Miquel Barceló
[29/01/2003]
Artiste particulièrement précoce, Miquel Barceló a su imposer sur le marché son goût des jeux de matières
Que trouve-t-on aux enchères ?
A 20 ans, Miquel BARCELO a déjà exposé au Musée de Majorque et dans une galerie de Barcelone. Initié aux arts par sa mère, qui peint dans la tradition des paysagistes de Majorque, fasciné par l’art brut et l’expressionnisme abstrait, il développe très tôt un goût pour l’hétérogénéité de la surface picturale et son traitement en volume. Durant les années 1980, ses œuvres devenues figuratives acquièrent des tonalités volontiers terreuses. Ses nombreux voyages, notamment en Afrique, transforment cette gamme chromatique et l’incitent à poursuivre son travail d’incorporation d’éléments organiques au tableau, tout en lui faisant adopter de nouveaux sujets : natures mortes, paysages… Dans les années 1990, diverses séries se succèdent comme les Tauromachies, les Ateliers, les Tables digestives, les Fonds marins… Parallèlement, il réalise quelques bronzes et des terres cuites qu’il peint et modèle après avoir été initié, au Mali, aux techniques de la céramique. Le marché se fait l’écho de cette diversité de production.
Le marché a identifié les périodes, les séries qu’il recherche. Les plus cotées, ce sont les paysages d’Afrique de 1991 ou les corridas de 1989. Les vues d’atelier de 1993 et les œuvres récentes – qui ont pour point commun la mer – suscitent également beaucoup d’intérêt. Mais nous ne parlons là que des peintures, alors que son œuvre, extrêmement dense, compte également des dessins sublimes et des céramiques, un matériau qu’il a commencé à utiliser dans les années 1990. Si plus de la moitié des œuvres vendues sont des peintures, les estampes et les dessins représentent 46% des transactions. Cette hétérogénéité se retrouve dans la dispersion des prix : alors que seuls 50% des lots sont adjugés en deçà de 20 000 euros, l’amateur peut trouver nombre d’estampes à moins de 1 000 euros. A la suite de la hausse des prix, les petites études se multiplient sur le marché, mais il devient plus difficile de dénicher une jolie feuille à moins de 10 000 euros.
Les places de marché
Londres domine aujourd’hui le marché des œuvres de Miquel Barceló. Il s’y réalise 85% du produit de ventes des œuvres de l’artiste entre 1992 et 2002. Exposé à l’international (Museu d’Art Contemporani de Barcelona, Musée National d’Art Moderne de Paris, Timothy Taylor Gallery à Londres, etc.) et soutenu par des galerie mondialement connues (Leo Castelli Gallery / Soho – New York NY, La Caja Negra – Madrid, Timothy Taylor Gallery – Londres, Lucio Amelio – Naples) il est présenté un peu partout aux enchères. Toutefois, l’amateur trouvera les pièces les plus abordables en France et en Espagne (le marché le plus important pour ses estampes).
Acheter / vendre
Alors que même de très grands formats n’excédaient pas 60 000 euros dans les années 80, aujourd’hui seules quelques œuvres mineures peuvent se vendre sous ce seuil. 20% des peintures sont actuellement adjugées sous la barre des 30 000 euros. Il faut dire que les prix ont explosé depuis 5 ans : 100 euros investis en 1997 dans une œuvre de Miquel Barceló valent en moyenne 327 euros en janvier 2003. La hausse est très rapide. Rien qu’en 2002, les prix ont progressé de 53% ! La cote d’une toile de format 191×100 cm est désormais de 139 000 euros contre moins de 30 000 euros en 1997. La hausse incessante de la valeur des toiles a entraîné une forte augmentation du chiffre d’affaires – passé de moins de 500 000 euros en 1998 à près de 4 millions d’euros en 2002 – et ce, malgré la relative stabilité du nombre de ventes. Symboles de cette tendance à la hausse, les cinq plus fortes adjudications répertoriées depuis 1992 ont été atteintes après l’an 2000.
En 2002, l’artiste est à son firmament. L’engouement des collectionneurs fait face à une baisse substantielle du nombre de lots proposés. La pénurie d’offre stimule d’autant la hausse des prix. Avec moins de 12% d’invendus aux enchères (contre près de 20% en 1998) ses œuvres s’arrachent désormais et les surenchères peuvent être exponentielles dans les salles. Le récent record de l’artiste en est la parfaite illustration : Autour du Lac Noir, adjugé 850 000 £ (1,3 millions d’euros) le 26 juin 2002 chez Sotheby’s Londres avait été estimé 300 000 – 600 000 £. Aujourd’hui, il est difficile d’espérer faire de belles plus-values : ayant triplé de valeur en 5 ans, les marges de progression sont faibles et la forte compétition dans les salles laisse peu de place aux « bonnes affaires ». Néanmoins, même si les prix venaient à s’infléchir globalement, les détenteurs de grands formats de 1989-1990 n’ont guère de soucis à se faire : tous ceux présentées aux enchères depuis 10 ans ont trouvé preneur. Ils font parti des valeurs sures, soutenus par une demande constante. En dix ans, le marché des œuvres de Barcelo s’est raffermi et internationalisé.
Artprice Index base 100 en janvier 1998, toutes disciplines confondues, devise : EUR Nombre de lots vendus aux enchères
Parts de marché Répartition par pays du chiffre d’affaires réalisé entre 1992 et 2002