Les artistes contemporains belges.

[02/03/2012]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les dix meilleures adjudications frappées par des artistes contemporains belges en 2011.

En 2011, avec 1,11% du produit des ventes d’art contemporain échangé en Europe, la Belgique est la sixième place de marché européenne, derrière l’Angleterre, la France, l’Allemagne, mais aussi la Suède et l’Italie. Mais la situation des salles de ventes belges ne reflète pas le dynamisme de ces artistes sur la scène internationale.Les quatre artistes présents dans ce classement se glissent dans le top 30 des artistes contemporains européens en 2011, la nationalité belge est la plus représentée dans le top 30 derrière l’Angleterre et l’Allemagne.

Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Luc TUYMANS $956500 Deal -No deal (2011) 22/09/2011 (Christie’s NY)
2 Luc TUYMANS $800000 Easter (2006) 10/05/2011 (Sotheby’s NY)
3 Wim DELVOYE $297730 Flatbed Trailer Scale Model and… (2004) 13/10/2011 (Sotheby’s LONDON)
4 Luc TUYMANS $260000 Shore (2011) 09/11/2011 (Christie’s NY)
5 Jan FABRE $252448 De Man Die De Wolken Meet… (1998) 15/10/2011 (Christie’s LONDON)
6 Francis ALYS $248000 Le juif errant/Study for “le juif errant” (2011) 22/09/2011 (Christie’s NY)
7 Jan FABRE $233595 The Man Who Gives Fire (2002) 17/02/2011 (Christie’s LONDON)
8 Jan FABRE $221606 The Battle in the Hour Blue (1989) 14/09/2011 (Christie’s LONDON)
9 Francis ALYS $200000 Man-Woman with shoe on the head… (1995) 11/05/2011 (Sotheby’s NY)
10 Jan FABRE $197876 Antroplogy of a planet…(2008) 17/05/2011 (Sotheby’s AMSTERDAM)

Artiste contemporain belge le plus coté en 2011, Luc TUYMANS est aussi le plus généreux. En effet deux de ses trois plus belles adjudications cette année furent obtenues lors de ventes caritatives. L’oeuvre Deal -No deal (2011) était proposée le 22 septembre chez Christie’s à New York lors d’une vente au profit de l’association Artist for Haiti. L’œuvre fut vendue 956 500 $, bien au-delà de sa fourchette d’estimation (600 000 – 800 000 $). L’oeuvre Deal -No deal (2011) fut réalisée alors que Luc Tuymans travaillait à Bruges sur l’exposition Reality of the Lowest Rank – A Vision of Central Europe. Il explique que cette œuvre lui fut inspirée par un homme qui passait ses soirées au bar du coin à jouer à la machine à sous, l’œuvre dépeint cet individu, isolé au centre d’une large toile (2m de haut sur 1,3 m de large) qui absorbe son image dans un divertissement infini. Quelques semaines plus tard, c’est pour une vente au profit des victimes du séisme au Japon organisée par Takashi MURAKAMI, que l’œuvre Shore (2011) fut adjugée 260 000 $. L’œuvre reprend en peinture une impression tirée d’une photographie de 2005. Elle présente le roulis des vagues la nuit transporté sur une toile, l’impression se nourrit de peinture ocre et grisée. En revenant sur cette œuvre, l’artiste donne une version personnelle au catastrophique séisme qui frappa le Japon plus tôt cette année-là.

Quelques jours auparavant, toujours à New York, l’œuvre Easter (2006) partait pour 800 000 $ chez Sotheby’s. Moins angoissantes que les deux œuvres mises aux enchères lors de ventes caritatives, l’œuvre Easter traite de l’influence de l’ordre des jésuites sur les autres systèmes décisionnels (politiques, religieux). Avec ces adjudications records, les prix de Luc Tuymans côtoient à nouveau les sommets de 2005, lorsque l’artiste venait de présenter son travail à la Tate Modern de Londres. Une rétrospective de l’artiste vient d’ailleurs de se conclure après être passée du musée d’art contemporain de Chicago, à celui de San Fransisco, puis à Colombus et Dallas pour finir au palais des Beaux-arts de Bruxelles.

L’artiste belge Wim DELVOYE arrive à la troisième position de ce classement avec l’œuvre Flatbed Trailer Scale Model and Caterpillar 5C Scale Model (2004) vendue 297 730 $ à Londres le 13 Octobre chez Sotheby’s. Meilleure enchère de l’artiste à ce jour, l’œuvre représentant un camion et sa grue à échelle réduite, est emblématique du travail de l’artiste. L’œuvre en acier découpée au laser représente un modèle réduit dans un style gothique qui rappelle les origines flamandes de l’artiste. Longtemps considéré comme le « bad boy » de l’art contemporain belge (il est notamment derrière la machine à merde Cloaca et les cochons tatoués), Wim Delvoye a obtenu en 2011 trois enchères à plus de 150 000 $, autant que lors des 4 dernières années.

A la cinquième place de ce classement, Jan FABRE n’est pas non plus un enfant de cœur. Avec 4 adjudications dans les 10 plus belles enchères pour un artiste contemporain belge en 2011, le marché de Jan Fabre commence enfin à s’ajuster à sa reconnaissance curatoriale (Jan Fabre était d’ailleurs l’artiste invité au pavillon belge lors de la Biennale de Venise cette année). L’oeuvre De Man Die De Wolken Meet (The Man Who Measures the Clouds) (1998) et représentant un homme en bronze mesurant les nuages, est sa plus belle enchère de l’année (252 448 $) et la cinquième de notre classement. Cette même sculpture, produite à 8 exemplaires partait pour 20 000 $ de moins en 2009, et une autre copie s’échangeait pour 15 000 $ de plus il y a quelques jours le 16 février dernier (devenant ainsi la plus belle enchère de l’artiste à ce jour) marquant ainsi la progression de l’artiste. Deux autres sculptures se hissent dans ce classement, respectivement à la 7ème et 10ème place : les œuvres The Man Who Gives Fire (2002) vendues 233 595 $ chez Christie’s à Londres le 17 fèvrier, et l’oeuvre Antroplogy of a planet (Marble thinking model – Study 2) (2008) partie chez Sotheby’s Amsterdam pour 197 876 $. Fait rare, l’oeuvre The Battle in the Hour Blue (1989) adjugée 221 6 06 $ chez Christie’s Londres était un dessin, pas une seule œuvre sur papier n’avait dépassé les 28 000 $ avant 2011. Le dessin représentant un scarabée sur un fond bleu colorié au stylo bille est aussi l’œuvre la plus ancienne du classement puisque réalisée en 1989.

De novembre 2004 à mai 2008, 12 œuvres de Francis ALYS partaient au-dessus de 150 000 $. De juin 2008 à mai 2011, une seule œuvre partait pour plus de 80 000 $. La cote de Francis Alys a sévèrement pâti de la crise et les prix de l’artiste ont chuté de 37% entre 2008 et 2010. En 2011, la Tate Modern de Londres présentait A Story Of Deception, une des expositions les plus exhaustives de l’artiste. Ce n’est donc pas une surprise que deux de ses œuvres réussissent à se glisser dans ce classement, alors que l’attrait pour l’artiste n’a jamais été aussi fort (21 % d’invendus seulement en 2011 contre 40 % en 2009). Architecte de formation, Francis Alys examine par les techniques les plus diverses (de la peinture à la performance) les tensions entre espace et interactions humaines. L’œuvre Le juif errant/Study for “le juif errant” (2011) proposée lors de la vente de charité Artists for Haiti, se compose d’une grande toile et de dessins préparatoires. La toile, qui aborde le thème de la migration par le biais de la mythologie, fut adjugée pour 248 000 $. Autre belle surprise, l’oeuvre Untitled (Man-Woman with shoe on the head), from the Liar series (1995) présentée avec une fourchette optimiste de 100 000 – 150 000 $, alors même qu’elle se vendait en 2004 pour 70 000 $, partait à 200 000 $.

Si les adjudications de ce classement démontrent le rayonnement à l’international des artistes belges, leurs ventes sur leur terre ne sont pas en reste puisque 25 % des lots de ces quatre artistes sont vendus en Belgique où se joue 11% de leur produit des ventes.