Marc Chagall (1887 – 1985) : les œuvres sur papier

[18/01/2004]

 

Grâce à cette importante production, Marc Chagall est le deuxième artiste le plus vendu aux enchères après Pablo Picasso. Estampes et dessins représentent près de 95% de la production échangée aux enchères

Dans le ghetto juif d’un bourg biélorusse, l’enfance de Marc Chagall est baignée de culture hassidique. Il travaille dès 1907 à l’école des beaux arts de Saint-Petersbourg sous la direction de Bakst, notamment sur les décors des ballets de Diaghilev. Il part pour Paris en 1911 et s’installe à la Ruche. Bloqué à Vitebsk pendant la guerre, il devient commissaire des beaux-arts de sa province, avant que Malevitch n’impose sa vision, puis séjourne à Moscou où il collabore avec le Théâtre juif. À Paris dès 1923, il s’adonne pleinement à la gravure et assiste, à distance, à l’accueil que les nazis réservent à son œuvre : autodafé à la Kunsthalle de Mannheim, décrochage de ses peintures dans les musées allemands… Dans cette atmosphère, il quitte la France pour les Etats-Unis en 1941pour n’y revenir qu’en 1948. Particulièrement prolixe, il travaille à de nombreuses commandes de décors. Marc Chagall a exploré toutes les techniques de l’art graphique : gouache, encre, aquarelle, pastel, collage, gravure sur cuivre, lithographie, etc. Ses estampes s’inscrivent notamment dans sa collaboration avec Paul Cassirer à Berlin et Ambroise Vollard. Ce dernier publie en effet les illustrations pour Les Âmes mortes de Gogol, Les Fables de La Fontaine, le cycle du Cirque.

Que trouve-t-on aux enchères ?

Uniques ou multiples, les œuvres sur papier constituent la grande majorité des œuvres de Chagall proposées aux enchères. Le marché le plus développé reste celui de ses lithographies. Elles représentent près de 80% des transactions. Son catalogue raisonné en dénombre plus de 1 000. Il s’en vend annuellement entre 500 et 1 000. Grâce à cette importante production, Marc CHAGALL est le deuxième artiste le plus vendu aux enchères après Pablo Picasso. Si la moitié des lots sont adjugés moins de 2 500 euros, certains albums complets peuvent dépasser 100 000 euros. Le record est aujourd’hui détenu par Daphnis and Chloe. Cet album de 42 feuillets, édité par Tériade en 60 exemplaires, a atteint 700 000 livres sterling chez Sotheby’s Londres le 30 juin 1992. A l’unité, l’amateur trouve aussi sur le marché de nombreux dessins et aquarelles. Les plus demandés font référence aux images mythiques de Chagall : les scènes de cirque, les couples d’amoureux, les portraits de Bella, les images de Paris ou de Vitebsk et les thèmes bibliques. Comptez plus de 100 000 euros pour une belle feuille. Avec les grandes aquarelles, les plus chères sont celles réalisées durant son séjour parisien de 1910-1914 et à son retour à Vitebsk en 1914-1917. Le record date de 1990 : Soldats, une gouache sur carton de 1912, a été adjugée 1,3 million de livres sterling (2,2 millions de dollars) chez Christie’s Londres. La même pièce s’est revendue 1,2 million de dollars 6 ans plus tard.

Les places de marché

Avec près de 32% du volume de transactions et 50% du chiffre d’affaires, les Etats-Unis dominent le marché des œuvres sur papier de Marc Chagall. New-York est la place idéale pour disperser les pièces les plus chères. En 2003, il s’y est vendu L’âne rouge (1958-1959), pour 500 000 dollars, la plus forte enchère de l’année pour une œuvre sur papier. Les collectionneurs de dessins trouvent aussi de très belles feuilles à Londres. Les amateurs d’estampes peuvent trouver en France et en Allemagne de très nombreuses épreuves bon marché.

Acheter / vendre

Comme le prouve l’évolution des prix des œuvres échangées à plusieurs reprises en ventes publiques, la cote de Chagall est toujours inférieure au niveau atteint en 1990. Elle a diminué de manière continue jusqu’au milieu des années 1990. Relancé en 1997, le marché s’est depuis largement tari. 87 dessins/aquarelles ont été proposés en 2003 contre 137 en 1999. Cette raréfaction pousse les prix à la hausse (+1,5% en 2003) et limite les invendus (seulement 24% des lots sont ravalés). En référence au niveau de 1990, la valeur de ses dessins pourrait même encore progresser. A titre d’exemple, Le Violoniste, une aquarelle de près d’un mètre de haut, a été adjugée 185 000 dollars en novembre 2003 chez Christie’s, soit 25% de moins du prix atteint en 1990 chez le même auctioneer. Toutefois, les chances de battre un record persistent car la pénurie de pièces majeures risque de pousser les acheteurs à batailler dès qu’une occasion se présentera. Le marché du multiple diffère : face à une offre abondante, les prix des estampes sont plutôt stables à moyen terme. Devant la diversité des tirages mis aux enchères, l’amateur se doit d’être vigilant dans ses choix.

  Marc CHAGALLArtprice Index Par discipline, base 100 en 1993   Marc CHAGALLNombre d’œuvres sur papier vendus aux enchères   Marc CHAGALLParts de marché Répartition par pays du chiffre d’affaires réalisé entre 1997 et 2003 © Artprice