Les ventes impressionnistes et modernes : les tendances

[24/06/2013]

 

Quel est le bilan des cessions impressionnistes et modernes londoniennes des 18 et 19 juin ? Honorable, si on s’arrête sur les taux d’invendus oscillant entre 16 % et 18 %. Ce bilan est également témoin d’une demande globale si on s’attarde sur la nationalité des enchérisseurs issus de plus de 30 pays et enfin, contextuel si on regarde les provenances d’œuvres (notamment quelques-unes des meilleures) issues de la famille Nahmad, inquiétée par la justice américaine depuis trois mois et surtout célèbre pour la richesse de son stock qui est l’un des plus importants au monde.

Quant aux recettes générées durant ces deux soirées, elles s’inscrivent certes dans les attentes de Christie’s et Sotheby’s mais elles s’avèrent relativement médiocres au regard des résultats des années précédentes. Ces cessions de juin nous avaient en effet habitués, ces dernières années, à un produit de ventes oscillant entre 207 m£ et 246 m£. Cette fois il culmine à 173,9 m£ (frais inclus).
Pour mémoire, les dernières ventes d’art contemporain fin mai 2013 rapportaient allègrement deux fois plus (691,7 m$ soit 447,7 m£). On assiste par ailleurs à un nivellement des prix entre les grandes signatures contemporaines et modernes. Ainsi, une enveloppe de 20 m$ permet aussi bien d’acquérir une sculpture bleue d’Yves KLEIN (Sculpture Eponge Bleue Sans Titre, 19,5 m$ hors frais) qu’une Composition de Wassily KANDINSKY.

Kandinsky était l’une des signatures les plus attendues de ces ventes de juin, avec Studie zu Improvisation 3, une technique mixte d’environ 60 cm (44,7 cm x 64,7 cm) dont le prix s’est vu révisé de 4 m$ entre 2008 et 2013 (frais inclus).

Kandinsky : 1909, l’année clef
La période 1908-1915 constitue une époque charnière dans l’histoire de l’art occidental, époque que recherchent en priorité les amateurs d’un art abstrait historique, et donc les amateurs de Kandinsky. Après son périple européen qui l’amena à découvrir les avant-gardistes tels que Paul Cézanne, Pablo Picasso et Henri Matisse dans les années 1906-1907, Wassily Kandinsky entame une période de maturation picturale et de théorie qui débouche, en 1910, sur son fameux livre Du spirituel dans l’art. Cette année-là serait aussi la date d’une aquarelle de l’artiste qui fut longtemps considérée comme la première œuvre abstraite, même si certains historiens soupçonnent l’artiste de l’avoir antidatée.
Le record actuel de Kandinsky récompense une toile de 1909, Studie für Improvisation 8, adjugée 20,5 m$ en novembre 2012 chez Christie’s (7 novembre 2012, 23 m$ frais inclus). Forte de ce nouveau record à l’automne dernier, la même maison de ventes a proposé le 18 juin 2013 une œuvre de la même année, Studie zu Improvisation 3, déjà vendue 15 m$ en 2008 et adjugée cette fois pour l’équivalent de 18,8 m$ (soit 21,21 m$ frais inclus).

L’œuvre affichait l’une des provenances les plus reconnues du marché avec celle de la famille Nahmad, qui mettait par ailleurs le Palais Contarini de Monet en vente le lendemain chez Sotheby’s. C’est aussi grâce à cette dernière « collection » que Sotheby’s a emporté haut la main son plus beau pari du 19 juin : vendre l’huile sur toile de 1908 intitulée Le Palais Contarini de Claude MONET (73 cm x 92 cm) dans son estimation. L’œuvre avait été acquise chez Christie’s en 1996 par la famille Nahmad, à hauteur de 4 m$ avec frais. Son prix en 2013 équivaut, frais inclus, à 30,8 m$… Soit une progression de +650 % du prix de l’œuvre en 16 ans (prix marteau : 17,5 m£). La seule vente de ce Monet représente 28 % du chiffre d’affaires de Sotheby’s ce 19 juin à Londres.

Les 20 et 21 juin, les deux leaders du marché donnaient leurs ventes de journée sur le même thème, affichant des signatures de l’histoire de l’art toujours aussi importantes mais avec des oeuvres moins haut de gamme. Sur ce type de vacations, la gamme de prix s’étend en moyenne entre 5 000 £ et 500 000 £. Ces ventes de jour offraient notamment l’opportunité d’accéder à un dessin au crayon d’Alberto GIACOMETTI pour seulement 13 750 £, environ 21 000 $ (Nu debout sur socle, 1955), tandis qu’en 2006, le maître avait passé le seuil du million de dollars pour un dessin (plus important certes : Femme debout/Groupe de personnages, c.1946, 1,4 m$ au marteau de Christie’s, 9 mai 2006).