Londres & New York : les lots phares sont annoncés

[20/09/2022]

Les prochaines grandes sessions de prestige se tiendront en octobre. Depuis quelques jours, les sociétés de ventes aux enchères commencent à lever le voile sur leurs lots phares, pour aiguiser l’appétit des collectionneurs.

Les catalogues complets ne sont pas encore disponibles en ligne mais les maisons de ventes aux enchères distillent quelques indices sur la tenue des prochaines ventes d’art impressionniste, moderne et contemporain de Londres et de New York, moment toujours très attendu, qui donne le La de la rentrée, la température sur la reprise du Marché haut de gamme après l’été. Voici les premières dates et signatures à retenir.

 

12 octobre : un Foujita majeur chez Bonhams

Nu Assis (Jacqueline Barsotti-Goddard) est un tableau exceptionnel de Tsuguharu FOUJITA (1886-1968) sur plusieurs plans : par la grâce incomparable de Jacqueline Barsotti-Goddard, qui fut aussi muse et modèle de Picasso, Matisse et Giacometti ; par ses dimensions (c.65 x 100 cm) qui en font l’une des plus grandes œuvres jamais commercialisée de la série des Nus de Foujita; par sa provenance exceptionnelle et sa réapparition sur le marché après un laps de 100 ans, puisque l’oeuvre fait partie de la même collection privée depuis 1929…

Présentée en avant-première à Taipei, Hong Kong et Paris avant de revenir à Londres pour sa vente le 12 octobre, ce lot phare de la vente d’art impressionniste et moderne de Bonhams est proposé dans une fourchette d’estimation comprise entre 900 000$ et 1,4m$. Les plus beaux Nus de l’artiste peuvent aller bien plus haut : jusqu’à 5m$ pour un Nu Au Chat (1930) d’un mètre-soixante vendu en 2016 chez Sotheby’s Hong Kong.

Tsugouharu Foujita, Nu Assis (Jacqueline Barsotti-Goddard)

 

13 Octobre : Christie’s et Bonhams

Christie’s combine son calendrier avec l’ouverture de la prochaine Frieze Londres (12-16 octobre), en organisant une belle vente d’art des 20e et 21e siècles le 13 octobre. La session sera menée par une toile de David HOCKNEY (1937)Early Morning, Sainte-Maxime (1969) – une étude décrite comme ‘magistrale’ dans son traitement de la lumière, qui pourrait dépasser les 10m$. Rappelons que David Hockney signait l’un des plus beaux coups de marteau au début de l’année, avec la vente, pour 18,8m$ de Garrowby Hill (2017), chez Sotheby’s Londres en mars dernier. Achetée à la Pace Gallery de New York en 2018, ce superbe paysage vallonné était resté seulement trois ans dans la même collection avant d’être revendu aux enchères. Par contre, l’œuvre présentée par Christie’s le 13 octobre n’était pas apparue aux enchères depuis plus de 30 ans.

Cette vente promet quelques artistes majeurs de l’après-guerre et des grands peintres contemporains très en demande : de Yayoi Kusama à Kim Tschang-Yeul, de Rashid Johnson à Stanley Whitney, de Dana Schutz à Christina Quarles. La forte sélection d’art britannique de la vente est complétée par des pièces européennes, notamment des œuvres de Lucio Fontana, Luc Tuymans, Martial Raysse et A. R. Penck.

La journée du 13 octobre sera dense puisque Bonhams organise aussi une vente importante d’art d’après-guerre et contemporain. Un mois avant l’ouverture de cette session, les premiers artistes annoncés sont : Damien Hirst, Glenn Brown, Georg Baselitz, Banksy, Aboudia et Caroline Walker, dans un très large spectre de prix allant de moins de 6 000$ à plus de 750 000$.

 

14 octobre : art contemporain chez Sotheby’s

À l’heure où nous écrivons ces lignes, un seul lot est mis en exergue par Sotheby’s pour sa grande vente d’art contemporain prévue le 14 octobre. Il s’agit de 192 Farben de Gerhard RICHTER (1932), une huile sur toile de deux mètres sur un mètre cinquante, faisant partie des “Nuanciers”, ou “échantillons de couleurs”, de l’artiste. Celui-ci a été exécuté en 1966 et son titre indique qu’il est composé de 192 couleurs. C’est l’époque où Gerhard Richter traite la couleur en modules autonomes pour structurer le tableau en une vaste grille figée.

Les belles toiles de cette série sont généralement les trésors des grands musées publics et privés : celui de Beaubourg, celui de la fondation Louis Vuitton, du musée de Philadelphie, ou du MoMA, par exemple. Des œuvres prestigieuses donc, historiques dans la carrière de Richter, l’un des 10 artistes les plus performants du monde des enchères, selon le classement provisoire d’Artprice pour 2022. L’œuvre est donc attendue à un prix fort : au moins 15m$ selon l’estimation fournie par Sotheby’s, mais elle pourrait dépasser le seuil des 20 millions, d’autant que les œuvres de cette série sont plutôt rares en salles des ventes. Le record actuel de Richter affiche toujours 46m$ aux enchères, depuis la vente de Abstraktes bild (1986) en février 2015, par Sotheby’s à Londres.

 

Evolution de Richter au classement mondial selon son produit de ventes aux enchères annuel (Copyright Artprice.com)

 

21 octobre : deux oeuvres de Renoir chez Christie’s New York

Deux œuvres de Pierre-Auguste RENOIR (1841-1919), acquises aux enchères en 1995, et demeurées au sein de la collection de Ann & Gordon Getty depuis, sont les lots phares de la vente du 21 octobre de Christie’s. La place Pigalle (étude) (1880, image ci-contre), une scène parisienne typique de la fin du 19e siècle, traitée avec une grande vivacité et un cadrage audacieux, évoque l’instantané photographique. Partie pour une adjudication de 633 000$ en juin 1995 chez Christie’s Londres sous le titre La Place Clichy, l’œuvre conserve sa valeur d’il y a 30 ans selon l’estimation fournie par Christie’s : entre 500 000$ et 700 000$.

Le deuxième lot de Renoir est un pastel : Jeune fille (L’Eté). Une quinzaine d’années après sa réalisation, Jeune fille (L’Eté) fut acquise par la célèbre Galerie Durand-Ruel à Paris. Au cours des décennies suivantes, cette feuille substantielle passa entre les mains de plusieurs marchands et collectionneurs légendaires de l’impressionnisme, dont Julis Oehme et Huge Reisinger de New York et la Galerie Bernheim-Jeune de Paris. En 1917, le pastel est acheté par Rose Duhamel Vildrac, épouse du poète et dramaturge français Charles Vildrac. Près de quatre-vingts ans plus tard, Ann et Gordon Getty ont intégré cette œuvre dans leur collection, en l’achetant pour 950 000$ au marteau de Sotheby’s Londres, sous le titre Femme au chapeau de paille (c.1880). Aujourd’hui, le délicat dessin est attendu dans cette même gamme de prix : entre 700 000$ et 1 million de dollars.