Louise Bourgeois – L’art comme Rédemption

[07/06/2010]

 

La vie de Louise BOURGEOIS fut riche de 70 années de création. L’artiste, qui s’est éteinte le 31 mai 2010 était encore, à 98 ans, consultée par les jeunes artistes dans son atelier new-yorkais. Française de naissance, Louise Bourgeois a obtenu sa reconnaissance légitime aux Etats-Unis où elle vivait et travaillait depuis les années 40. En 1982, le Musée d’art moderne de la ville de New-York lui consacre sa première rétrospective. En 2009, elle est honorée par le National Women’s Hall of Fame ainsi que neuf citoyennes américaines, pour avoir marqué l’histoire des Etats-Unis.

Mue par une acuité psychologique hors du commun, Louise Bourgeois n’eut de cesse de décortiquer les thèmes universels, les relations entre les êtres, l’amour et la frustration entre des amants ou les membres d’une même famille, l’érotisme… le tout avec malice, colère ou tendresse. L’art, “garantie de santé mentale”, lui permettant de transformer ses démons en alliés.

Sa notoriété se mesure aussi à la hauteur de ses prix, dont l’indice grimpait de 307% entre 2004 et janvier 2009. Ses enchères millionnaires se sont considérablement accélérées sur cette période : en 2006, seule une sculpture atteignait le million de dollars, puis trois en 2007 et enfin six en 2008. Le marché, moribond en 2009, fut privé de ces enchères si animées. La crise vidait le second marché des pièces les plus chères. Cependant, la vigueur des enchères 2009 témoignait de l’intérêt indéfectible des collectionneurs. Ils s’arrachaient notamment Portrait le 25 juin 2009, au triple de l’estimation basse. Cette poupée bleue évoquant une petite déesse de la fécondité est perchée dans une cellule de verre renvoyant au thème obsessionnel et ambivalent de la maison. L’adjudicataire s’est battu jusqu’à 330 000£ (544 000$) pour l’emporter.

Les collectionneurs vouent une attention particulière à ses araignées, figures métaphoriques et protectrices de la mère tisserande. En 2006, Christie’s adjugeait une Spider en bronze de plus de deux mètres pour 3,6m$ (2,8m€). Une araignée géante similaire avait fait l’objet d’une transaction un an plus tôt chez l’auctioneer concurrent. Elle se vendait alors 900 000$ de moins (Sotheby’s NY). L’enchère record de Louise Bourgeois est détenue par une autre araignée cédée 2,55m€ le 27 mai (4m$) chez Christie’s Paris.

Les dessins changent de mains entre 10 000 et 60 000$ en moyenne. De petits formats ou des fusains académiques des années 30 sont accessibles entre 8 000 et 9 500$. Le jour de sa disparition, Christie’s vendait à Paris un dessin calligraphique sur le Désir : le désir est mon ami. Il est couleur du ciel et de tes yeux, t’attend et puis j’entends tes pas et puis ta voix (14 500€).

Ses nombreuses estampes (49% de ses transactions) s’échangent entre 1 000 et 6 000$ en moyenne. Le 2 mai 2010 à Cannes, la lithographie Feuille représentant deux branches rouges réunies dans un cercle partait pour 800 € (56/146 ex.)