Les clichés new-yorkais – ventes de photographies

[13/04/2009]

 

Entre le 30 mars et le 2 avril 2009, Christie’s, Sotheby’s et Phillips de Pury & Company testaient la tenue du marché de la photographie à New-York.Le secteur s’est imposé comme l’un des plus rentables de la dernière décennie affichant plus de 100% de hausse entre janvier 1998 et janvier 2008 selon l’indice des prix calculé par Artprice.Plus de 11 600 clichés changeaient de mains en salles des ventes en 2008, générant un produit des ventes mondial de 158M$ (contre 171,4M$ en 2007 avec 9 420 lots). En janvier 2009, sous l’effet de la crise, l’indice des prix de la photographie retombait au niveau de 2004.

La plus belle enchère de ces quelques jours de vacation fut signée chez Sotheby’s pour une photographie représentant Lucia Moholy, première épouse de László MOHOLY-NAGY qui lui tirait le portrait en 1920. Adjugée 200 000$, elle compte parmi les 6 plus belles enchères de l’artiste. Cependant, sa rareté et sa qualité aurait pu l’emmener vers un nouveau record dans une période plus faste (l’estimation haute affichait d’ailleurs 300 000$). Chez Sotheby’s comme chez ses concurrents, rares furent les clichés adjugés au-delà des estimations. Christie’s y parvenait pour Herb RITTS, grâce à une fourchette d’estimation particulièrement attractive de 20 000$ – 30 000$ pour la fameuse photo réunissant Stephanie, Cindy, Christy, Tatjana, Naomi, Hollywood (1989). Frappée 35 000$ le 31 mars 2009, elle affiche un résultat très en deçà des 90 000$ décrochés le 16 octobre 2007 pour la même épreuve (Sotheby’s).
Christie’s et Phillips ont misé sur Richard AVEDON avec deux belles enchères à la clef. Le 31 mars, deux clichés cultes de Dovima with Elephants étaient proposés chez Christie’s : l’épreuve d’artiste atteignait 95 000$ et le tirage tardif fut ravalé contre une estimation trop optimiste de 30 000$. Le lendemain, Phillips de Pury & Company parvenait à vendre le même tirage de 1979 pour 22 000$. Mais le plus beau coup de marteau pour Avedon fut frappé chez Phillips de Pury & Company pour un portfolio de 11 photos, Avedon/Paris, adjugé au bas de l’estimation pour 100 000$. Après quatre années de hausse sans faille, la cote d’Avedon s’essouffle. La flambée de ses prix fut particulièrement rapide (+104% entre 2005 et 2008) avec un sommet de 365 000$ atteint en 2007 pour son portrait de Marilyn Monroe, New York City, adjugé au quintuple de l’estimation.

Robert MAPPLETHORPE, dont l’indice des prix tend également à fléchir (-27% entre janvier 2008 et janvier 2009), demeure un incontournable des ventes de photos. Ses fameux lys blancs ont rapporté 141 500$ à Christie’s en deux coups de marteau et 75 000$ à Sotheby’s en deux jours. C’est par ailleurs une Calla lily qui signait la plus belle enchère annuelle de Mapplethorpe en 2008. L’épreuve grimpait à 220 000$ chez Christie’s, contre une fourchette d’estimation de 100 000$ – 150 000$. En 2009, l’élégante fleur blanche renoue avec un prix plus modeste en n’excédant pas 100 000$.
D’autres résultats furent décevants, au bas de l’estimation voire nettement en deçà : Nails in Technicolor, New York, de Horst P. HORST par exemple était attendu entre 10 000$ – 15 000$ et finalement vendu 4 200$ chez Christie’s. Chez Sotheby’s, le promeneur solitaire dans le smog londonien de Robert FRANK n’a pas dépassé 10 000$ contre une fourchette d’estimation de 25 000$ -35 000$, et ce malgré les 100 000$ frappés le même jour pour New Orleans (TROLLEY) du même artiste.

La vacation de Phillips de Pury et Company, générait 1,5M$ en proposant un catalogue plus fourni que celui de ses concurrents (279 lots) et plus contemporain (1,24M$ pour 115 lots vendus chez Christie’s et 1,85M$ pour 186 lots chez Sotheby’s). La photographie contemporaine enregistraient également des résultats modérés : Untitled #122 (1983) de Cindy SHERMAN partait dans sa fourchette d’estimation à 95 000$, le Troy issu de la série Grief d’Erwin OLAF était frappé à l’estimation basse 18 000$ et Jesus is my homeboy : Last Supper (2003) de David LACHAPELLE grimpait timidement à 22 000$. Rappelons que le 13 mai 2008, cette même œuvre de David LACHAPELLE partait pour 15 000$ de plus chez Sotheby’s Londres.
Durant ces quatre jours de ventes, le taux d’intention d’achat enregistré par l’Art Market Confidence Index d’Artprice culminait à 78%. Les amateurs sont prêts à se porter acquéreurs même en période de crise, à des prix révisés à la baisse.