Les ventes impressionnistes et modernes sont ouvertes !

[26/02/2019]

Direction Londres pour l’ouverture attendue des premières grandes ventes impressionnistes et modernes de l’année. Quelques trésors attendent les grands marchands et collectionneurs…

Le marteau commence à tomber aujourd’hui même, ce 26 février 2019, avec deux sessions de ventes du côté de Sotheby’s : la première dédiée aux grands impressionnistes et modernes avec notamment des œuvres de Monet, Schiele, Kirchner, Giacometti, Picasso et Chagall ; la seconde réservée aux Surréalistes. Christie’s prend le relai les deux jours suivants (les 27 et 28 février) et se démarque avec un ensemble d’oeuvres majeures toutes issues d’une collection privée demeurée très confidentielle, la « plus importante collection privée d’art impressionniste et moderne apparu à Londres depuis une décennie » à en croire la plus puissante société de ventes du monde. Bien au fait de la demande du marché, les deux sociétés mises sur les valeurs sûres du moment, notamment sur Claude Monet et René Magritte.

Claude Monet fait la couverture
Les deux société de ventes mettent chacune une œuvre de Claude MONET (1840-1926) en couverture de catalogue. Et pour cause, monstre sacré de l’Histoire de l’Art, le père de l’Impressionniste est aussi l’artiste le plus performant du Marché mondial après Pablo Picasso. L’an dernier, la vente de 36 de ses œuvres a généré près de 357 m$, dont un nouveau record à 84,7 m$ obtenu pour des Nymphéas en fleur en mai (1916-1919) chez Christie’s New York. Pas d’étonnement donc à ce que des Nymphéas fasse la couverture du catalogue de la vente Christie’s du 27 février. C’est une valeur sûre d’une absolue modernité qui déclenche les plus vives enchères. L’oeuvre en question est de dimension plus importante encore que la toile aux Nymphéas vendue en mai 2018 : le lot phare mesure près de deux mètres de haut sur 180 cm de large, et représente un saule pleureur devant le fameux bassin aux nymphéas. Si l’estimation de ce chef-d’oeuvre n’est pas dévoilée, son résultat pourrait compter parmi les meilleurs de l’artiste en cette période clef, moins d’un an après son nouveau record.
La toile phare proposée par Sotheby’s est une vue du Palais ducal réalisé par Monet lors de son premier voyage à Venise en 1908. L’artiste n’a pu qu’être conquis par la Sérénissime qu’il décrit comme trop belle pour être peinte. Il l’a peindra pourtant pendant trois mois, tant elle concentre les sujets premiers de l’artiste : reflets du ciel dans l’eau et variations infinies de la lumière. Monet amorce 37 toiles durant son séjour vénitien et les achève dans son atelier à Giverny entre 1911 et 1912. Trois œuvres seulement célèbre le Palais Ducal et celle offerte par Sotheby’s, restée dans la même collection depuis 1925, est attendue entre 20 et 30 m£.

Ces vacations impressionnistes et modernes de prestige présentent peu d’oeuvres (14 chez Sotheby’s et 23 chez Christie’s) toutes de qualité muséale. Les ventes dédiées aux artistes surréalistes répondent aux mêmes critères de qualité avec une sélection un peu plus étoffée de 10 œuvres chez Sotheby’s contre 34 chez sa concurrente. La star incontestable de ces ventes est cette fois René Magritte, pour qui sont attendues les meilleures adjudications.

Miser sur Magritte
Parmi les 34 œuvres surréalistes proposées, pas moins de 11 sont de la main de René MAGRITTE (1898-1967), surréaliste le plus prisé du moment dont, rappelons-le, le record a plus que doublé en 10 ans. Le nouveau sommet pour une œuvre de Magritte s’est en effet établi il y a trois mois à 26,8 m$ pour Le principe du plaisir, une toile de 1937 dont Sotheby’s attendait, au mieux, 20 m$ (vente du 12 novembre 2018 à New York). Preuve d’une demande réelle et motivée : sept collectionneurs différents ont enchéri sur ce tableau, dont le prix affichait 74 000 $ il y a 40 ans. Pour répondre à la demande, les sociétés de vente mise en priorité sur cet artiste, avec quatre œuvres au catalogue de Sotheby’s dont L’Etoile du matin, curieux Janus représentant d’un côté un indien paré d’une coiffe à plumes, et le visage de la femme de l’artiste de l’autre côté. Cette œuvre, préservée dans la même collection depuis 1939, est estimée entre 3,5 et 4,5 m£ (soit 4,4 à 5,6 m$).

Parmi les sept œuvres de Magritte annoncées chez Christie’s, certaines sont particulièrement attrayantes, notamment Le Lieu Commun (100 x 81 cm), qui challenge la représentation d’une façon toute magrittienne incluant son célèbre bourgeois au chapeau-melon. Le suspens est maintenu jusqu’à l’ouverture des enchères car l’estimation n’est pas rendue publique. Les six autres œuvres affichent par contre leurs fourchettes de prix, dont Composition on a Sea Shore annoncée entre 2,5 et 3,8 m$ alors qu’elle se payait 1,29 m$ en 2008. Le prix des belles toiles de Magritte a en effet doublé en 10 ans. Une embellie qui induit parfois à surestimer certaines pièces. Ce fut le cas pour Le monde poétique, un sujet difficile représentant un nerf optique qui serpente et pointe son globe oculaire sur le spectateur. L’oeuvre n’a pas séduit en novembre dernier dans une estimation trop gourmande de 3 à 5 m$ (11 novembre 2018, Christie’s New York). Elle est présentée cette fois avec une estimation révisée à la baisse : 1,9 à 3,2 m$, ce qui resterait une bonne affaire pour son propriétaire actuel, qui l’a payait 142 600 $ en juin 1995, déjà chez Christie’ s à Londres.