Le Top10 de Hong Kong

[06/11/2015]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Le classement révèle cette semaine les 10 artistes les plus performants lors des récentes ventes de Hong Kong.

Top 10 des adjudications à Hong Kong (01/10/2015 – 15/10/2015)
Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Yayoi KUSAMA 6 063 000$ No. Red B (1960) 2015-10-04 Sotheby’s HONG KONG
2 WU Guanzhong 4 902 000$ Peach Blossoms (1973) 2015-10-04 Sotheby’s HONG KONG
3 ZENG & MA Fanzhi & Jack 4 644 000$ Paradise (2014) 2015-10-04 Sotheby’s HONG KONG
4 Louise BOURGEOIS 4 644 000$ QuarantaniaQuarantania (1947-1953) 2015-10-05 Seoul Auction HONG KONG
5 Whan-Ki KIM 3 999 000$ 19-Ⅶ-71 #209 (19-Ⅶ-71 #209) (1971) 2015-10-05 Seoul Auction HONG KONG
6 FU Baoshi 3 870 000$ Beauties (1945) 2015-10-06 Sotheby’s HONG KONG
7 ZHANG Daqian 2 644 500$ Lotus in the Wind (1973) 2015-10-06 Sotheby’s HONG KONG
8 ZAO Wou-Ki 2 580 000$ 08.03.66 (1966) 2015-10-04 Sotheby’s HONG KONG
9 ZHANG Daqian 2 386 500$ Lotus Pond (1979) 2015-10-06 Sotheby’s HONG KONG
10 ZHANG Xiaogang 2 347 800$ Tiananmen No. 3 (1993) 2015-10-04 Sotheby’s HONG KONG
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Hong Kong est l’une des places de marché les plus dynamiques du monde et une porte d’entrée pour les artistes occidentaux sur le marché asiatique. Prendre le pouls de ce marché, spécialement en cette période économique délicate, permet de voir quels sont les artistes qui tiennent le mieux les enchères, et à quel prix. Arprice revient sur les récents résultats d’un mois d’octobre particulièrement dense à Hong Kong, où Sotheby’s organisait par moins de huit ventes Fine art en trois jours (du 4 au 6 octobre), un véritable marathon d’enchères partant de l’art traditionnel asiatique jusqu’aux productions les plus contemporaines. Ces huit vacations ont rapporté 162 m$ (chiffre d’affaires de Sotheby’s entre le 4 et le 6 octobre), dont 76,8 m$ pour la seule vente de soirée d’Art asiatique Moderne et Contemporain, la plus prestigieuse de toutes.

C’est à l’occasion de cette vente que l’artiste japonaise la plus cotée du monde, Yayoi Kusama (née en 1929), passait les 7 m$ frais inclus pour No. Red B, un travail de 1960 cédé 2 m$ au-dessus de son estimation. Sotheby’s frôlait là le nouveau record mondial de Kusama, record toujours tenu par la toile White No. 28 vendue l’an dernier à New York (7,1 m$ frais inclus, Christie’s, le 12 novembre 2014). Un tel résultat, 7 m$, ancre d’autant plus la puissance du marché hongkongais face au marché new-yorkais que l’acheteur est un collectionneur privé asiatique. Collectionnée au plus haut niveau à l’Est comme à l’Ouest, Yayoi Kusama explose avec des prix en hausse de 512% depuis 2000, dont une forte accélération ces cinq dernières années.

La seconde place est tenue par Wu Guanzhong (1919-2010), un phénomène du marché asiatique dont l’indice des prix est en hausse de près de 600% depuis 2000. Ses toiles atteignent des prix fous en Chine : plusieurs millions pour les meilleures, dont un record à 17,7 m$ depuis 2011 (avec sa toile Lion Woodsde 1988, vendue chez Poly International à Pékin). On trouve sporadiquement ses œuvres dans les salles new-yorkaises, généralement des dessins, vendus entre 100 00 et 300 000 $, plutôt que des toiles très chèrement disputées en Chine.

Guanzhong fait partie, avec Fu Baoshi (1904-1965) et Zhang Daqian (1899-1983), des artistes les plus prisés de la scène chinoise. Ces deux maîtres font aussi partie des 10 artistes mondiaux les plus performants en salles depuis quatre ans. Sans avoir renoué avec les sommets d’enchères atteint en 2011 (record à 24,5 m$ pour Zhang Daqian chez Sotheby’s Hong Kong et à 36,2 m$ pour Fu Baoshi chez Beijing Hanhai à Pékin), il restent des valeurs sûres de la modernité chinoise.

Autre valeur refuge sans laquelle les grandes ventes ne peuvent plus compter : celle du franco-chinois Zao Wou-Ki (1921-2013), l’un des artistes les plus demandé aujourd’hui. L’Asie toute entière (Hong Kong, Taïwan, Chine continentale) est assoiffée de ses œuvres et dégage dégage 80 % de son chiffre d’affaires ; tandis que la France demeure un vivier d’oeuvres (40 % des transactions). Zao reste l’artiste chinois le plus plébiscité des deux marchés, chinois et européen, un succès qui tire vers le haut d’autres artistes chinois ayant marqué le paysage artistique français.

 

Les surprises du classement

Trois surprises sont au classement, avec le duo explosif formé par Zeng Fanzhi & Jack Ma le temps d’une oeuvre, l’introduction de Louise Bourgeois sur la marché hongkongais, et l’affirmation du marché coréen avec le nouveau record de Kim Whan Ki.

Troisième au classement : Paradise est la seule œuvre connue conjointement réalisée par Zeng Fanzhi & Jack Ma, fruit d’une collaboration ponctuelle dans le cadre d’une démarche philanthropique. Zeng Fanzhi & Jack Ma ont conçue cette œuvre pour la fondation The Paradise International, fondation à but non lucratif de défense de l’environnement. Lors de son passage en salle le 4 octobre chez Sotheby’s, elle a littéralement flambé, partant d’une estimation de près de 200 000 $ pour finir à 5,4 m$ ! Certes, Zeng Fanzhi est l’artiste contemporain chinois le plus coté de tous, mais la générosité des participants aux enchères explique en partie cette envolée, le fruit de la vente fut reversée à la fondation The Paradise International. L’oeuvre elle-même, The Paradise, s’inscrit dans la continuité du travail et de l’engagement de Zeng Fanzhi, qui a entamé une série de paysages expressionnistes (Landscape series) après la fameuse série des Masques qui l’a propulsé sur le devant de la scène contemporaine. Zeng met à profit sa notoriété pour sensibiliser ses compatriotes sur des questions écologiques qui le concernent personnellement. Zeng Fanzhi a en effet grandi dans la ville de Wuhan, tristement redoutée pour ses épais nuages de pollution, sa chaleur démentielle et son eau particulièrement polluée.

Ce mois d’octobre marquait aussi le premier passage en vente hongkongaise de Louise Bourgeois (1911-2010), au résultat favorable : sa sculpture en bronze QuarantaniaQuarantania a changé de mains pour 4,6 m$, dans sa fourchette d’estimation, chez Seoul Auction. C’est, à l’heure actuelle, le record pour cette œuvre totémique, vendue 2 m$ de moins à New York en 2008.

La cinquième place tenue par Kim Whan Ki (1913-1974) révèle par ailleurs l’explosion en cours pour les grandes figures de l’art coréen. Les 3,99 m$ décrochés par sa toile 19-Ⅶ-71 #209 constituent le record absolu d’un Kim Whan Ki généralement plus habitué aux salles de ventes coréennes (66% de son chiffre d’affaires habituellement réalisé en Corée) que hongkongaises. Artiste majeur de la modernité artistique coréenne, il incarne aussi un idéal d’ouverture internationale puisque, après des études à Tokyo, il travailla à Seoul, Paris et New York. Les places de marché occidentales sont encore peu actives sur cette signature, bien que l’une de ses œuvres ait passé les 1,4 m$ en 2011 à New York.

Ce mois d’octobre marquait aussi le premier passage en vente hongkongaise de Louise Bourgeois (1911-2010), au résultat favorable : sa sculpture en bronze QuarantaniaQuarantania a changé de mains pour 4,6 m$, dans sa fourchette d’estimation, chez Seoul Auction. C’est, à l’heure actuelle, le record pour cette œuvre totémique, vendue 2 m$ de moins à New York en 2008.

Ce classement confirme la haute tenue du marché chinois, l’attention croissante pour artistes contemporains japonais et coréens. Il nous révèle que la création contemporaine réalise les meilleurs scores et que, outre les artistes asiatiques, une signature aussi incontournable que Louise Bourgeois dans l’art occidental peut commencer à s’imposer dans des salles de ventes chinoises.