Louise Bourgeois – L’art comme rédemption

[08/11/2007]

 

Son œuvre est fêtée à la Tate Modern de Londres jusqu’au 20 janvier 2008, avant une escale au Centre Pompidou de Paris du 5 mars au 2 juin 2008, et la poursuite de l’exposition aux Etats-Unis.

Louise bourgeois est l’une des doyennes de l’art contemporain. A 96 ans, elle continue son travail introspectif et cathartique, avec des œuvres explorant les relations humaines, leurs souffrances et leurs frustrations.

Fernand Léger, enseignant de la jeune femme lors de son passage à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, eut la bonne intuition de lui conseiller une orientation sculpturale. Elle excelle dans le genre depuis trois générations utilisant bois, marbre, bronze, caoutchouc, tissu ou assemblage de matériaux hétérogènes.
Très prisées, ses œuvres en trois dimensions peuvent atteindre plus de trois millions de dollars, comme l’araignée (Spider), un bronze monumental dispersé pour 3,6 millions de dollars chez Christie’s en 2006. Cette araignée géante, numérotée sur 6 exemplaires, changeait de main pour un million de dollars de moins un an plus tôt chez l’auctioneer concurrent ( 2,7 millions de dollars, Sotheby’s NY).
Bien qu’aucune œuvre n’ait culminé a de tels sommets depuis, trois sculptures furent adjugées pour plus d’un million de dollars chacune lors des ventes de mai 2007, prouvant une appréciation de plus en plus dynamique de l’artiste. En effet, ces trois adjudications millionnaires furent signées en deux jours (les 15 et 16 mai, Sotheby’s et Christie’s NY), tandis qu’il aura fallu quatre années pour décrocher les trois précédentes (entre 2002 et 2006).

L’engouement est tel que même de petites pièces s’échangent désormais difficilement pour moins de 15 000 euros. Citons pour exemple, Eye, une sculpture de 10 centimètres en aluminium éditée à 25 exemplaires, qui fit grimper les enchères à 11 000 livres sterling (21 600 dollars) lors d’une vacation chez Sotheby’s Olympia Londres en février 2007. En 2000, cette même pièce était accessible pour 8 000 dollars (Phillips NY, novembre 2000).

Pour multiplier les chances d’acquérir un travail sculptural en-deça de 15 000 euros, l’amateur doit s’informer sur des ventes plus confidentielles que celles orchestrées par les mastodontes Christie’s, Sotheby’s ou Phillips. Quelques pièces sont en effet dispersées en Europe comme Give or take II (ed. 30), une pièce inquiétante semblant pourvue de griffes animales qui ne rencontrait pas son public chez Villa Grisebach (Berlin) en décembre 2006 malgré une estimation basse de 10 000 euros. En 2002 pourtant, la même œuvre trouva preneur pour 12 000 livres sterling, soit plus de 19 000 euros chez Sotheby’s Londres… et l’indice des prix de l’artiste affichait une progression de plus de 30% entre ces deux ventes.

Quant aux dessins, ils s’échangeaient entre 10 000 et 60 000 dollars en moyenne avant septembre 2007, mais leur cote pourrait s’envoler. En effet, en septembre dernier, une Femme maison, travail mêlant encre et gouache sur une feuille de 31,1×23,5 cm, décupla son estimation haute pour un coup de marteau à 300 000 dollars (Christie’s NY) ! L’ouverture annoncée de la rétrospective tout juste un mois après ce coup de marteau ne fut sans doute pas étrangère à tant d’effervescence : aucune œuvre sur papier de Louise Bourgeois n’avait atteint le seuil des 100 000 dollars avant cette vacation !

Tout l’œuvre de Louise BOURGEOIS n’est cependant pas inabordable ! Elle produit un grand nombre d’estampes qui représentent 47% du nombre de ses transactions et s’échangent entre 1 000 et 3 000 dollars en moyenne.