Les modernes dominent le marché de l’estampe

[17/03/2003]

 

L’estampe et les multiples ouvrent la voie vers la démocratisation du marché. En 2002, la moitié des estampes ont été adjugées moins de 1000 euros. Ce segment représente désormais 18% du nombre d’œuvres d’art vendues en 2002 contre 15% en 2001. Ce volume de transactions est à l’origine de seulement 2,6% du chiffre d’affaires total.

Aux enchères, les maisons Christie’s, Sotheby’s, et bien d’autres multiplient les ventes dédiées aux estampes. Souvent elles y mettent en avant les courants modernes et impressionnistes. Mais c’est dans l’art moderne que l’on trouve aujourd’hui encore les artistes les plus productifs en estampes. Picasso, Chagall et Miro sont ceux dont on retrouve le plus d’estampes aux enchères. En 2002, il s’en est vendu plus de 500 pour chacun d’eux. Même Andy Warhol est moins représenté (367 estampes adjugées en 2002).

Ce sont les œuvres de ces artistes modernes qui font aussi les plus hauts prix aux enchères. En 2002, la moitié des estampes adjugées plus de 100 000 dollars étaient le fruit de leur travail. Ainsi, en 2002, la plus forte enchère est détenue par Picasso, figure de proue de l’art moderne, avec Le repas frugal (1904), une gravure de 1904 : 614 000 dollars chez Christie’s Londres, le 3 juillet 2002. Il est ensuite suivi par un postimpressionniste, Henri de Toulouse Lautrec dont La grande loge a été mise en vente par deux fois l’année dernière. Les fauves sont aussi représentés dans les 10 premières enchères d’estampes de l’année grâce à Paul Gauguin (Les misères humaines, adjugé 258 000 dollars). Degas est le premier impressionniste de notre liste…
Certains grands maîtres de l’impressionnisme ont délaissé ce médium pour se consacrer à la couleur de la palette. Monet, Sisley, Caillebotte, Boudin, Berthe Morisot ou Guillaumin n’ont quasiment pas exploité cette technique. A l’inverse, Renoir a beaucoup produit de gravures. En 2002, pas moins de 116 estampes de l’artiste ont été vendues. Face à cette offre abondante, la demande est peu soutenue et les prix tendent à baisser. Depuis 1997, les estampes de Renoir ont chuté de 11%. Dans leur globalité les estampes impressionnistes ont perdu 9% de leur valeur sur la même période.

Il faut dire que l’estampe a été l’un des médiums les moins rentables en 2002. Toutes périodes confondues, l’Artprice Index de l’estampe n’a augmenté que de 3,3%, contre 4,3% pour l’Artprice Global Index (toutes disciplines confondues). Par contre, même si les estampes des cubistes et des surréalistes n’ont pas été source de profit, en 2002 celles des fauves et des Nabis ont par contre été particulièrement rémunératrices en 2002. Alors qu’ils dominent le marché en volume, les modernes apparaissent cependant peu attrayants comme investissement. Dans le domaine du multiple, productivité des artistes et rentabilité ne font pas bon ménage dans cette période de forte sélectivité de la part des acheteurs.

Les 20 premiers artistes en fonction du nombre d’estampes vendues aux enchères en 2002

rang

Artiste

Nombre d’estampes vendues

Chiffre d’affaires

1

Pablo PICASSO

871

$5 837 732

2

Marc CHAGALL

576

$3 999 749

3

Joan MIRO

507

$1 896 904

4

Andy WARHOL

367

$4 733 954

5

REMBRANDT

309

$1 613 240

6

Salvador DALI

305

$438 429

7

Louis ICART

228

$263 020

8

Albrecht DÜRER

198

$967 704

9

Horst JANSSEN

174

$52 041

10

Helmut A. P. GRIESHABER

172

$117 292

11

Antoni TAPIES

168

$141 626

12

Georges BRAQUE

163

$432 021

13

Käthe KOLLWITZ

163

$289 839

14

Henri MATISSE

155

$1 563 960

15

Lovis CORINTH

147

$136 653

16

Anders ZORN

143

$143 419

17

Giovanni Battista PIRANESI

129

$144 844

18

Friedensreich HUNDERTWASSER

126

$234 745

19

Henri de TOULOUSE-LAUTREC

125

$2 218 755

20

David HOCKNEY

123

$777 775

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