Les photographes de mode

[12/11/2006]

 

Pour l’ouverture du salon Paris Photo, sous le marteau de Maître Thierry de Maigret, une vente publique entièrement consacrée aux différentes facettes de la photographie de mode se tiendra à Drouot le 16 novembre.

Mode et photographie forment une alliance commerciale et créative depuis le début du XXeme siècle. La photographie de mode est rapidement diffusée via des revues telles que Vogue ou Harper’s Bazaar et flirte déjà avec l’art lorsque, par exemple, MAN RAY utilisait des mises en scènes surréalistes pour honorer ses commandes commerciales. Les connivences entre l’art, la mode et la publicité sont vieilles d’un siècle et, depuis les années 1980, une véritable fusion entre les deux univers s’est imposée. Certains photographes de mode ont su créer des univers esthétiques forts. Leurs clichés ont désormais pénétré les galeries et les musées.

Les photographes de mode sont en vogue. A titre d’exemple, citons la progression spectaculaire de la cote d’Helmut NEWTON : +100 % depuis 2000. Détesté par certains, adulé par d’autres, l’artiste, qui magnifiait le nu féminin, affiche un record à 150 000 £, soit plus de 220 000 € pour Big Nude III, Paris ! (200 x 120 cm, Christie’s Londres, le 01 nov. 2005). Newton demeure le plus célèbre et le mieux coté de ce marché avec 90% des transactions réalisées par les maisons de ventes anglo-saxonnes.Nombre de photographes contemporains prennent des libertés avec leurs sujets si bien que le produit à vendre et les « people » à immortaliser deviennent prétexte à d’étranges mises en scènes, décalées et insolentes. Les spécialistes de ces univers fictifs sont Inez VAN LAMSWEERDE, David LACHAPELLE, Guy BOURDIN ou Jean-Baptiste MONDINO. Au-delà des commandes purement commerciales, ils réalisent des épreuves au « format-tableau » de plus d’un mètre de côté qui cotent entre 10 000 et 15 000 € pour les signatures d’Inez Van Lamsweerde et de David La Chapelle. Suite à une demande croissante des collectionneurs pour les photographies monumentales, de grands formats de David La Chapelle sont apparus en ventes publiques en 2005. Son univers baroque déclenche la surenchère tel que le 19 juin 2006 pour Say it with Diamonds qui a triplé son estimation pour décrocher 18 000 £ (26 368 € chez Sotheby’s Olympia, Londres). Des clichés de formats classiques (entre 20 et 60 cm de côté) du même artiste, de Van Lamsweerde et de Patrick DEMARCHELIER, demeurent accessibles entre 1 000 et 2 000 € en moyenne.

Les top modèles les plus prisés et autres célèbres personnages déclenchent le feu des enchères à l’instar du cliché de Peter LINDBERGH titré Cindy Crawford, Tatjana Patitz, Helena Christensen, Linda.… qui a doublé son estimation le 17 mai dernier pour partir à 17 000 £ (24 963 €, chez Christie’s Londres), tandis que d’autres épreuves sont accessibles pour moins de 5 000 € comme Joaquin Cortès, Vogue Italy, El Pais qui ne trouvait pas preneur malgré une estimation à 3 500 € le 30 avr. 2005 (chez Lempertz, Köln).De même, un tirage vintage de Cecil BEATON, Fashion Shot for Vogue, réalisé vers 1945 trouvait preneur pour 700 € le 31 mai 2006 chez Bassenge à Berlin, tandis qu’il fallait compter 32 000 € (46 570 €) pour trois portraits de Francis Bacon dispersés chez Christie’s-South-Kensington à Londres le 10 févr. 2006 !

Bénéficiant de l’engouement de ces 5 dernières années pour la photographie de mode, Jean-Baptiste MONDINO a fait une entrée timide dans la maison de ventes Briest à Paris en 2001 : sa première œuvre présentée le 23 juin était un Autoportrait de grand format (90 x 60 cm) et un tirage unique : il fut enlevé pour 2 100 Frs, soit 320 €. Le marché de Mondino est encore balbutiant (seules 3 photos ont été proposé jusqu’à présent) mais sa notoriété en tant qu’artiste photographe pourrait atteindre celle de ses talents de réalisateur. Abordables encore, les clichés de Bourdin adjugés entre 1 000 et 6 000 € en moyenne ou ceux de Karl LAGERFELD, autour de 500 €.

De grands photographes se sont également prêtés à l’exercice de la photographie de mode dont Irving PENN et Richard AVEDON. Certains clichés d’Avedon atteignent des sommets comme Stephanie Seymour, Model, New York City partie pour 220 000 $, soit plus de 180 000 € le 10 oct. 2005 chez Christie’s NY. Cependant, la photographie de mode est parfois une occasion unique d’acquérir une grande signature pour une modeste somme. En effet, des retirages de Penn et Avedon sont accessibles autour de 5 000 €, tels que Penelope Tree, Suit by Ungaro, Paris, photo prise par Avedon en 1968 dont le tirage de 1981 décrochait 6 000 $ (4 786 €) dans la même maison de ventes.

Au delà de ces artistes au rayonnement international, le 16 novembre, Maître Thierry de Maigret va proposer aux amateurs une incroyable sélection de pièces de photographes de mode qui seront présentés pour la première fois en ventes publiques. Parmi les nouveaux venus dans le monde des enchères, notons Bensimon Gilles, Canino Patricia, Carly Jean-François, Demarquest Thierry, Dou Oleg, Gizolme Thomas, Gayte Pierre, Imbert Frédéric, Jacquot Bertrand, Meneguzzo Toni, Niedermair Brigitte, Pavesi Manuela, Vivier Camille, Wenig Ralph, Zambaldi Paolo, Zimmermann Gilles. Une grande majorité de leur clichés seront mis en vente entre 1000 et 2000 €.