Miami fait sa foire

[11/12/2012]

 

Comme tous les ans pour tout amateur d’art qui se respecte, le début du mois de décembre rime avec Art Basel Miami Beach !Avec sa constellation de foires satellites (environ dix-sept cette année !) et le soleil et la mer en prime, c’est LE moment incontournable de l’année, après les automnales Frieze Londres et Fiac Paris, et avant Art Stage Singapour et l’Armory Show de New York.
Certains affirment que son côté trop festif, mélange de jet-set, dance-floor et transats, serait boudé par les vrais amateurs d’art. Pourtant Miami réunit incontestablement tous les ingrédients d’une foire incontournable et a attiré cette année encore quelque 50 000 visiteurs. Petit tour d’horizon de cette onzième édition où quelque 267 galeries internationales de 31 pays différents ont dicté les tendances de cette fin d’année.

En dehors des mastodontes habituels qui ont semé quelques Jeff KOONS, Gerhard RICHTER, Anish KAPOOR et autres Richard PRINCE, les galeristes ont également misé sur des signatures en pleine ascension.
Chez Gavin Brown, Alex KATZ (1927) était entouré de l’Anglais Martin CREED et de l’Américain Jonathan HOROWITZ qui ont tous deux signé de nouveaux records en salle en 2012 : le premier avec l’adjudication pour 130 000 $ de l’installation Work No. 204: Half the air in a given space (Christie’s New York, le 7 mars 2012) et le second avec celle de Coke/Pepsi (230 Cans) (Sotheby’s Londres, le 13 octobre 2012).
Avec un nouveau record à 400 000 $ pour Death Comes to Us All frappé en mai 2012 chez Phillips de Pury & Company New York, on aurait mal imaginé le stand de la galerie new-yorkaise Petzel sans une œuvre de Dana SCHUTZ. Maîtrisant parfaitement des compositions cubistes proches de celles du grand Picasso, l’artiste a trouvé la parade en y associant savamment une multitude de couleurs fluo. Décidément abonnée aux records fraîchement enregistrés, la galerie Petzel présentait également Seth PRICE qui s’est fait remarquer en salles en triplant l’estimation haute d’une œuvre sans titre adjugée 130 000 $ (Untitled, Sotheby’s New York, le 10 mai 2012).
L’Américaine Pae WHITE, reconnue pour ses créations poétiques jouant sur les frontières poreuses entre art et design, a fait sensation avec une tapisserie monumentale constituée de bric et de broc chez Neugerriem Schneider. Encore peu présente en salles avec seulement treize résultats enregistrés en six ans, ses œuvres étaient également exposées chez Kaufmann Repetto. Ce sont ses mobiles qui signent ses plus belles ventes à l’image de son record pour l’oeuvre Fish to snake…a dirty joke (you don’t need to know) cédée 15 000 $ en novembre 2006 chez Phillips de Pury & Company New York.

Toujours plus au sud

Miami, du fait de sa géographie, est une place de choix. Elle est parfaitement bien située entre les États-Unis et l’Amérique du Sud, entre les fervents collectionneurs américains et le marché latino-américain en plein essor. Grand nombre de collectionneurs du Brésil, d’Argentine, du Mexique, du Chili ou du Vénézuela ont une résidence secondaire à Miami et contribuent à une part non négligeable du volume des transactions de la foire. A l’écrasante présence de quatorze galeries brésiliennes (A Gentil Carioca, Luciana Brito, Casa Triângulo, Fortes Vilaça, Leme…) s’ajoutaient deux Colombiennes (Casas Riegner et La Central), quatre Mexicaines (Kurimanzutto, Labor, Proyetos Monclova et OMR), trois Argentines (Ruth Benzacar, Ignacio Liprandi et Jorge Mara), l’Uruguayenne Galería Sur et une nouvelle arrivante, la Péruvienne Revolver.
Du côté des artistes, la galerie Acquavella proposait des toiles d’un Argentin qui a le vent en poupe : Enoc PEREZ. Très présent en salles en 2012, Enoc Perez a enregistré six de ses sept plus belles enchères, dont l’adjudication à 310 000 $ de Havana Riviera Hotel, La Havana, Cuba (Sotheby’s New-York, le 10 mai). Le stand d’Hauser & Wirth proposait quant à lui une confrontation très réussie entre les toiles de l’Argentin Guillermo David KUITCA et les sculptures de l’Américain Roni HORN. Guillermo David Kuitca a d’ailleurs signé sa plus belle enchère en 2012 grâce aux 250 000 $ cédés pour l’œuvre Heaven (Sotheby’s New York, le 10 mai).

Toujours plus de modernes

Reconnue pour son amour pour les jeunes talents, cette année Art Basel Miami Beach n’a pas été immunisée contre le virus de l’art moderne avec une nouvelle sélection de galeries modernes, ajoutée à un programme misant sur les liens inter-générationnels. Rappelons qu’en octobre dernier la Frieze donnait le ton : désirant miser sur l’importance des signatures modernes, elle inaugurait une seconde foire, la Frieze Masters. Si cet accent sur les valeurs sûres entraîne parfois des propositions trop sages et consensuelles, c’est pour le visiteur une occasion sans pareil de découvrir des chef-d’œuvres inconnus du public. Ainsi, Art Basel Miami Beach comptait cette année une présence plus marquée d’œuvres modernes. Parmi elles, Les deux femmes à l’oiseau de Fernand LÉGER à la Galerie Thomas ce serait rapidement envolée à plus d’un million de dollars. Mark ROTHKO, qui a récemment permis à la maison de vente Christie’s de signer une enchère record pour 77,5 m$ avec Orange,Red, Yellow (New York, le 8 mai 2012), imposait sa présence avec une immense toile chez Helly Nahmad Gallery. La Pace Gallery proposait un petit mobile d’Alexander CALDER datant de 1947. La galerie Tornabuoni consacrait, elle, la totalité de son stand aux œuvres de Lucio FONTANA.

Si la prudence semblait encore une fois de mise, il semble que les ventes n’aient pas connu d’essoufflement lors de cette onzième édition. Avec sa position géographique stratégique et une effervescence sans pareil, Miami confirme encore en 2012 qu’elle occupe une place de choix dans les grands rendez-vous internationaux.