Les feuilles anglaises couvrent le marché de records

[22/12/2003]

 

En Angleterre, le dessin est le médium idéal pour commencer une collection, d’autant que les spectaculaires hausses de prix dont font l’objet les mouvements artistiques nationaux sont d’abord le fruit des artistes les moins cotés.

Les probabilités de gains sont plus élevées dans les secteurs dont les prix des dessins et aquarelles restent encore peu élevés, les marges de progression étant naturellement plus grandes. Au Royaume-Uni, fief des aquarellistes, les plus belles hausses de prix concernent essentiellement des productions du 19e siècle. La plus remarquable revient aux dessins et aquarelles post-impressionnistes : +491% de hausse entre 1993 et 2003. Sur la même période, notons les très juteuses progressions des Préraphaélites 1848-1890 (+244%), des Portraitistes britanniques du 18ème siècle (+215%), des paysagistes anglais du 19ème siècle (+196%) ou encore des impressionnistes anglais (+158%). En 2003, la tendance haussière s’est maintenue pour tous ces segments. Mais pour chacun d’eux, les surprises ne sont plus l’apanage des plus grands noms.

Evolution des prix des dessins/aquarelles des principaux mouvements artistiques anglaisMouvements anglaisIndices des Prix
base 1993 = 100199820022003Post-impressionnisme anglais261493592Pré-Raphaélisme195213345Portrait anglais & “Conversation piece” XVIII119178316Paysage anglais XIX125154296Impresionnisme anglais138183259Art moderne anglais143226232Romantisme anglais (1760-1830)133133230Aquarelles anglaises (1760-1830)126168228Pop art anglais93272204Peintres anglais animaliers et sportifs XIX129206132

Toutes époques confondues, les prix les plus élevés restent détenus par l’impressionniste James Abbot McNeill WHISTLER. Sa cote est largement soutenue par le marché américain. Mais depuis son record à 540 000 dollars avec Green and silver, the Bright Sea, Dieppe, obtenus en novembre 2001 à New-York, son indice des prix ne cesse de baisser. Même sort pour Walter LANGLEY, le second aquarelliste impressionniste le plus coté. A l’inverse, des impressionnistes anglais moins élevés dans l’échelle des prix ont été très porteurs ces dernières années à l’image de Laura KNIGHT (dont l’indice des prix double en 2003) ou de Walter Richard SICKERT.
On retrouve les mêmes tendances chez les préraphaélites : les deux plus cotés, Dante Gabriel ROSSETTI et Edward Coley BURNE-JONES, se déprécient, alors que globalement, l’indice des prix des dessins/aquarelles du mouvement augmente de 61% en 2003. Parmi les plus belles performances des préraphaélites, notons le nouveau record de Marie STILLMAN (50 000 livres sterling pour The Childhood of Saint Cecily (1883), le 26 novembre 2003, chez Christie’s) ou celui de Francis Bernard DICKSEE (34 000 livres sterling pour Study for the Head of the damsel in Chivarly, en février 2003).

Dans le domaine du dessin et de l’aquarelle, notons les récents records de Joshua REYNOLDS (180 000 livres sterling pour Portrait of the artiste aged seventeen, chez Sotheby’s Londres en juin 2003), de Robert Polhill BEVAN (105 000 livres sterling pour The Horse Mart, Barbican (c.1920), le 6 juin 2003 chez Christie’s) ou encore de John CONSTABLE (180 000 livres sterling, Bow View of H.M.S victory in the Medway, le 19 mars 2003, chez Sotheby’s).
Mais la cote des feuilles de Constable est encore bien loin de celle de l’autre grand paysagiste anglais, Joseph Mallord William TURNER. Ses subtiles aquarelles dépassent souvent 200 000 livres sterling. En novembre 2003, Sudyof Sea and Sky off Margate atteignait 230 000 livres sterling chez Sotheby’s Londres.
Pour les portraitistes, le plus cher reste Thomas GAINSBOROUGH. Toutefois, les prix qu’il atteint déjà ont amputé ses progressions de prix, de sorte que sur 10 ans, ils n’ont augmenté que de 33%. Dans le domaine du dessin, fortes cotes et fortes plus-values ne font pas forcément bon ménage.