Marché de l’art : l’incontournable éveil Coréen

[16/09/2022]

Au cours des cinq dernières années, l’ascension du marché de l’art sud-coréen a valu à Séoul d’affirmer véritablement sa place aux côtés de Hong Kong en tant que plaque tournante de l’art contemporain en Asie. Grand atout de la Corée du Sud : elle bénéficie d’un système fiscal attractif, d’avantages financiers comparables à ceux de son homologue chinois – pas de taxe à l’importation ou de taxe de transfert – ainsi qu’une exonération de la taxe de vente pour les oeuvres d’artistes vivants d’une valeur inférieure à 60 millions de wons coréens, soit environ 50 000$.

Autant d’avantages propices à propulser les achats d’art contemporain, et plus largement l’ensemble du Marché de l’art sur place, y compris le marché des enchères dont la croissance s’avère remarquable !

À l’issue de l’année 2021, la Corée du Sud s’affichait même comme le sixième pays le plus dynamique pour la vente d’œuvres d’art, selon un produit des ventes annuel supérieur à 200 millions de dollars : derrière l’Allemagne, mais devant l’Italie, la Suisse et le Japon. Le marché secondaire n’est pourtant pas encore pléthorique sur place : environ 3 000 œuvres ‘seulement’ ont été soumises aux enchères l’an dernier, contre 68 000 pour l’Italie par exemple. C’est que, sur place, la demande s’envole, parfois les prix avec ! 

 

En Corée du sud, le marché des enchères Fine Art affiche une croissance de +310% en deux ans !

 

Ainsi, en l’espace de deux ans, les performances du marché de l’art aux enchères sont passées, en Corée du sud, de 57,8m$ à 237m$ : soit l’une des croissances les plus explosives du monde : +310% pour le produit de ventes annuels, et +149% pour le nombre d’oeuvres vendues.

 

Evolution du produit des ventes aux enchères d’oeuvres d’art en Corée du Sud (Copyright Artprice.com)

Les galeries d’art à Séoul

Depuis des années, les grandes galeries internationales étaient en lien avec la scène culturelle coréenne : ses artistes, ses institutions, quelques collectionneurs. Mais tout s’accélère à grande vitesse depuis les inaugurations récentes de nouvelles galeries au cœur de Séoul, où l’agrandissement de leurs espaces pour celles qui avaient déjà un pied dans le tissu coréen.

L’une des premières installations remarquables remonte à 2016, avec l’ouverture de la galerie Emmanuel Perrotin. Six ans après ses premiers pas à Séoul, monsieur Perrotin vient d’y ouvrir une deuxième galerie pendant l’été. La galerie Lehmann Maupin – qui travaille notamment avec Do Ho Suh – a aussi tissé des liens forts avec la Corée depuis des années, et vient d’agrandir l’espace dont elle dispose sur place depuis 2017. Idem pour la gallery Pace : elle opère à Séoul depuis 2017 également et vient d’envoyer un signal important quant à sa conviction de l’expansion du marché de l’art sur place, en inaugurant il y a quelques mois un nouvel espace d’exposition de plus de 450m2. La galerie Thaddaeus Ropac, qui collabore avec les artistes Lee Bul et Lee Ufan, a quant à elle inauguré un superbe espace dans le quartier de Hannam-dong il y a tout juste un an, après avoir multiplié les collaborations avec les institutions coréennes au cours des années précédentes.

Ce sont là des signaux forts reflétant l’engouement et l’extraordinaire  potentiel de croissance du pays, notamment pour l’art très contemporain car, au dire des galeristes ayant participé il y a quelques jours aux salons KIAF et Frieze,  le marché est porté par une clientèle jeune – des millenials et une génération Z – qui mènerait le boom coréen du marché de l’art. 

 

La KIAF et la Frieze surfent sur cette énergie

Vingt ans après le lancement de la foire locale KIAF (Korea International Art Fair), vient en effet d’avoir lieu à Séoul la première Frieze, foire d’art mondiale basée à Londres. Cette première est le fruit d’un un protocole d’accord de cinq ans entre Frieze et KIAF pour co-organiser un grand salon d’art annuel. Les événements se sont tenus durant la première semaine de septembre, autour de deux cents exposants au total parmi lesquels se retrouvent les plus grands marchands et galeristes qui soient – Gagosian, Hauser & Wirth, David Zwirner, Continua, la White Cube – dont une centaine d’exposants pour la seule Frieze Séoul. 

Une réussite, portée par 70 000 visiteurs, dont la moitié serait âgée entre 20 et 30 ans… C’est donc l’enthousiasme des jeunes générations et d’une nouvelle catégorie de collectionneurs locaux qui ont porté l’énergie des deux salons, mais il ne faut pas omettre l’activité des musées privés, foisonnant dans le pays. Déjà, en 2016, une étude publiée par Larry’s List décernait à la Corée du Sud la palme mondiale du nombre de musées privés, avec 45 institutions recensées à l’époque, dont 13 à Séoul, faisant de la capitale sud-coréenne la ville possédant le plus de musées privés au monde !