Le Top des artistes italiens contemporains

[25/07/2014]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les dix meilleures enchères pour des artistes contemporains italiens (nés après 1945).

Ils sont deux , seulement deux artistes italiens dont l’envergure internationale leur permet de se réserver les seules enchères millionnaires parmi tous leurs compatriotes. Leurs noms ? Maurizio Cattelan et Rudolf Stingel. Nous seulement ces deux artistes se partagent le Top 10 des meilleures enchères italiennes, mais ils tiennent presque tout le Top 50, à l’exception de la 31ème meilleure enchère, tenue par une grande figure de la Trans-avant-garde.Enzo Cucchi (avec son œuvre Quadro santo (1980), adjugée l’équivalent de 92 250 $, le 22 juin 2006 chez Christie’s Londres).

Top 10 : les dix meilleures enchères pour des artistes contemporains italiens (nés après 1945)

Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Maurizio CATTELAN $7000000 Untitled (2001) 12/05/2010 (Sotheby’s NEW YORK NY)
2 Maurizio CATTELAN $2700000 La nona ora (1999) 11/11/2004 (Phillips de Pury & Company NEW YORK NY)
3 Maurizio CATTELAN $2600000 Charlie (2003) 08/11/2010 (Phillips de Pury & Company NEW YORK NY)
4 Maurizio CATTELAN $2450000 Not afraid of Love (2000) 10/11/2004 (Christie’s NEW YORK NY)
5 Rudolf STINGEL $2300000 Untitled (1990) 08/11/2010 (Phillips de Pury & Company NEW YORK NY)
6 Maurizio CATTELAN $2200000 Daddy Daddy (2008) 10/05/2012 (Phillips de Pury & Company NEW YORK NY)
7 Maurizio CATTELAN $2200000 Stadium (1991) 14/05/2013 (Sotheby’s NEW YORK NY)
8 Rudolf STINGEL $2100000 Untitled (2010) 13/11/2013 (Sotheby’s NEW YORK NY)
9 Maurizio CATTELAN $2100000 Stephanie (2003) 08/11/2010 (Phillips de Pury & Company NEW YORK NY)
10 Maurizio CATTELAN $2000000 Frank and Jamie (2002) 07/11/2011 (Phillips de Pury & Company NEW YORK NY)

 

Le record de Maurizio Cattelan se hisse à 7 m$ pour une installation décalée représentant un autoportrait hyperréaliste où l’artiste entre par effraction par un trou dans le plancher (ed. 3/3, le 12 mai 2010 chez Sotheby’s). Particularité de cette installation : le propriétaire de l’oeuvre doit sacrifier son planche. Ce sommet advient en 2010, année d’une exposition personnelle au Palazzo Reale à Milan (25 sept.-24 oct. 2010) qui fit couler beaucoup d’encre.
Le trublion italien de l’art contemporain y présentait L.O.V.E., un doigt d’honneur en marbre de 11 mètres installé en face de la Bourse de Milan. Outre ce doigt géant qui finit par être censuré à Milan, la polémique fut aussi alimentée par l’affiche de l’événement reprenant sa fameuse sculpture Him où Adolf Hitler se retrouve agenouillé dans une pieuse position. Or, les polémiques ont toujours nourri la cote de Cattelan. Avant le record de 7 m$, son oeuvre la plus cotée était Nona Ora (The Ninth Hour), une sculpture représentant le Pape Jean-Paul II terrassé par une météorite qui fit scandale en 1999, lors de l’exposition Apocalypse, à la Royal Academy de Londres. La Nona Ora commence par doubler son estimation le 17 mai 2001, pour un coup de marteau record à 800 000 $ chez Christie’s avant de décrocher, trois ans plus tard, 2,7 m$ chez Phillips de Pury & Company (le 11 novembre 2004). Mais son dernier grand « coup », une grande rétrospective au musée Guggenheim de New York (All, 128 oeuvres depuis 1989 suspendues pêle-mêle dans la rotonde du musée, 4 novembre 2011-22 janvier 2012), annonçait sa démission en tant qu’artiste et fit vaciller la cote… Cattelan choisissait alors de mettre un terme à une carrière flamboyante pour éviter d’avoir à jouer indéfiniment son propre rôle, celui que le marché avait choisit de chérir.
Résultat : en quatre ans, ses prix sont retombés en moyenne de -52 % (entre début 2010 et début 2014). La scénographie de l’exposition alliait une dernière fois le geste ironique à l’esthétique de l’échec, avec des œuvres pendues signant un arrêt de mort. Si le second marché ne s’est pas éteint avec ce dernier geste artistique, le rythme des enchères s’est considérablement ralenti, les invendus sont courants et les oeuvres affichent une nette décote.
La pièce la plus importante vendue sur le premier semestre 2014 par exemple, un cibachrome Hollywood – issue d’une installation des lettres « Hollywood » plantées sur une colline dominant la décharge publique de Palerme – vendue plus de 440 000 $ en 2011 ne cotait plus que 360 000 $ en 2014 (Sotheby’s New York, le 15 mai 2014).

Rudolf Stingel à quant à lui avait fait sensation lors de la 55ème Biennale de Venise lorsque François Pinault lui consacre une importante exposition sur plus de 5000 mètres carrés au Palazzo Grazzi (avril-décembre 2013). L’une de ses meilleures enchères date de cette période, avec un score de 2,1 m$ pour un grand autoportrait à l’huile de 2010 (plus de 3 mètres de haut) grassement estimé entre 3 et 5 m$ par Sotheby’s (le 13 novembre 2013).
A la fin des années 90′ et au début des années 2000, les oeuvres de Stingel s’échangeaient encore entre 2 000 $ et 12 000 $ en moyenne sur le marché des enchères. Son intronisation dans le panier haut de gamme des artistes contemporains remonte à 2006, après trois expositions solo prestigieuses, au Museo d’Arte Moderna e Contemporanea de Trento en Italie (2001); au Museum für Moderne Kunst de Frankfort (2004), à l’Inverleith House d’Edinburgh (2006) et une présence à la Biennale de Venise de 2003, au sein du pavillon italien. C’est avec un curriculum vitae bien étoffé qu’il passe pour la première fois le seuil des 100 000 $ en 2006 et l’ascension ne fait que commencer. Il décroche sa première enchère millionnaire l’année suivante – année importante dans sa carrière où il se voit consacrée par une exposition au Museum of Contemporary Art de Chicago et au Whitney Museum de New York. Douze autres enchères millionnaires sont arrivées depuis. En 2014, pas une toile de petit format ne s’est vendue sous les 100 000 $ et le prix des oeuvres cette année entre dans une fourchette comprise entre 300 000 et 1,3 m$. Stingel vit aujourd’hui entre New York et Bolzano et est soutenu par la galerie Gagosian.