Londres, résultats impressionnistes et modernes

[12/02/2013]

 

Mardi 5 février 2013, à Londres, Sotheby’s misait gros avec sa vente d’art impressionniste et moderne et réalisait un résultat exceptionnel avec 92 m£ (144,7 m$) et un taux d’invendus particulièrement bas de 15 %. C’est le deuxième plus haut résultat pour une vente impressionniste et moderne.

Sur les 40 lots haut de gamme proposés, le fleuron de la vente était un portrait de Marie-Thérèse Walter, la muse la plus importante de Pablo PICASSO qu’il acheva de peindre en 1932. Sotheby’s avait particulièrement soigné le marketing de cette œuvre sur laquelle elle s’était engagée par un prix garanti auprès du vendeur. Le cinquième meilleur résultat des recettes de cette vente impressionniste et moderne reposait sur la bonne adjudication de la Femme assise près d’une fenêtre, une œuvre non signée, que Picasso se réservait à titre personnel et ne souhaitait pas vendre. L’anecdote est importante, elle ajoute du sel à l’histoire d’une toile déjà mythique. Sotheby’s a emporté son pari, frappant le marteau à 25,5 m£, soit 40 m$.

TOP 3 de la vente Sotheby’s
Pablo Picasso, Femme assise près d’une fenêtre, 1932 : adjugée 25,5 m£ (40 m$), légèrement au-dessus de son estimation basse. L’année 1932, pendant laquelle l’artiste donnait les dernières touches à la Femme assise près d’une fenêtre, est une année clef dans l’œuvre de Picasso. C’est non seulement l’année où sa muse, Marie-Thérèse Walter, s’épanouit pour occuper une place prépondérante parmi les muses, mais c’est aussi l’année de la première rétrospective au monde de l’artiste (au Kunsthaus de Zürich). Dans le Top 10 des enchères records attribuées à Picasso, quatre œuvres datent de 1932 : Nude, Green Leaves and Bust (record mondial de l’artiste : 95 m$, 4 mai 2010, Christie’s New York), le Rêve (44 m$, 10 novembre 1997, Christie’s New York), Nu au fauteuil noir (41 m$, 9 novembre 1999, Christie’s New York) et Femme assise près d’une fenêtre.

Claude Monet, Nymphéas avec reflets de hautes herbes, 1914-1917 : adjugée 8 m£ (9,2 m$), soit 4 m£ en dessous de son estimation basse. Ce type d’œuvre a doublé en valeur depuis le début des années 1990. Les Nymphéas de Claude MONET sont les œuvres les plus chères de l’artiste et se vendent en priorité à Londres et à New York. Le record mondial du genre, signé en 2008, culmine à 71,8 m$ (Le Bassin aux nymphéas, 1919, Christie’s Londres, 24 juin 2008).

Claude Monet, Le Givre à Giverny, 1885 : adjugée 7,8 m£, soit 1,8 m£ au-dessus de l’estimation haute. « Giverny » a un effet tout aussi stimulant pour les enchères de Monet que le mot « Nymphéas ». Ce petit format (54 cm x 71 cm) s’est vendu cher, très cher avec son adjudication équivalente à 12,2 m$. Il y a seulement trois ans, une œuvre plus grande et plus aboutie se payait 13,5 m$ à New York (Effet de printemps à Giverny, 1890, 60 cm x 100 cm, 5 mai 2010, Sotheby’s).

Parmi les merveilles du 5 février, Sotheby’s proposait quatre dessins d’Egon SCHIELE, tous vendus, dont Liebespaar (Selbstdarstellung mit Wally), 1914-1915, adjugée 7 m£ (11 m$), se situant dans sa fourchette d’estimation, qui signait le nouveau record attendu pour une œuvre de l’artiste sur papier.

Christie’s le 6 février
Le lendemain, c’était au tour de Christie’s de défendre ses chefs-d’œuvre impressionnistes et modernes. Le résultat de cette vacation 86 m£ (135,6 m$) est bien en deçà de celui de sa rivale mais la société de vente a très bien vendu Jeanne Hébuterne (Au chapeau), œuvre d’Amedeo MODIGLIANI datée de 1919.

TOP 3 de la vente Christie’s
Amedeo Modigliani, Jeanne Hébuterne (Au chapeau), 1919 : pourquoi l’adjudication à 24 m£ de cette œuvre est-elle une très belle vente ? Parce qu’elle valait 14,6 m£ en 2006 (soit 27 m$, vente Sotheby’s Londres du 19 juin). Son prix équivaut désormais à 37,7 m$ hors frais, ce qui fait d’elle la seconde peinture de Modigliani la plus chère au monde. Les chefs-d’œuvre de l’artiste sont devenus si rares aux enchères qu’il est difficile d’anticiper un résultat à quelques millions près, dès lors qu’une œuvre majeure se présente.

Pierre-Auguste Renoir, L’ombrelle, 1878 : adjugée 8,6 m£ (13,5 m$). Le sujet est typique des plus prisés de Pierre-Auguste RENOIR avec une Parisienne élégante aux accessoires à la mode de l’époque, assise dans un jardin printanier prétexte à l’artiste pour faire vibrer ses touches dans les passages d’ombre et de lumière. L’œuvre n’est pas très grande pour un tel résultat (61,9 cm x 50,8 cm) mais pour les amateurs, tout Renoir est résumé dans ce petit tableau.

Pablo Picasso, Nu accroupi, 1960 : adjugée 6,5 m£ (10,2 m$). Quand on pense que ce Nu accroupi ne trouvait personne prêt à débourser 2 ou 2,5 m$ en 1998… Quinze ans plus tard, la plus-value est de 8 m$ pour cette œuvre mélancolique, ce nu halluciné de Jacqueline, qui vient de passer douze années dans une collection privée américaine. C’est ici la plus belle adjudication pour une toile de Picasso de 1960.