Londres. Le compte à rebours commence

[13/02/2018]

Un Baiser de Rodin, un bouquet de fleurs de Braque, une prairie de Claude Monet… les premières grandes ventes de l’année se préparent à Londres.

Cette année, Sotheby’s laisse la politesse à Christie’s pour ouvrir les enchères le 27 février 2018, avec un premier volet réservé aux maîtres impressionnistes et modernes, suivi d’un catalogue spécifiquement consacré au mouvement surréaliste. Même programme chez Sotheby’s le lendemain. Les deux concurrentes adoptent le même rythme d’une journée découpée en deux temps, avec bon nombre de signatures communes à leurs catalogues respectifs. Deux semaines avant l’ouverture du bal des enchères, voici quelques morceaux choisis.

Picasso

 Pablo PICASSO (1881-1973) règne en maître chez les deux auctionneers : il fait la couverture des deux catalogues. Et pour cause, le mythe Picasso est toujours garant de succès. Du côté de Christie’s, l’oeuvre la plus attendue s’intitule Mousquetaire et nu assis (1967). Proposée dans une fourchette d’estimation de 16 à24m$, elle s’est vendue 13,3m$ en 2007 à un collectionneur privé européen (Christie’s).

Chez Sotheby’s le lendemain, un portrait de Marie-Therèse Walter s’impose assurément comme le lot phare de cette saison. Pas moins de 16 pages lui sont consacrées au catalogue. L’estimation de cette puissante toile de 1937, jamais parue aux enchères jusqu’à présent, est pour l’heure tenue secrète. Un résultat à huit chiffres est évidemment attendu.

Picasso et Londres : les œuvres les plus importantes de Picasso sont souvent vendues à New York mais Londres reste la seconde place de marché phare pour cet artiste majeur, avec 34% du volume d’affaires sur les 10 dernières années.

Picasso au top : en mai 2015, à New York, un coup de marteau résonne comme un coup de tonnerre. Plus de 179 m$ sont déboursés pour Femmes d’Alger (Version ‘O’). Cette version compte parmi 15 variations réalisées sur ce thème par l’artiste. L’œuvre devenait à l’époque la plus chère jamais achetée aux enchères. Elle avait déjà fait l’objet d’une transaction en salles par le passé, en 1997, ou elle coutait alors 32 m$. Son prix fut révisé de 147 millions en moins de 20 ans.

Edgar Degas

Edgar DEGAS (1834-1917) est toujours trop rare en pastel… La composition audacieuse du dessin Dans les coulisses, devrait grimper à plus de 10 millions chez Christie’s (estimation entre 11 et 16 m$), ce qui représenterait une belle plus-value compte tenue de sa précédente adjudication équivalente à 4,23m$ le 27 novembre 1997 à Paris (chez Ferri-Beaussant-Lefèvre à Drouot Montaigne).

Degas et Londres : Londres se dispute la première place avec New York pour le marché de l’artiste. En 10 ans, l’Angleterre a généré plus de 47% du produit de ventes de l’artiste, contre 4% en France.

Degas au top : L’oeuvre la plus chère de Degas jamais vendue aux enchères est une Danseuse au repos à la gouache et au pastel réalisée vers 1879. Le corps déséquilibré et comme en suspend de la ballerine fait de ce dessin de 64 centimètres son œuvre la plus célèbre aux enchères. Vendue pour 25,3m$ en juin 1999 (Sotheby’s), elle grimpait à 37m$ en novembre 2008 (Sotheby’s), un record toujours d’actualité.

Kandinsky

La période est propice pour revendre des toiles du père de l’abstraction, compte-tenu des nouveaux records d’enchères enregistrés l’année dernière. Le lot 44 de Christie’s présente, le 27 février, une étude de paysage aux couleurs vives attendue entre 4 et 6,7m$. Vierge d’enchère, cette toile en provenance d’une collection privée allemande est restée dans la même famille depuis les années 1960. Elle n’est pas inconnue du public pour autant, ayant été sélectionnée à plusieurs reprises pour des expositions en Autriche, en Allemagne et en Suisse.

Kandinsky et Londres : Londres est la place de marché la plus performante pour la vente d’oeuvres de Wassily KANDINSKY (1866-1944). C’est là que se joue la moitié du volume d’affaires de l’artiste, contre 44% aux Etats-Unis.

Kandinsky au top : le record absolu de Kandinsky remonte à quelques mois seulement. Il fut obtenu le 21 juin 2017 chez Sotheby’s pour un chef-d’oeuvre de 1913 intitulé Peinture avec des lignes blanches (Bild mit weissen linien). La toile s’est envolée pour 42,2 m$ quelques minutes seulement après la vente d’une toile aux accents fauves de l’artiste, intitulée Murnaü. Paysage avec maison verte, cédée plus de 26,8 m$

Magritte

René MAGRITTE (1898-1967) est la signature star des sessions Surréalistes de février. Pas moins de sept toiles sont annoncées chez Christie’s contre six chez Sotheby’s. Cette manne d’oeuvres répond au dynamisme actuel, car l’année 2017 a été la plus importante de l’histoire des enchères de Magritte (77,8m$ de résultat de ventes annuel). Pas moins de trois nouveaux records ayant été enregistré au cours de l’année dernière, les propriétaires d’oeuvres de Magritte ont conscience que c’est le bon moment pour vendre, au meilleur prix.

Magritte et Londres : 59 % du chiffre d’affaires de l’artiste provient de l’activité des ventes à Londres, contre 34% aux Etats-Unis et 5% en France. C’est à Londres que l’offre et la demande se rencontrent le mieux.

Magritte au top : trois nouveaux records d’enchères ont honoré l’oeuvre du surréaliste Belge en 2017. Tout d’abord à Londres en février, puis à deux reprises à New York, en novembre. Le record absolu est désormais détenu par une toile de la série L’empire des lumières (1949), vendue 20,5m$ le 13 novembre 2017 chez Christie’s.

 

Dali, Delvaux, Giacometti, Derain, Picabia, Chagall et Fernand Léger constituent aussi la sève de ces ventes qui donneront, en ce début d’année, la tendance générale sur les secteurs de l’art impressionniste, moderne et surréaliste.