Meilleurs résultats 2013 : Chine vs Etats-Unis

[27/08/2013]

 

Le marché américain a connu sur les six premiers mois de l’année 2013 quelques-uns des meilleurs coups de marteau de son histoire, grâce aux ventes d’art d’après-guerre et contemporain. New York s’impose comme la capitale absolue pour le marché très haut de gamme. La preuve par 7 : les sept meilleures ventes d’art contemporain de l’histoire ont toutes été enregistrées à New York entre 2007 et 2013, sans surprise chez Christie’s ou Sotheby’s. Les sessions du mois de mai sont généralement plus propices aux records (cinq ventes sur sept), malgré la haute tenue des sessions de novembre. Entre 2007 et 2012, les meilleurs produits de ventes oscillaient entre 294 m$ et 363 m$, mais la vacation Christie’s du 15 mai 2013 a enterré le précédent record de plus de 130 m$ avec son résultat de 495 m$.

Cette vente historique du 15 mai 2013 démontre en effet combien la demande globalisée sur le très haut de gamme repousse sans cesse les limites : 94 % de lots vendus (6 % d’invendus seulement sur les 70 lots offerts) et neuf œuvres cédées à plus de 10 m$. Elle rend non seulement compte de l’hégémonie américaine en tant que force de vente pour le très haut de gamme, mais aussi de l’incroyable capacité de la part du marché américain à revaloriser sans cesse à la hausse ses propres artistes. Au final, le Top 3 des enchères 2013 est en effet tenu par Jackson POLLOCK, Roy LICHTENSTEIN et Jean-Michel BASQUIAT – qui revalorisent chacun leur précédent record de plusieurs millions – tandis que le Top 3 de 2012 rendait compte des trois forces en présence avec l’Européen Edvard MUNCH, l’Américain Mark ROTHKO et le Chinois LI Keran.

Que privilégie le marché chinois ?

Le marché de l’art haut de gamme s’est considérablement ralenti en Chine. Tout d’abord, le nombre d’artistes chinois classés au Top 50 enchères passe de cinq à trois (premier semestre 2012 vs 2013). Ensuite, le niveau de compétition a fortement chuté. En 2012, le Chinois Li Keran rivalisait avec Mark Rothko et Francis Bacon pour prendre la 3ème place du classement grâce à une enchère gagnante de 40,341 m$ (Mountains in red, Poly International, Pékin, 3 juin 2012). Cette année, la meilleure adjudication chinoise n’arrive qu’à la 31ème place avec un résultat de 12,760 m$ (Li Xiongcai, Pine, Rong Bao Auctions, Pékin, 30 mars 2013).
Le meilleur résultat chinois récompense cette année LI Xiongcai (1910 – 2001), artiste né à Gaoyao dans la province de Canton. Son père excellait dans l’art de la calligraphie et de la peinture traditionnelle sur rouleau. Li Xiongcai hérita de cet enseignement traditionnel avant d’étudier à Tokyo puis revient en Chine (1935) où il enseigna à son tour (Guangzhou Art Institute, Guangzhou Art Academy et National Art Academy de Chongqing). Sa cote s’est envolée de plus de 200 % en trois ans. Son parcours et son langage artistique s’avèrent rassurant pour les collectionneurs et investisseurs chinois.
WU Zuoren (1908 – 1997) décroche la 2ème place pour un artiste chinois avec un paysage de 1977, à la touche beaucoup plus moderne que l’immense rouleau de Li Xiongcai. Wu Zuoren a produit des travaux traditionnels (enseignement de Xu Beihong) et des oeuvres plus occidentalisées, suite à ses études d’art en France et en Belgique. L’oeuvre lui valant la 41ème adjudication mondiale en 2013 s’inscrit dans cette dernière veine. Il s’agit d’une huile sur toile cédée l’équivalent de 11,326 m$, soit plus de 13 m$ frais inclus à Pékin (The yellow blooms on the battlefield smell sweeter, China Guardian, 10 mai 2013). Cette toile enterre de 9,8 m$ le précédent record de l’artiste aux enchères.

Le marché chinois est en perte de vitesse cette année, non pas qu’il soit désaffecté par les acheteurs (il s’est vendu plus d’oeuvres cette année que l’an dernier), mais les oeuvres majeures se sont faites rares, qu’il s’agisse d’art ancien, moderne ou contemporain. Les recettes en Chine continentale ont baissé de –22 % sur le premier semestre, tandis que le marché plus international de Hong Kong progresse de +27 %.