Marché de l’art : quid de la bulle spéculative ?

[15/11/2004]

 

Les récents résultats des ventes new-yorkaises chez Sotheby’s et Christie’s ainsi que la multiplication des records font craindre une bulle spéculative sur le marché de l’art.
Les prix sont-ils aujourd’hui au même niveau qu’en novembre 1990, période à laquelle éclata celle qui avait animé le marché à la fin des années 1980’ ?

A l’époque, l’accélération des prix et les forts volumes d’échanges avaient attiré sur le marché de l’art un nombre croissant d’investisseurs. Stimulée par une offre et une demande fortes, la spirale inflationniste avait entraîné l’ensemble des segments de marché. Les signes visibles de cette inflation : la multiplication des enchères millionnaires et des records, comme les 75 millions de dollars décrochés pour « Portrait du Docteur Gachet » de Vincent Van Gogh.
De prime abord, à observer les médiatiques ventes de New York, la donne semble cette année identique. Dès le mois de mai 2004, Sotheby’s a signé une nouvelle page dans l’histoire du marché de l’art avec une enchère à 93 millions de dollars pour «Garçon à la Pipe (1905) » de Pablo Picasso. Puis entre le 1er janvier et le 15 novembre 2004, pas moins de 328 enchères dépassant le million de dollars ont été enregistrées par Artprice, contre 210 l’an dernier.

Mais d’après Artprice, ces conditions exceptionnelles ne touchent que le haut du panier. A partir du Global Index calculé par Artprice selon la méthode des vente répétées, les prix des œuvres achetées plus de 50 000 $ ont augmenté de 22,6% depuis janvier 2001, les ramenant à 16% de leur niveau de novembre 1990. Le segment des œuvres achetées entre 5 000 et 50 000 dollars est aussi spéculatif, puisqu’aux Etats-Unis, la croissance de leur prix est de 45% sur 4 ans, de sorte qu’ils sont ramenés aujourd’hui strictement au même niveau qu’il y a 14 ans. Mais à l’inverse, sur le secteur des œuvres achetées moins de 5000 dollars, soit 77,2% des transactions, les cotes sont aujourd’hui 33% en dessous de leur niveau de 1990.
Ensuite, la hausse des prix reste davantage cantonnée aux Etats-Unis, dont le marché est stimulé par la faiblesse du billet vert. Enfin, au delà des valeurs, les volumes restent fort limités. Par rapport à 2000, Artprice a enregistré près d’un tiers de transactions en moins.