Des ventes surréalistes

La tendance du marché est claire : MAGRITTE (1898-1967)  est, actuellement, le Surréaliste parmi les surréalistes. L’artiste Belge a un succès fou, enchaîne les records depuis trois ans, et sort d’une année historique avec plus de 128m$ œuvres vendues aux enchères au cours de l’année 2019. Christie’s en a fait la signature phare de sa vente surréaliste du 5 février, en présentant sept de ses œuvres (sur 24 lots), la plupart étant pressenties pour rafler des résultats multi-millionnaires. L’intégralité des sept tableaux vendus ce mercredi récolte plus de 39m$, soit plus de 68% du chiffre d’affaire de cette vacation The Art of the Surreal.

L’œuvre phare – A la rencontre du plaisir – était mise en vente pour la première fois de son histoire. Cette toile, acquise directement auprès de Magritte et restée dans cette même famille durant 50 ans, combine les éléments phares du langage magrittien, notamment la lune et l’homme au chapeau melon. Pour Olivier Camu, vice-président du département Impressionist and Modern Art de Christie’s, « c’est probablement l’œuvre du peintre la plus réaliste et la plus saisissante en termes de poésie avec laquelle j’ai eu l’honneur de travailler ».

Estimée entre 10 et 15m$, elle remporte l’enchère la plus élevée de la soirée à 24,6m$, frôlant de peu le record absolu de 26,8m$ atteint pour Magritte en 2018 (Le principe du plaisir, Sotheby’s New York). Parmi les autres chefs-d’œuvre de l’artiste deux tableaux doublent leurs fourchettes d’estimations: Le somnambule parti à 2,2m$, soit un million de plus que l’estimation haute, et Le roman populaire adjugé à 1,5m$ (900 000$ – 1,3m$).

Autre artiste vedette de la session, Max ERNST (1891-1976) était bien représenté avec cinq œuvres. Ses plus belles adjudications récompensent Tâches de soleil à 227 600$ (estimée 91 000$ – 130 000$) et Jeune homme traversant une rivière… à 701 000$ (estimée 390 000$ – 520 00$), tandis que Paysage-effet d’attouchement ne dépasse pas son estimation haute à 3,2m$ pour une première mise en vente.

Les deux œuvres de Salvador DALI se sont bien vendues, mais sans excès : Bateau à voiles dans la baie de Port Lligat dans son estimation moyenne à 2,3m$, et Ballerine en tête de mort à 764 000$ (391 800$ – 653000$). La seule œuvre de Francis PICABIA, Ligustri, remporte 4,2m$, ce qui la classe dans Top 10 des plus belles adjudications de l’artiste.

L’ensemble des œuvres surréalistes vendues par Christie’s rapporte quelques 57m$, un résultat identique à celui de 2019, avec également sept œuvres de Magritte et cinq de Ernst à la vente (CA: 46,8m$ en 2018).

Peu de surréalistes chez Sotheby’s

Sotheby’s n’a pas opté pour la même stratégie, mixant les genres dans un même catalogue… Si elle n’a pas accordé un véritable focus aux surréalistes, une session dans la session, c’est tout simplement parce qu’elle ne disposait pas de suffisamment de matière. Les œuvres prestigieuses de ce type sont de plus en plus difficiles à trouver et Sotheby’s n’en avait que huit à proposer, contre 24 chez sa concurrente. Les surréalistes Yves Tanguy, Kay Sage, Oscar Dominguez, Julio Gonzales, Max Ernst, Joan Miro et Pyke Koch étaient donc inclus au catalogue général Impressionist, Modern, Surrealist & Contemporary Art. Parmi les 10 œuvres surréalistes inclues à la vente, seules deux dépassent le million: Personnages et oiseau devant le soleil de Joan MIRO passe l’estimation haute à 3,1m$ et Sous les oliviers de Francis PICABIA est adjugée dans la fourchette d’estimation à 2,3m$. Une autre œuvre de Miro, Groupe de personnages, reste invendue.

Magritte et Miro au Top

René MAGRITTE est au top des classements surréalistes, avec sept des dix meilleurs résultats 2019. “Le principe du plaisir” qui tient la 3ème place au classement des meilleures œuvres surréalistes vendues, a excédé de plus de 10 m$ son estimation basse l’an dernier, contre 74 000$ offerts pour cette œuvre il y a 40 ans. Les prix flambent : 100$ investis sur ses œuvres il y a 20 ans valent aujourd’hui 379$ en moyenne, soit une croissance positive de +279 %. Un succès qui se répercute dans les classements mondiaux, l’artiste Belge étant 11ème mondial (toutes époques et catégories confondues) selon ses adjudications cumulées en 2019.

Joan MIRO, figure également parmi les artistes internationaux les mieux cotés du marché. 36ème au classement mondial, il détient toujours le record absolu pour une œuvre du mouvement avec Peinture (Etoile Bleue) de 1927 adjugée à 36,9m$ depuis 2012 (Sotheby’s, Londres). Ce record inégalé montre que, mis à part Miro, peu d’artistes surréalistes arrivent à passer la barre fatidique des 20m$. L’engouement international pour son œuvre est loin de s’essouffler, puisque pas moins de 32 de ses œuvres sont proposées dans les salles de ventes du monde entier, sur le seul mois de février.

Loin derrière ces deux géants, Dali, Ernst et Picabia sont toujours parmi les surréalistes les mieux vendus ces 10 dernières années.

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