Les ventes d’art Après Guerre et Contemporain: ce qu’il faut savoir.

[02/05/2012]

 

Les ventes du soir d’art d’après guerre et d’art contemporain ont lieu les 7 et 8 mai chez Christie’s et Sotheby’s

Avec près de 663 m$ attendus, atteindra-t-on un record pour des ventes d’art contemporain et d’après guerre ?

En novembre 2007, Christie’s et Sotheby’s réalisaient lors de leurs ventes d’art d’après-guerre et contemporain du soir un total de 565m$. Cette année, les deux maisons de ventes attendent au minimum 474m$, c’est 60m$ de plus que l’estimation haute en 2007. Avec une estimation haute avoisinant les 663m$, ces deux vacations pourraient réaliser le meilleur chiffre d’affaire combiné pour des ventes du soir d’après-guerre et contemporain. Mieux encore, Christie’s attend jusqu’à 351 m$, ce qui, si ce score se réalise, serait sa plus belle vente d’art contemporain et d’après-guerre. La plus belle vente de cette catégorie pour Sotheby’s culmine a 225 m$ depuis novembre 2007, avec une fourchette d’estimation entre 221 et 331 m$, Sotheby’s devrait facilement dépasser le score établi en 2007.

Warhol fait place à Richter.

Comme Pablo PICASSO pour les ventes d’art moderne et impressionniste, Andy WARHOL était l’artiste le plus recherché lors des dernières sessions de ventes (en mai 2011, 15 œuvres de l’artiste Pop Art passaient en vente). Cette année cependant, c’est l’artiste allemand Gerhard RICHTER qui sera le plus représenté avec 9 œuvres proposées. D’ailleurs seules 6 œuvres d’Andy Warhol seront en vente cette année.
Fort de 6 œuvres vendues au dessus de 10 m$ depuis Octobre 2011, Gerhard Richter s’impose donc comme une valeur sûre pour les maisons de ventes qui veulent profiter de cet engouement et de cette forte demande (seulement 20% d’invendus depuis Octobre 2011 sur les œuvres de Richter). Les deux maisons de ventes s’attendent à réaliser sur ces 9 œuvres, entre 54 et 74m$ en deux jours, soit plus que le produit des ventes de l’artiste pour les années 2009 et 2010 combinées.
Autre artiste bien représenté lors des deux ventes du soir : Hugo NAUMANN lui aussi représenté avec 9 œuvres pour une estimation totale entre 25 et 35 m$, un chiffre supérieur à son produit de vente annuel moyen.

Quels records attendre ?

64 artistes seront présentés aux enchères. Parmi eux, les deux maisons de ventes s’attendent à 19 nouveaux records d’artistes, dont celui attendu pour Yves KLEIN. L’œuvre Untitled Monogold est en effet estimée à 40 m$ alors que le record de l’artiste culmine à peine à 21 m$, pour MG9 adjugée il y a 4 ans. On attend aussi des records pour Roy LICHTENSTEIN dont l’oeuvre The Sleeping Girl pourrait atteindre 40m$, un peu plus que “I Can See the Whole Room!…and There’s Nobody in it!” vendue en novembre dernier pour 38,5 m$. Cy Twombly est décédé l’année dernière, et la rareté de ses œuvres devrait continuer de faire grimper sa cote. En effet, ses deux plus beaux résultats furent frappés en 2011 (Untitled (1967) vendue 13,5 m$ et Untitled (2006) vendue 8 m$), l’oeuvre Untitled (New York City) (1970) est proposée le 9 mai au soir chez Sotheby’s entre 15 et 20m$. Plus surprenant encore, 4 œuvres présentent des estimations largement au double des records d’artiste. Dont l’œuvre Number 28, de Jackson POLLOCK, estimée 30m$ alors que son plus beau coup de marteau ne dépasse pas 10,4 m$. Ou l’œuvre Onement V de Barnett NEWMAN, estimée 15 m$ alors que le plus beau résultat de l’artiste, frappé pour l’œuvre Untitled (1969), se situe à 4,6m$. Avec 9 œuvres présentées, Calder est une star attendue de ces vacations, et son record (5,6 m$ pour l’œuvre Red Curlicue) pourrait être battu non pas une seule fois, mais bien deux fois avec les lots Lily Of Force, estimé 12 m$, et La Rouge de Sache, estimé 6m$.

Et au milieu de ces records, quel sera le plus beau coup de marteau ?

L’oeuvre Double Elvis de Andy WARHOL est estimée entre 30 et 50 m$ et devrait réaliser chez Sotheby’s le 9 mai au soir le plus beau résultat de la semaine, à moins que ce ne soit l’œuvre Orange, Red, Yellow de Mark ROTHKO, estimée entre 35 et 45 m$, mais l’artiste n’a pas dépassé les 35m$ depuis 2008. Une autre œuvre pourrait aussi bien créer la surprise : Figure writing reflected in mirror, estimée entre 30 et 40m$, de Edith Luise Mary KING, qui lui aussi n’a pas dépassé les 40m$ depuis 2008.

De belles plus-values attendues.

Si vous pouviez retourner dans le temps pour investir sur les œuvres mises en ventes lors de ces deux soirées, voici ce qu’il aurait fallu acheter à l’époque :
L’œuvre de Lichtenstein Brushtroke, achetée en 1978 pour 10 500 $, est estimée aujourd’hui entre 800 000 et 1,2 m$, et du même artiste, l’œuvre Sailboats achetée pour 1,25m$ en 1998 se revendrait entre 6 et 8 m$ en 2012. L’œuvre Seestuck de Gerhard Richter, vendue 417 000 $ en 1993 est évaluée entre 10 et 15 m$ aujourd’hui. Vous auriez pu investir 400 000 $ en 1999 pour le Ring de Jean-Michel BASQUIAT et aujourd’hui en espérer entre 4 et 6 m$. Avec la même somme (400 000 $) en 1989, vous auriez pu acheter un Willem DE KOONINGUntitled que vous pouvez espérer revendre entre 4 et 6 m$ à New York cette semaine.

Et sinon ?

Jeff KOONS et Damien HIRST : les deux artistes phares pour ce type de ventes ne sont représentés que par deux œuvres, respectivement estimée au maximum à 1,2 m$ et 1,5 m$. Pas de record en vue pour ceux qui dominaient à coup d’enchères multimillionnaires les années 2006/2008.
Alors que la Chine domine le marché de l’art contemporain, un seul artiste chinois est proposé à la vente, et sans surprise il s’agit d’AI Weiwei, bien plus populaire en occident que dans son pays (79% de son produit des ventes est réalisé hors de la Chine).

Comme d’habitude, ces ventes serviront de baromètre pour les mois à venir, et leurs succès confirmeront la bonne santé du marché de l’art haut de gamme, jusqu’ici imperméable aux aléas économiques du monde (le prix des œuvres d’art haut de gamme, supérieur à 100 00 $ a progressé de 30% depuis janvier 2009).