Les peintures anciennes

[21/11/2005]

 

Le mois de décembre est traditionnellement le plus fourni en peinture ancienne. 3000 lots ont été proposés l’an dernier sur les 3 semaines qui précèdent Noël. Les prix sur ce segment sont en progression de 26% au cours des douze derniers mois, mais d’à peine 36% sur dix ans. Parallèlement, calculé à partir des adjudications en euros, l’Artprice Global Index, toutes époques confondues, affiche une hausse de 85% depuis novembre 1995. La peinture ancienne est ainsi l’un des segments du marché de l’art les moins spéculatifs. Par contre il est idéal pour les collectionneurs les plus averses au risque. Avec un volume d’échanges contracté (5,7% des enchères de Fine Art), les prix ne sont pas enclins à baisser.

Enchères à coup de million à Londres

A Londres, du 7 au 9 décembre, Sotheby’s et Christie’s vont orchestrer les plus importantes vacations, avec de nombreux lots susceptibles de dépasser le million d’euros comme une importante peinture de Aelbert CUYP (1620-1691) : Lanscape with a Hunt and a Portrait of a Youth with his Tutor sera proposée pour 1 – 1,5 millions de £ chez Sothebys’ le 7 décembre prochain. Le lendemain, chez Christie’s, TIZIANO VECELLIO (1485/89-1576), dit Titien, sera la star de la soirée. Son Portrait of a Lady and her Daughter, une toile redécouverte suite à une longue restauration, pourrait trouver preneur pour 5 millions de £ chez Christie’s. Après la mort du maître, l’œuvre avait été retravaillée par un de ses élèves en une représentation plus commerciale : Tobias and the Angel. Toujours chez Christie’s, une large toile de Peter Paul RUBENS (1577-1640), The Hunt of Meleager and Atalanta est estimée 2 – 3 millions de £.

Avec “Le Massacre des Innocents”, Peter Paul RUBENS détient le record pour une toile ancienne : 45 millions de £ le 10 juillet 2002 chez Sotheby’s Londres. Originellement identifié comme celle de la main d’un artiste moins réputé, Jan van den Hoecke, ce tableau fut enfin placé sous le pinceau de Peter Paul RUBENS et les collectionneurs se l’arrachèrent. Cette fabuleuse enchère fit suite à une progression des prix de 411% entre 1997 et 2002. Mais depuis, la cote du maître flamand a plongé de 48%. Plus globalement, la cote des artistes des Ecoles du Nord du 17e siècle a baisse de 12,1% au cours des 3 dernières années.
Le second record pour une œuvre ancienne revient à une peinture de la renaissance italienne.> Portrait of Duke Cosimo I de’Medici par Jacopo da Carucci PONTORMO (1494-1556/57) s’est vendue 35,2 millions de $ en mai 1989. Cette année, la troisième place a été décrochée par un autre italien, Antonio Canal CANALETTO (1697-1768). Venice, View of the Grand Canal a atteint au téléphone 18 600 000 £ le 7 juillet dernier chez Sotheby’s. Cette vue du Grand Canal était à l’origine propriété de Sir Robert Walpole, premier ministre d’Angleterre, qui l’avait mise aux enchères en 1751. La cote de l’artiste vénitien est en hausse de 30% depuis le début de l’année.

A Paris, les prix sont plus raisonnables

En France, en Italie et en Allemagne, de nombreuses maisons de ventes vont aussi proposer un large choix de pièces anciennes. Mais les gammes de prix sont bien inférieures à celles des prestigieuses ventes Old Masters de Sotheby’s et Christie’s Londres. Quatre ventes de tableaux anciens sont particulièrement attendues à Paris : celle de Tajan le 12/13 décembre, celles d’Artucrial et de Rossini le 13 et enfin Piasa clôture cette série le 16 décembre.

Compte tenu de la forte diversité de la qualité des pièces proposées, les toiles anciennes ont parfois du mal à se vendre sur Paris. Entre les pièces difficilement attribuables et celles mal conservées, le tri est sévère. Sur les 1066 tableaux anciens présentés en France entre janvier et novembre, seuls 565 ont trouvé preneur. Cela représente un taux d’invendus de 47%, alors que toutes époques confondues, le taux d’invendus aux enchères est traditionnellement de 35-37%.
Malgré tout, quand une œuvre de qualité se présente, les enchères atteignent parfois le million d’euros. La palme revient cette année à La Danse des Noce, une huile sur panneau de Pieter BRUEGHEL II (c.1564-1637/38 ), dit Brueghel d’Enfer. Le marteau est tombé à 1,3 millions d’euros chez Tajan le 21 juin dernier pour une estimation haute de 1 million d’euros. Trois jours plus tard, chez Piasa, un autre panneau du même artiste s’est envolé à 650 000 € pour une estimation de 150 000 – 200 000 €. Au total sur les 10 premiers mois de l’année, 18 toiles anciennes sont parties pour plus de 100 000 €, soit 3,2% des transactions. 41% des tableaux anciens ont été dispersés pour plus de 10 000 € et 85% au delà de 2 000 €.
Pour moins de 2 000 €, l’amateur trouve essentiellement des petites œuvres dont l’attribution n’est pas garantie. Souvent, faute de garantie sur l’auteur de la pièce, les adjudications peuvent être fort éloignées des estimations. Ainsi, une Vierge à l’Enfant et un ange attribuée à Jacques BLANCHARD (1600-1638) n’a trouvé preneur qu’à 1 500 € pour une estimation de 3 000 – 4 000 € chez Lucien (Paris) le 21 juillet dernier. Même sort pour Allégorie de la Justice, une très grande toile attribuée à Adriaen Van NIEULANDT I (1587-1658) : l’œuvre originellement proposée pour 4 000 – 6 000 € n’a été acquise que 1 700 € au Crédit Municipal de Paris le 7 avril.
Mais les œuvres attribuées, peuvent aussi réserver de bonnes surprises si les enchérisseurs estiment que l’œuvre est réellement de la main de l’artiste. Ainsi, en mars 2002, Un Portrait de Gentilhomme en Buste attribué à Alessandro LONGHI (1733-1813) et estimé 6 000 € chez Tajan s’est arraché 300 000 € !