un effet levier sur la cote des jeunes artistes. Tauba Auerbach enregistrait d’ailleurs son meilleur coup de marteau deux jours après la fin d’une exposition à laquelle elle participait au Museum of Modern Art de New York (Abstract Generation: Now in Print, 15 mars-24 juin 2013).
L’engouement pour cette jeune artiste reflète, côté occidental, une demande avide pour un art non narratif et pour de nouvelles formes de créations abstraites. Ses œuvres jouent en effet avec les effets d’optique, la perception des couleurs, mais aussi la matière, que l’artiste plie, tord ou passe sous le fer à repasser avant de bomber la toile. Un travail sur l’information visuelle très éloigné des codes culturels chéris par les meilleures enchères des l’art contemporain en Chine.