Marc Chagall

[17/03/2003]

 

Marc Chagall est un des artistes les plus prolifiques du XXème siècle. Même si les prix atteints demeurent inférieurs à ceux de 1990, nous assistons à une reprise depuis 3 ans. Les importantes rétrospectives de 2003 pourraient bien relancer son marché.

A cheval entre la culture russe et son appartenance juive, Marc CHAGALL a traversé son siècle en résistant aux courants artistiques qui l’ont bercé. Né en 1887 à Vitebsk dans une famille juive de 9 enfants, il part à Paris dès 1910 où il s’approprie une partie des influences modernes de l’époque tout en conservant son identité culturelle. Il s’en dégage des mondes et des bestiaires imaginaires défiant les lois de l’apesanteur qui séduiront les surréalistes. Sa première exposition personnelle est organisée à la galerie « Der Sturm » de Berlin en 1914. De retour en Russie, il peindra en 1920 les décors du Théatre d’Art hébraïque de Moscou. Le marché l’accueille enfin en 1926 suite à sa première grande exposition new-yorkaise. L’antisémitisme le pousse à partir à New-York en 1941. En 1946, le MoMA organise une importante rétrospective. Il revient en France en 1948. Il remporte alors le premier prix de gravure à la biennale de Venise. Installé en Provence, il s’intéresse à la céramique et à la sculpture. Il honore de nombreuses commandes d’Etat et crée près de 20 lithographies par an. Il continuera de travailler jusqu’à sa mort, en 1985.

Que trouve-t-on aux enchères ?

L’œuvre de Chagall est l’une des plus importante du vingtième siècle. Il est derrière Picasso l’artiste le plus productif du marché. En 2002, il s’est vendu aux enchères 666 œuvres de Chagall. 88% d’entre elles sont des estampes. L’artiste a multiplié les eaux-fortes, gravures et lithographies. Il a entrepris de nombreuses planches autour de l’illustration, comme pour « Les âmes mortes » de Gogol (1924), « Fables » de La Fontaine (1926), « La Bible », « Daphnis & Chloé », etc. Un grand nombre de lithographies (de grand tirage ou sans couleurs) reste accessible pour moins de 1000 dollars Mais s’ils sont en excellent état et complets, les rares recueils de planches peuvent s’arracher. Tirée à 60 exemplaires, la suite de 42 lithographies intitulée « Daphnis & Chloé » s’est déjà envolée deux fois au-delà du million de dollars (en 1990 et en 1992).
Quant aux tableaux, les amateurs ne trouvent plus de toiles correctes en deçà de 100 000 dollars. Au mieux, sous ce seuil, on voit encore passer quelques petits formats des années 60-70. Aux enchères, la majorité des acheteurs privilégie le travail du premier quart du XXème siècle. La production postérieure a longtemps souvent été considérée comme plus répétitive et moins riche. Toutefois, la récente enchère à près de 11 millions de dollars, à Bern chez Kornfeld (21 juin 2002), pour Le village en fête, un très grand format de 1978, tend à prouver que les acheteurs accordent dorénavant moins d’importance à la datation des œuvres. Cette adjudication est la deuxième plus importante obtenue par l’artiste, juste après Anniversaire (1923), vendue 13,5 millions de dollars chez Sotheby’s New-York le 17 mai 1990, à Hironori Aoki, un collectionneur japonais passionné par l’œuvre de Chagall. 29 toiles de l’artiste sont actuellement en sa possession. Il symbolise l’engouement des Nippons à l’égard de l’artiste. Grâce à eux, la cote de l’artiste a explosé à la fin des années 80. Quand ceux-ci se sont retirés du marché au début des années 90’, elle s’est naturellement infléchie.

Les places de marché

Comme le prouve la récente rétrospective au Tokyo Metropolitan Art Museum, nombreux sont encore les amateurs japonais. Malgré tout, le marché est d’abord américain. Ces quatre dernières années, 37% des œuvres passées aux enchères ont été vendues aux Etats-Unis. Tout comme au Royaume-Uni, on y trouve toutes les gammes de produits. L’Allemagne et la France, avec des fonds d’estampes assez importants, réalisent moins de 10% du chiffre d’affaires avec près de 23% du volume de vente.

Acheter / vendre

Les prix atteints actuellement restent inférieurs au pic de 1990, d’autant plus si les œuvres sont « tardives ». Ainsi, achetée 1,3 millions de dollars, Danseuse à la Robe Fleurie, une toile de 1971, est restée invendue en 1998 pour une estimation de 500 000 – 700 000 dollars. Elle n’a trouvée preneur qu’à 350 000 dollars en mai 2000, soit près de 4 fois moins que sa valeur d’achat !
Néanmoins, on assiste à une reprise depuis 1999. Entre 1999 et 2002, les prix ont augmenté de 40%. Eu égard aux prix atteints à la fin des années 80’, on serait tenté de dire que les marges de progression sont aujourd’hui importantes, surtout si les manifestations d’envergure se multiplient, comme la rétrospective « Chagall connu et inconnu » au Grand Palais (Paris, 14 mars – 23 juin 2003) puis au San Francisco Museum of Modern Art (26 juillet – 4 novembre 2003). Mais l’achat de toiles postérieures aux années 60 reste encore risqué. Pour s’assurer d’une revente, mieux vaut acheter les périodes les plus demandées. Même s’il reste peu de toiles des années 1910-1920 disponibles sur le marché, les collectionneurs se voient encore offrir de nombreuses aquarelles de cette époque.

    Marc ChagallArtprice Index toutes catégories, base 100 en janvier 1997, devise : EUR   Marc Chagall Nombre de lots vendus aux enchères   Marc Chagall Parts de marché Répartition par pays du chiffre d’affaires réalisé entre 1999 et 2002 © Artprice