Le Top des Années 40

[28/03/2014]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les dix meilleures enchères pour des oeuvres réalisées dans les années 40.

Le Top des Années 1940
Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Pablo PICASSO 85 000 000$ Dora Maar au chat (1941) 03/05/2006 (Sotheby’s New York NY)
2 Clyfford STILL 55 000 000$ “1949-A-No. 1” (1949) 09/11/2011 (Sotheby’s New York NY)
3 Jackson POLLOCK 52 000 000$ Number 19, 1948 (1948) 15/05/2013 (Christie’s New York NY)
4 SAN Yu 30 077 280$ Flower (1940) 28/10/2013 (Shandong Chungiu International)
5 Jackson POLLOCK 29 000 000$ Number 16, 1949 (1949) 12/11/2013 (Christie’s New York NY)
6 Clyfford STILL 28 000 000$ 1947-Y-No. 2 (1947) 09/11/2011 (Sotheby’s New York NY)
7 Pablo PICASSO 26 000 000$ Femme assise dans un fauteuil (1941) 02/05/2012 (Sotheby’s New York NY)
8 Pablo PICASSO 26 000 000$ Tête de Femme, Dora Maar (1941) 07/11/2007 (Sotheby’s New York NY)
9 Alberto GIACOMETTI 23 000 000$ La Main (1947) 04/05/2010 (Christie’s New York NY)
10 ZHANG Daqian 21 845 000$ “Lotus and Mandarin Ducks” (1947) 31/05/2011 (Christie’s New York NY)

 

Ce Top des enchères les plus conséquentes enregistrées pour des oeuvres des années 40 témoigne une fois encore de la superbe vitalité actuelle du marché, car les 10 meilleures adjudications ont toutes été enregistrées depuis 2006 et trois d’entre elles s’avèrent particulièrement récentes, puisqu’elles datent de 2013, récompensant l’américain Jackson POLLOCK à deux reprises et le franco-chinois SAN Yu. Outre ces deux artistes à la cote flamboyante (San Yu affiche un indice de prix en progression de +413 % sur la décennie et Pollock un nouveau record à 52 m$), ce Top réuni trois oeuvres de Pablo PICASSO, deux de Clyfford STILL, une de Alberto GIACOMETTI et une de ZHANG Daqian. Les artistes modernes européens tiennent ainsi quatre enchères, soit autant que les américains avec la flambée de l’expressionnisme abstrait. Si Jackson Pollock et Alberto Giacometti font aussi partie du Top des années 50, et qu’il paraît naturel de les retrouver parmi les plus performants des années 40, précisons toutefois que Pollock tient un record absolu avec son Number 19 de 1948, cédé 52 m$ en mai 2013 et que cette œuvre enterrait de 17 m$ l’estimation haute préalablement fournie par Christie’s. C’est dire combien l’expressionnisme abstrait flambe actuellement. La présence de Clyfford Still à deux reprises appuie encore cette tendance. Figure phare de la grande peinture américaine au même titre que Pollock, Newman et Rothko, Still est d’autant plus convoité qu’il est rare. Il est même l’expressionniste abstrait américain le moins fréquent sur le marché (seules 35 oeuvres ont été mises en ventes depuis la fin des années 80). En 2011, son record de 55 m$ décroché pour “1949-A-No . 1” (1949) pulvérisait de 20 m$ les pronostics optimistes fournis par Sotheby’s ! Cette abstraction majestueuse s’impose depuis comme la seconde œuvre la plus chère des années 40 et la quatrième meilleure enchère de l’expressionnisme abstrait américain.

San Yu et Zhang Daquian

Né à Nanchong en 1901, San Yu arrive à vingt ans dans le Paris de l’après-guerre et s’établie à Montparnasse ou il fréquente l’Académie de la Grande Chaumière et se lie d’amitié avec Henri Matisse. Le nu est son sujet phare, un sujet occidental éloigné de la tradition picturale chinoise. Si les oeuvres ont été réalisées en France où les amateurs sont nombreux, son marché s’inscrit définitivement à l’Est, avec 98 % des recettes enregistrées en Asie (67,5 % à Hong Kong, 25,3 % en Chine et 5,5 % à Taïwan). Le marché français se voit dépossédé des oeuvres tant la demande chinoise est vive. 16 % des transactions ont pourtant bien lieu en France mais pour de maigres recettes comparées à la haute tenue du marché asiatique, puisque la France représente seulement 1,3 % du produit de ventes. L’huile sur toile lui valant la quatrième place de ce Top, Flower (1940, 51 cm x 40 cm ) est aussi un nouveau record enregistré à plus de 30 m$ en Chine au mois d’octobre 2013 (Shandong Chunqiu International, Shandong, le 28 octobre).
Quant à Zhang Daquian, il s’impose comme l’un des artistes les plus cotés, notamment depuis 2010, année qui le propulsait comme le 4ème artiste le plus cher du monde (selon un classement par produit de ventes annuel), puis advint 2011, année faste parmi toutes pour Daqian qui vendait 550 m$ d’oeuvres aux enchères (hors frais) écrasant tous les autres artistes, y compris Warhol et Picasso. A l’issue de l’année 2013, les oeuvres de Daqian généraient plus de 291 m$ (3ème place mondiale). Depuis 1994, il cumule 278 adjudications millionnaires, toutes enregistrées en Chine et à Hong Kong, dont 55 en 2013. Il cumulait donc plus d’enchères millionnaires l’année dernière que Francis Bacon, Gerhard Richter et Roy Lichtenstein réunis ! L’enchère de ce Top est, à l’instar de celle de San Yu, son record mondial.

 

Les années 40 de Picasso

Durant les années 40, Picasso bénéficie déjà d’une grande notoriété et sa cote n’a cessé de grimper depuis (son indice des prix affiche encore +100 % de hausse sur la décennie). La période des années 40 est une période noire et agitée au début de la décennie, tant pour les raisons contextuelles liées à la guerre d’Espagne et à la Seconde Guerre mondiale, que pour des raisons intimes. Picasso habite chez Marie-Thérèse Walter lorsqu’il rencontre Françoise Gilot en 1943 et qu’une autre muse, Dora Maar, arrive dans sa vie et dans ses toiles. Avec une adjudication de 85 m$, c’est un portrait de cette dernière, Dora Maar au chat, qui vaut au maître moderne la meilleure enchère pour une œuvre de ces années. Il ne s’agit pas pour autant du record de l’artiste, car Dora Maar est troisième au palmarès « picassien ». A l’époque de son adjudication néanmoins, en 2006, c’était le second tableau le plus cher du marché. Son record absolu demeure Nude, Green Leaves and Bust, 1932, cédée 95 m$, soit un portrait de Marie-Thérèse Walter, muse de sa période cubiste et néoclassique (payé plus de 106 m$ frais inclus, le 4 mai 2010 chez Christie’s, New York). L’oeuvre du maître étant inextricablement liée à sa vie intime, les toiles des années 40 les plus cotées sont toutes les trois des portraits de l’icône majeure que fut Dora Maar à cette époque.