Les plus belles adjudications de la rentrée

[27/10/2016]

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine, il révèle les dix meilleures adjudications emportées depuis la rentrée de septembre 2016, en balayant l’ensemble du marché mondial.

Quelles oeuvre ont été le mieux plébiscitées aux enchères ces deux derniers mois ? Où la géographie du marché de l’art porte-t-elle aujourd’hui les adjudications les plus puissantes ? Le classement est clair, excluant New York et Paris, au profit de Londres (six résultats) et de Hong Kong (quatre résultats).

Les plus belles adjudications de la rentrée
Rang Artiste Adjudication Œuvre Vente
1 CUI Ruzhuo (1944) 18 252 239 $ Lotus in the Autumn Wind (秋風搖翠) 03/10/2016 Poly Auction Hong Kong HONG KONG
2 WU Guanzhong (1919-2010) 13 689 179 $ A Lotus Pond (荷塘) 03/10/2016 Poly Auction Hong Kong HONG KONG
3 Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988) 13 411 211 $ “Hannibal” 07/10/2016 Sotheby’s LONDRES
4 Gerhard RICHTER (1932) 12 984 693 $ Garten 07/10/2016 Sotheby’s LONDRES
5 Adrian GHENIE (1977) 9 054 022 $ Nickelodeon 06/10/2016 Christie’s LONDRES
6 SAN Yu (1901-1966) 7 605 099 $ Pink Nude on Floral Sheet (碎花毯上的粉紅裸女) 03/10/2016 Poly Auction Hong Kong HONG KONG
7 Peter DOIG (1959) 7 439 953 $ “Grasshopper” 07/10/2016 Sotheby’s LONDRES
8 Jean DUBUFFET (1901-1985) 6 204 438 $ Visiteur au chapeau bleu (Visitor with Blue Hat) 04/10/2016 Christie’s LONDRES
9 Andy WARHOL (1928-1987) 6 062 791 $ 20 Pink Mao’s 05/10/2016 Phillips LONDRES
10 ZAO Wou-Ki (1921-2013) 6 017 051 $ Paysage dans la lune 02/10/2016 Sotheby’s HONG KONG
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L’absence de New York tient au calendrier, car les grandes ventes de prestige commencent mi- novembre dans la Grosse Pomme. A Londres par contre, de grandes vacations d’art d’après-guerre et contemporain ont été organisées par Christie’s, Sotheby’s et Phillips en marge de la Frieze Art Fair, privilégiant des valeurs sûres : Dubuffet, Warhol, Basquiat, Richter et les nouvelles stars de la peinture contemporaine que sont Peter Doig et Adrian Ghenie, pour les résultats compris entre 6m$ et 13,4m$.

Côté occidental, l’oeuvre la plus « ancienne » du classement est le Visiteur au chapeau bleu (1955) d’un Dubuffet au sommet de sa cote. Les récents salons parisiens (Fiac et Art Elysées) faisait la part belle à l’artiste, ses œuvres ornant de nombreux stands… et pour cause, Dubuffet est aujourd’hui 26ème dans le classement mondial des artistes les plus performants aux enchères. Il a gagné 34 places au classement, notamment grâce à la vente de Paris Polka pour 24,8 m$, chez Christie’s, le 11 mai 2015. Avec la vente de cette œuvre majeure l’an dernier, son record absolu gagnait plus de 17 millions… et pour cause : le fondateur de La Compagnie de l’art brut (en 1948) est revenu en force ces derniers mois dans l’actualité culturelle, avec une grande exposition à la Fondation Beyeler en Suisse en début d’année (Jean Dubuffet. Métamorphoses du paysage, 31 janvier-8 mai 2016) puis avec un ensemble exceptionnel d’œuvres actuellement exposées au LaM (Jean des villes, Jean des champs, jusqu’au 8 janvier 2017). Seul artiste français du classement, Jean Dubuffet témoigne à lui seul du succès grandissant de toute une tendance du marché actuel : celle de la valorisation et de l’ancrage dans l’histoire de l’art des «outsiders » aujourd’hui rattrapés par le marché.

Au cœur d’un marché crispé depuis quelques mois, notre classement révèle une autre grande tendance positive, avec des signaux forts en provenance du marché chinois.

La Chine est dans la course

Après une période de forte contraction de son marché, la Chine prouve qu’elle a de puissantes ressources pour soutenir ses artistes, les grandes signatures du XXème siècle en particulier. Depuis le début de l’année, le marché chinois porte aux nues des signatures déjà ancrés dans le paysage culturel, des artistes nés avant 1945 et estimés mûrs pour le marché, plutôt que de jeunes recrues susceptibles de subir les affres d’élans spéculatifs. Et le marché frappe fort, très fort, notamment chez Poly Auction à Hong Kong, la troisième société de ventes mondiale. Si l’offre en Chine continentale a perdu de son attractivité internationale après l’envolée des prix de l’art contemporain chinois dans les années 2006-2009, elle est en train de se consolider sur de nouvelles bases et de nouvelles propositions artistiques, en faisant preuve d’une véritable maturité.

Après une forte contraction du marché haut de gamme, où le nombre d’enchères millionnaires tombait de 286 sur le premier semestre à 170 sur le premier semestre 2015, la Chine enregistre le meilleur résultat mondial de la rentrée, avec les 18,2m$ payés pour Lotus in the Autumn Wind, une œuvre de Ruzhuo Cui achevée l’année même de sa mise aux enchères, en 2016.

L’ambitieux Cui Ruzhuo est né à Pékin en 1944, a étudié en Chine et aux Etats-Unis, puis a enseigné à l’Académie Nationale Chinoise des Arts. Ce contemporain érudit, par ailleurs grand collectionneur d’objets liés à sa culture, séduit les grands acheteurs chinois en renouvelant l’art du dessin à l’encre. Depuis l’année dernière, il fait partie des artistes vivants les plus cotés au monde, étoffant son palmarès de résultats de plus en plus spectaculaires. Car les 18,2m$ de son Lotus in the Autumn Wind ne constituent pas son meilleur score… six mois avant cette enchère, un record absolu fut signé à Hong Kong à hauteur de 39,5m$ (The Grand Snowing Mountains, le 4 avril 2016 chez Poly Auction). Les riches collections Chinois se l’arrachent, pour faire de lui un artiste plus coté encore que Pablo Picasso, dans le domaine du dessin.

Par ailleurs, un nouveau facteur de développement du marché chinois est en route avec l’épanouissement de l’achat d’oeuvres par Internet. Avec l’aide de “Yidian China”, Beijing Poly International Auction Company s’est mise aux ventes publiques en ligne, ce qui a aussi stimulé les ventes publiques physiques. La Chine revient dans la course, en privilégiant ses artistes compatriotes. Les résultats de New York attendus en novembre nous en dirons plus sur l’avancée d’une compétition réactivée entre la Chine et l’Occident…