Les expositions de Christie’s et Sotheby’s

[23/07/2013]

 

À la rentrée, Christie’s et Sotheby’s se font écho à Londres, organisant à tour de rôle des expositions d’artistes anglais des années 1960 et s’alliant chacune avec un galeriste. Les ventes de gré à gré, qui se développent de plus en plus, sont l’occasion pour ces maisons de ventes de proposer des expositions de plus en plus curatées, avec commissaires d’exposition et catalogue de rigueur.

Sotheby’s ouvre, pour quelques jours seulement, en septembre The New Situation – Art in London in the Sixties, une exposition-vente privée annonçant 40 artistes (dont Hockney et Riley) qui ont bouleversé le Londres artistique des années 1960 avant de chambouler le reste du monde.
De son côté, Christie’s s’associe avec la galerie Waddington Custot pour l’exposition When Britain Went Pop ! qui se tiendra à Londres du 9 octobre au 24 novembre 2013. L’événement permet à Christie’s d’inaugurer son nouvel espace d’exposition au cœur de Mayfair avec un tour d’horizon des premières heures du Pop Art anglais. Les artistes sont des signatures phares telles que Richard HAMILTON, Peter BLAKE, Allen JONES, Patrick CAULFIELD ou encore David HOCKNEY.
Attrait majeur : les œuvres sont prêtées par de grands collectionneurs privés et certaines sont à vendre, de gré à gré.

Le choix des artistes exposés est aussi stratégique pour les sociétés de ventes et on constate que les artistes mis en avant sont de plus en plus demandés aux enchères : la cote de Peter Blake est par exemple en hausse de +569 % sur la décennie, celle de Allen Jones de +211 %, Bridget Riley de +183 %, Caulfield de +160 % et Hamilton de +124 %. Par ailleurs, les récents résultats en salles constituent autant de bons présages pour la réussite de ces ventes privées. Rappelons que le 13 février 2013, Christie’s enregistrait le même jour un nouveau record pour Allen Johns avec un ensemble de trois sculptures-meubles-anthropomorphiques vendu l’équivalent de 3,392 m$ (Hatstand/Hatstand /Table / Chair, adjugée 1,9 m£, Londres) et vendait une toile de David Hockney l’équivalent de 5,474 m$ (Great Pyramid at Giza with Broken Head from Thebes, adjudication de 3,1 m£).

Avant de découvrir les têtes d’affiche proposées par les deux mastodontes du marché, la galerie Sotheby’s de New Bond Street présente l’exposition Three generation (23 juillet – 9 août 2013), curatée par la Abu Dhabi Music & Arts Foundation (ADMAF). La maison de ventes est ainsi à l’origine de la première exposition londonienne centrée sur les artistes reconnus et émergents des Émirats Arabes Unis, avec 12 œuvres de 12 artistes, dont la plupart n’ont encore jamais affronté les enchères. Sotheby’s joue donc ici un rôle de défricheur comme le ferait une galerie d’art contemporain, en vue peut-être d’inclure prochainement ces artistes dans un catalogue de ventes à Londres ou à Doha. Ce type d’exposition est à suivre de près, notamment pour de jeunes talents encore méconnus et abordables sur le marché des enchères : le grand tirage photographique Eternal Love de Sumayyah AL-SUWAIDI (né en 1980) était abordable pour 2 500 $ en 2012 (Christie’s Dubaï, 18 avril 2012).
D’autres signatures confirmées sur la scène des Émirats reconstruisent leur cote suite aux déboires de la spéculation galopante qui faussa les prix en 2007-2008. L’artiste Najat MAKKI (1953) est un peintre illustrant parfaitement les excès du marché dubaïote en 2007, année où il décrochait 52 000 $ chez Christie’s pour sa toile What happens behind closed Doors, quintuplant alors son estimation. En avril 2012, cette même œuvre n’atteignait pas les 20 000 $ (adjugée 19 000 $, Christie’s Dubaï, 18 avril 2012).

Les expositions privées se diversifient car parallèlement au système des enchères, les ventes privées représentent un marché de plus en plus important pour les sociétés de ventes, avec des recettes en hausse constante. Sur les six premiers mois de l’année 2013, Christie’s annonce d’ailleurs une progression de 13 %, comparée aux résultats de l’an dernier sur la même période.