Les Nouveaux Réalistes – Six records en six mois

[14/07/2008]

 

De leur vivant, plusieurs Nouveaux Réalistes se firent connaître Outre-Atlantique. Leur participation à l’émulation artistique new-yorkaise entre les années 60 et 80 explique en partie leur succès sous les coups de marteau anglo-saxons. Pierre Restany, critique d’art voyageur et polyglotte à l’origine de la formation du mouvement travaillait à leur promotion américaine ; Niki de Saint Phalle, franco-américaine se rendait fréquemment sur place, Jean Tinguely s’illustrait par un happening tapageur au MOMA en 1960, un Hommage à New-York dont l’apothéose arriva avec le fracas de son autodestruction. L’année suivante Arman exposait pour la première fois à New-York, tandis que Leo Castelli, marchand de Warhol, Lichtenstein et Rauschenberg, ouvrait sa galerie à Yves Klein.

Yves KLEIN, aurait eu 80 ans cette année. Mort précocement en 1962 d’une crise cardiaque, sa production sur une brève décennie a suffi a faire de lui le plus coté des Nouveaux Réalistes.
L’artiste privilégia trois couleurs aux valeurs symboliques fortes : le bleu, voie vers l’immatériel ; l’or, accès à l’absolu et le rose, évocation charnelle. Jusqu’en mai dernier, les œuvres d’un bleu intense, réalisées avec un pigment breveté sous le nom de IKB pour International Klein Blue, étaient les plus disputées en salles. L’IKB permis à Klein d’entrer dans le panthéon des artistes aux enchères millionnaires en 1989 avec Ikb 86 adjugée l’équivalent de 1,49 million de dollars à Londres. Parmi les 29 enchères millionnaires qui suivirent, 26 furent emportées par des œuvres bleues. Le règne du bleu a pourtant pris fin le 14 mai dernier, lors de la dispersion de la collection Helga & Walter Lauffs par Sotheby’s comprenant la fameuse trilogie monochromatique en trois lots, dont une œuvre dorée. Cette peinture Monogold explosa, en un coup de marteau, le produit de ventes annuel 2007 de Klein qui s’élevait à 16,5 millions de dollars. Intitulée MG 9 et réalisée peu avant son décès en 1962, elle décrochait l’enchère spectaculaire et inattendue de 21 millions de dollars, contre une fourchette d’estimation de 6 millions à 8 millions de dollars ! Non seulement le sommet de MG 9 est un record absolu pour un artiste contemporain français mais encore, il surpasse quelques stars de l’art américain telles Lichtenstein, Rauschenberg, Wesselmann ou Basquiat !

Le 14 mai toujours, le marteau tombait à 15,5 millions de dollars pour IKB 1, un monochrome bleu de dimensions similaires à MG 9, puis à 4,2 millions de dollars pour le Monopink MP 13. Ces trois coups de marteau dégagèrent donc 40,7 millions de dollars… c’est mieux que son chiffre d’affaires cumulé des quatre années précédentes (de 2004 à 2007) ! Et ce n’est pas fini : au début du mois de juillet à Londres, Sotheby’s enregistrait son record pour une sculpture, avec l’éponge imprégnée d’IKB (SE 262) adjugée l’équivalent de 2,7 millions de dollars. Des œuvres similaires étaient adjugées l’équivalent de 37 500 dollars en 1986 (Se 207, Sotheby’s Londres) et 370 000 dollars en 2001 (Se 194, Sotheby’s NY).Les résultats spectaculaires de Klein contribuent largement au formidable bond en avant du Nouveau Réalisme dont l’indice des prix a progressé de +308% en moins de 10 ans.

Entre janvier et début juillet 2008, outre les deux records de Klein, quatre sont encore à signaler chez les Nouveaux Réalistes : le tableau-piège Eaten by Marcel Duchamp de Daniel SPOERRI vendu 110 000 euros le 29 janvier chez Artcurial, l’affiche lacérée Quai des Célestins de Jacques VILLEGLÉ adjugée 120 000 euros lors de la même vacation, le premier coup de marteau millionnaire de Martial RAYSSE avec Snack, partie pour 1,02 million de livres sterling le 1er juillet chez Sotheby’s Londres ou fut aussi enregistré le plus beau score de Jean TINGUELY avec Métamatic N°7 frappée 920 000 livres sterling.