Le Top d’Amérique Latine

[21/07/2017]

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Levons le voile sur les meilleures enchères réalisées au cours des douze derniers mois pour les artistes contemporaines originaires d’Amérique du Sud.

Le marché des artistes sud-américains reste concentré sur New-York, grâce aux ventes spécialisées organisées annuellement par trois sociétés : Christie’s, Sotheby’s et Phillips. Les meilleurs coups de marteau de notre Top proviennent en effet tous de New York, à l’exception d’un seul récompensant Oscar Murillo lors d’une vente d’art contemporain de prestige organisée par Sotheby’s à Londres. Rappelons néanmoins que Oscar Murillo est un cas particulier, un météore du marché libéré des catalogues spécifiquement latino-américains. La demande dont il bénéficie est d’autant plus soutenue que cet artiste est représenté par le grand galeriste David Swirner, à l’instar d’un autre artiste de notre Top : Felix Gonzalez-Torres, dominant largement ce classement annuel.

Rang Artiste Adjudication ($) œuvre Vente
1 Felix GONZALEZ-TORRES (1957-1996) 912 500$ “untitled” (Last Light) 18/11/2016 Sotheby’s New York NY
2 Felix GONZALEZ-TORRES (1957-1996) 607 500$ Untitled (March 5th) #2 18/05/2017 Christie’s New York NY
3 Guillermo David KUITCA (1961) 511 500$ Deng Haag – Praha 22/11/2016 Christie’s New York NY
4 Pablo ATCHUGARRY (1954) 439 500$ Untitled 22/11/2016 Christie’s New York NY
5 Gabriel OROZCO (1962) 367 500$ Untitled 16/11/2016 Christie’s New York NY
6 Felix GONZALEZ-TORRES (1957-1996) 348 500$ Untitled 19/05/2017 Sotheby’s New York NY
7 Tomás SANCHEZ (1948) 319 500$ Meditación bajo un signo de aguas 22/11/2016 Christie’s New York NY
8 OS GEMEOS (1974) 310 000$ Untitled 22/11/2016 Phillips New York NY
9 Tomás SANCHEZ (1948) 271 500$ Meditador entre aguas 24/05/2017 Christie’s New York NY
10 Oscar MURILLO (1986) 250 072$ Night Shift 07/10/2016 Sotheby’s London
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Les artistes de David Zwirner

Le classement révèle la puissance d’un artiste d’origine cubaine peu représenté sur le marché des enchères : Felix Gonzalez-Torres tient trois des 10 meilleurs résultats de la scène sud-américaine contemporaine, bien que son offre annuelle soit composée de six lots seulement. La sanction positive des enchères honore un artiste emblématique, non pas de la scène sud-américaine en soi (il émigre aux Etats-Unis en 1968 comme réfugié politique et décède à Miami en 1996) mais d’un activiste poétique et généreux ayant fortement imprégné la création de la fin du XXème siècle. Ses œuvres emblématiques, issues de la série des Piles ou des accumulations de bonbons, ont été fortement valorisées dans un passé proche. En novembre 2015, l’une de ses installations constituée de bonbons posés à même le sol partait au prix record de 7,669 m$ chez Christie’s (le 10 novembre 2015). Bien que l’offre soit ténue, deux œuvres importantes furent proposées aux enchères au cours des 12 derniers mois : untitled (Last Light), un mémorial vertical constitué d’ampoules lumineuses vendu 912 500 $, le 18 novembre 2016 chez Sotheby’s. Six mois plus tard, une œuvre dans la même veine, Untitled (March 5th) #2, composée de deux ampoules éclairées, se vendait pour 607 500 $ chez Christie’s. Les acheteurs se montrent déterminés face à une offre rare. De récents évènements devraient permettre de mieux faire circuler l’œuvre : suite à l’annonce de la co-représentation de la succession de l’artiste par les galeries David Zwirner et Andrea Rosen, David Zwirner lui consacrait une première exposition dans sa galerie new-yorkaise, du 27 avril au 14 juillet 2017.

Contrairement à une sanction positive du marché des enchères advenue après le décès prématuré de Felix Gonzalez-Torres, le jeune Oscar Murillo fut propulsé en salles avant même d’avoir fêter ses 30 ans. Né en Colombie en 1986 et portant aussi la nationalité britannique, Oscar Murillo fait figure de cas d’école, son œuvre ayant fait l’objet d’une impressionnante flambée des prix. Quelques mois seulement après l’obtention de sa maîtrise au London’s Royal College of Art en 2012, il apparaît comme un météore du marché, grâce à un solide réseau d’influence tissé en un temps record. Impossible de lui échapper dans les cessions contemporaines de Londres et de New York au cours de l’année 2013 : 24 toiles et une sculpture sont vendues, sans un seul échec de vente à déplorer. Murillo devient l’artiste du moment à acheter. Son début de carrière flamboyant est confirmé en septembre 2013, lorsqu’il intègre la galerie David Zwirner. L’impact de cette nouvelle est immédiat en salles : le 19 septembre 2013, Phillips vend à New York la toile Untitled (Drawings off the wall) pour 401 000 $, 10 fois l’estimation haute, signant un record jusqu’à présent inégalé. L’année 2013 marque un point culminant de spéculation, où 19 oeuvres de Murillo passent les 100 000 $. Trois ans plus tard, son produit de ventes annuel s’est effondré, passant de 3,96m$ à 422 000$ (en 2016), marquant un profond changement de stratégie commerciale : ses galeristes privilégient désormais la vente directe à la voie des enchères. Le nombre de lots proposés en salles a d’ailleurs été largement divisé par deux en deux ans (période juin 2014-juin 2015 vs juin 2016- juin 2017). Honoré par de nombreuses expositions importantes, dont une sur le renouveau de la peinture au MoMA (Forever now : painting in the new millenium), et une autre à la Biennale de Venise en 2015, son actualité s’est déplacée sur le territoire français dans le cadre de l’Année France-Colombie 2017. L’artiste bénéficie d’une exposition conjointe au CAPC de Bordeaux (du 18 mai au 27 août 2017) et au Jeu de Paume à Paris (Oscar Murillo. Estructuras resonantes, du 13 juin-24 septembre 2017).

Cotes au beau fixe

Moins connu sur la scène internationale, le peintre cubain Tomás Sanchez n’en bénéficie pas moins d’une solide demande. Depuis une dizaine d’années, ses meilleurs paysages se négocient plusieurs centaines de milliers de dollars dans les grandes salles de ventes new-yorkaises. L’artiste culmine cette année à 348 500 $, mais il affiche un record absolu à hauteur de 653 000 $ obtenu en 2014, pour une grande huile sur toile de 1995, Meditador y laguna escondida en el bosque, vendue par Sotheby’s. Son indice de prix poursuit une progression fulgurante, avec 327% de hausse depuis l’année 2000. Outre la confirmation d’une puissante demande pour un travail typiquement cubain à travers cette peinture-paysage, le Top révèle trois nouveaux records absolus : le premier pour le peintre argentin Guillermo David Kuitca (avec Deng Haag-Praha vendue 511 500 $), le second pour le sculpteur uruguayen Pablo Atchugarry, dont le marbre 439 500 $ s’envolait à 439 500 $, largement au double de l’estimation, le 22 novembre 2016 chez Christie’s. Le jour même, Phillips enregistrait enfin un autre record pour les frères Os Gemeos (Otavio et Gustavo Pandolfo). Les grapheurs brésilien les plus populaires culminent désormais à 310 000 $.