Maîtres anciens flamands et anglais, abstraits français : les cotes flambent !

[13/12/2011]

 

Nouveaux records pour Bruegel le Jeune et de Stael, nouvelle enchère millionnaire pour Pierre Soulages, les ventes de Londres et de Paris confirment la hausse des prix pour les valeurs sures.

Début décembre, Christie’s et Sotheby’s orchestraient leurs belles vacations londoniennes de peintures anciennes. Christie’s ouvrait le bal le 6 décembre en cédant 72% des lots (26 des 36 lots présentés) pour près de 20,5 m£. La vente a été ponctuée de plusieurs records dont celui du grand artiste flamand de la Renaissance Pieter II BRUEGHEL, dit Brueghel le Jeune. Sa Battle between Carnival and Lent (Le combat de Carnaval et de Carême) fut le clou de la vente, dégageant le quart des recettes de la soirée : l’enchère gagnante s’élève en effet à 6,1 m£ et signe le nouveau record de l’artiste.
Les peintres hollandais Willem II VAN DE VELDE et Govaert FLINCK atteignaient aussi de nouveaux sommets : le premier à 5,25 m£ pour Dutch men-o’-war and other shipping in a calm, contre une estimation haute de 2,5 m£ et le second pour An old man at a casement, acquis pour 2,05 m£, triplant son estimation basse.

Le lendemain, Sotheby’s dispersait 68% des lots (26 lots sur 38) présentés pour un produit de ventes de 16,9 m£. Les plus belles enchères ont récompensé Johan Joseph ZOFFANY (The Garden at Hampton House, 6 m£, Jan Havicksz. STEEN (An Elegant Company in an Interior with Figures Playing Cards at a Table, 4,3 m£) et Joseph WRIGHT OF DERBY (Virgil’s Tomb by Moonlight, 1,3 m£). De son côté, la maison de ventes Bonham’s vendait, plus confidentiellement que ses deux concurrents, un Portrait d’un gentilhomme peint par Diego VELASQUEZ pour 2,6 m£. Cette rareté (seules cinq toiles de maître sont passées en salles de ventes sur les 20 dernières années) ne détrône pas un récent record atteint pour la toile Sainte Rufina, à hauteur de 7,5 m£ (4 juillet 2007, Sotheby’s, Londres).

Pendant ce temps à Paris…
De l’autre coté de la Manche, Artcurial, Sotheby’s et Christie’s , en pleines vacations d’art moderne et contemporain, ont pu constaté la vivacité de la demande pour une peinture ancrée dans l’abstraction avec de nouvelles adjudications millionnaires pour Nicolas DE STAËL et Pierre Soulages.
Le 6 décembre, Artcurial enregistrait en effet un nouveau record pour une huile sur toile du peintre Nicolas de Staël (1914-1955), un Nu couché cédé 6,1 m€ à un collectionneur américain.
En quinze ans de production, Nicolas De Staël, peintre français d’origine russe, a peint un millier de toiles. Il s’est suicidé au sommet de sa gloire le 16 mars 1955. Le Nu couché datait de 1953/54. Il s’agit donc de l’une de ses dernières toiles, peinte à Ménerbes en Provence… Si ses dernières années de création furent intensives, on trouve généralement sur le marché des enchères des natures mortes, des marines et des paysages de cette époque. Aucun nu de cette période n’avait encore été proposé en salle. De fait, l’œuvre a pulvérisé à la fois une estimation optimiste de 3,5 m€, et un récent record de 2,15 m€ (toile Agrigente de 1954 chez Sotheby’s Paris le 31 mai 2011).

Le lendemain, Pierre SOULAGES signait le record de la vente Sotheby’s, à Paris. Estimée 1 m€ et mise à prix à 600 000 €, la grande toile achevée le 3 décembre 1956 (195×130 cm) atteignait 1,35 m€… une très belle enchère qui ne constitue pas pour autant un nouveau record, frais de mai 2011. Deux autres tableaux de l’artiste ont également trouvé preneur : Peinture 130 x 102 cm, 14 octobre 1980 adjugé 210 000 € et Peinture 162 x 130 cm, 13 novembre 1969 vendu 700 000 €.

Pierre Soulages deux fois moins cher que Franz Kline
Deux millions d’euros : c’est le prix d’adjudication d’une majestueuse abstraction de 1956 (Peinture 130 x 162 cm) signée du peintre Pierre Soulages dans l’antenne parisienne de Sotheby’s, le 21 mai 2011. La société de ventes n’en attendait alors pas autant, entre un million et 1,5 m€ au mieux si l’on en croit la fourchette d’estimation et le précédent record de l’artiste à 1,31 m€ (Peinture de 1959, Perrin-Royere-Lajeunesse, Versailles, 16 déc. 2007).
L’artiste français bénéficie d’un formidable engouement, révélé par une croissance des prix de 408% entre janvier 1999 et janvier 2009. Il signait sa première enchère millionnaire le 6 juillet 2006 pour une huile de 1959 partie au triple de son estimation chez Sotheby´s Paris (1,06 million d´euros, Sans titre, 162 x 130 cm). Vingt ans plus tôt, une œuvre similaire, de même année et même dimension, était accessible pour moins de 60 000 € (120 000 DEM, chez Lempertz à Köln). En 2007, pour la seconde fois, une œuvre historique de Soulages fut frappée au-delà du million, puis une troisième fois en décembre 2008 (à 1,31 m€ chez Perrin-Royere-Lajeunesse à Versailles puis à 1,3 m€ chez Sotheby’s, Paris).
L’artiste fait doucement ses preuves à New-York. Seules six enchères à plus de 100 000 € ont récompensé son œuvre à Manhattan sur la dernière décennie. C’est peu… les collectionneurs américains préférant jeter leur dévolu sur un compatriote lui aussi maître dans l’abstraction noire : Franz KLINE, dont le record d’enchère double celui de l’artiste français (4,4 m€ pour la toile Crow Dancer, achevée en 1958 et vendue par Christie’s NY le 11 mai 2005).