Les futuristes italiens ont-ils un avenir sur le marché ?

[26/03/2003]

 

Les pièces maîtresses de ce mouvement phare de l’art moderne italien ne peuvent quitter la péninsule. Même si l’Artprice Index prouve que les cotes des futuristes ont bien progressé depuis 1997, peu de collectionneurs peuvent espérer en profiter.

Avec le cubisme, l’expressionnisme et le surréalisme, le futurisme est l’un des mouvements majeurs de l’art moderne. Nombreuses sont les expositions, à l’instar de celle organisée à Vienne jusqu’au 29 juin 2003, qui en font l’éloge. Sur le marché pourtant, peu d’opportunités s’offrent aux acheteurs. Les ventes restent très localisées. 80% des transactions s’effectuent en Italie. Même New-York et Londres semblent démunies. Les plus belles pièces restent confinées dans les musées ou en mains italiennes depuis que la loi italienne de 1939 interdit l’exportation d’œuvres d’art de plus de 50 ans, à moins d’en demander l’autorisation à l’Etat, désireux de protéger son patrimoine. Les toiles majeures des fondateurs du mouvement, Giacomo BALLA, Gino SEVERINI, Umberto BOCCIONI ou Carlo CARRA n’ont guère quitté l’Italie avant l’application de cette mesure. Ainsi, seules 6 toiles d’Umberto Boccioni ont été mises en vente depuis 1991… et toutes ont été adjugées en Italie.
Malgré tout, quelques collections ont eu le temps de se réaliser à l’étranger. L’une des plus importantes d’entre elle, celle de Lydia Winston Malbin, fut dispersée le 16 mai 1990 par Sotheby’s New-York. Des pièces maîtresses de Giacomo BALLA, Gino SEVERINI ou Carlo CARRA furent adjugées. Ainsi, La scala degli addii (salutando) (c.1908) de Giacomo BALLA trouva ce jour-là un preneur pour 4 millions de dollars. Cette toile reste le record absolu décroché par une œuvre futuriste aux enchères. Les pièces exceptionnelles sont rarissimes en dehors du marché italien. A cause de ce texte de loi, la compétition est réduite dans les salles italiennes : les acheteurs n’ont donc pas nécessairement besoin de surenchérir pour acquérir les quelques pièces intéressantes qui passent sur le marché.

Avec de telles restrictions, moins d’une centaine d’œuvres d’artistes futuristes se sont vendues aux enchères en 2002, soit 20 fois moins que celles des cubistes. Ce nombre de transactions ne cesse de chuter. Il était quasiment deux fois plus important en 1999. Signe d’une qualité déclinante des lots mis en vente, le taux d’invendus est actuellement de 38,5% (contre seulement 20% en 1999). Malgré tout, soutenus quasi exclusivement par des acheteurs italiens, les prix ont progressé de 40% en 6 ans. Cette hausse pourrait être bien plus spectaculaire si le marché s’ouvrait aux collectionneurs étrangers.

Futuristes Italiens
Répartition par pays du volume de transactions(1999-2002)