Le Top 10 des introuvables V – Art contemporain

[02/09/2015]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Le classement révèle cette semaine les 10 artistes contemporains les plus rares et les plus performants de l’année aux enchères.

De Barkley Leonnard Henricks à Alex Israel, ce classement des introuvables contemporains couvre trois générations d’artistes. Cette fois encore, les américains prédominent avec six places d’un Top qui réserve quelques surprises et quelques tendances confidentielles, à suivre…

Le Top 10 des introuvables V – Art contemporain
Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Alex ISRAEL 640 920$ Sky Backdrop (2013) 2015-02-12 Phillips LONDRES
2 Danh VO 575 000$ Alphabet (L) (2011) 2015-05-12 Sotheby’s NEW YORK NY
3 Jonas WOOD 500 000$ Black Still Life with Flower Pattern (2015) 2015-05-13 Sotheby’s NEW YORK NY
4 Jonas WOOD 457 140$ Studio hallway (2010) 2015-02-10 Sotheby’s LONDRES
5 Abbés SALADI 418 760$ L’offrande (1990-1992) 2015-06-03 Millon & Mazad et Art PARIS
6 Abdulnasser GHAREM 400 000$ Hemisphere (2014) 2015-03-18 Christie’s DUBAÏ
7 Alex ISRAEL 360 000$ Sky Backdrop (2015) 2015-05-13 Sotheby’s NEW YORK NY
8 Alex ISRAEL 300 000$ Untitled (Flat) (2012) 2015-05-14 Phillips NEW YORK NY
9 Barkley Leonnard HENDRICKS 292 000$ Steve (1976) 2015-04-02 Swann Galleries NEW YORK NY
10 Danh VO 283 626$ Untitled (A-Z without J) – E (2011) 2015-06-30 Christie’s LONDRES
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Les récidivistes du Top

Grand gagnant de ce Top des introuvables avec trois des 10 meilleurs résultats, Alex Israel faisait déjà parler de lui dans le classement des meilleures premières enchères au début de l’année 2015.
Les prémices de son succès remontent à 2010, année où il expose à la Biennale de Californie. Il expose l’année suivante chez Peres Projects à Berlin, chez Almine Rech à Paris en 2013 puis convole chez Gagosian en 2015. Résultat de ce soutien par quelques-unes des meilleures galeries : pas moins de cinq œuvres au spray se sont arrachées plus de 500 000 $ (frais inclus) depuis 2014. Alex Israel n’est pas seulement le mieux représenté dans ce classement, il est aussi le plus jeune : à 33 ans, ce météore du marché gère par ailleurs sa carrière de main de maître. Rappelons qu’il a une bonne fibre entreprenariale en tant que chef chef d’entreprise pour les lunettes de soleil Freeway Eyewear, lesquelles font partie de sa panoplie d’artiste.

Autre artiste californien (d’adoption) représenté par la galerie Gagosian : Jonas Wood (né en 1977) tient deux places du classement. Véritablement introuvable aux enchères il y a encore cinq ans, son marché a explosé courant 2015, avec 15 œuvres déjà vendues entre Londres et New York, dont un record à 610 000 $ frais inclus – cinq fois l’estimation haute – chez Sotheby’s le 13 mai dernier. Egalement soutenu par la galerie Saatchi, Jonas Wood est, tout comme l’est Alex Israel, l’une des nouvelles coqueluches du marché. Ses œuvres ont déjà intégré d’importantes collections, dont celles du MoMA à New York et du musée d’art contemporain de Chicago.

Le jeune artiste dano-vietnamien Danh Vo (né en 1975) est tout neuf sur le marché des enchères mais il entre par la grande porte, avec deux résultats à plus de 500 000 $ en moins d’un an ! Danh Vo a bénéficié d’une ascension fulgurante depuis l’obtention du prix Hugo Boss en 2012, où il décrochait une bourse de 100 000 $ et une exposition au musée Guggenheim en 2013. Aujourd’hui, c’est à Venise qu’il fait grand bruit, avec son installation Mothertongue au Pavillon danois, et à la Punta Della Dogana où il est invité par François Pinault. Danh Vo tient un record d’enchère à 700 000 $ frais inclus, record planté trois jours après l’ouverture officielle de la 56e Biennale de Venise… L’effet Pinault n’est certainement pas étranger à cette envolée.

Les discrets

Abbés Saladi apparaît comme une véritable surprise dans ce classement. Cet artiste marocain, décédé en 1992, abandonna ses études en philosophie pour ne plus faire que de la peinture, s’y adonnant pleinement en autodidacte. Il obtient un succès populaire dès sa première exposition sur la place Jamma el Fna à Marrakech en 1977, avec une peinture joyeuse faite d’aplats et d’imbrications, et une iconographie imprégnée d’un sens sacré. Son record vient d’être multiplié par 10 cette année, lors d’une vente aux enchères entièrement dédiée à la création contemporaine marocaine et orchestrée en duplex entre Casablanca et Paris. Ce record inattendu, à hauteur de 514 000 $ frais inclus pour une grande huile sur panneaux intitulée L’Offrande (206 x 103 cm, le 3 juin 2015) laisse présager d’autres succès, d’autant qu’une nouvelle vente consacrée à la scène contemporaine marocaine se tiendra en duplex entre Marrakech et Paris en décembre 2015.

Le succès du jeune Abdulnasser Gharem (né en 1973) fait figure d’épiphénomène sur la scène saoudienne, là où le système de l’art contemporain reste périphérique, ne touchant que quelques élites fortunées. Abdulnasser Gharem est pourtant déterminé, d’une part à faire fleurir l’art contemporain arabe à l’échelle internationale (via son engagement auprès de l’association Edge of Arabia) et à ouvrir les mentalités via le pouvoir intrinsèque de l’art (il organise des workshops à Riyad pour détourner les jeunes du djihadisme). Les œuvres d’Abdulnasser Gharem ont émergé sur le marché des enchères à Dubaï, Doha et Londres, par des ventes de Christie’s et Sotheby’s. La bonne nouvelle est que l’artiste maintient un haut de prix cette année, avec son œuvre Hemisphere vendue 485 000 $ frais inclus à Dubaï en mars 2015. Déjà exposé à plusieurs reprises à Londres (Victoria & Albert Museum, Edge of Arabia et British Museum en 2012), il ne lui manque qu’une actualité américaine pour s’ancrer définitivement sur le marché mondial.

Barkley Leonnard Henricks (né en 1945) est l’artiste le plus âgé du classement et celui dont le marché est le plus concentré : la totalité de ses ventes se jouent aux Etats-Unis. Il sort aujourd’hui de son confinement via un record d’enchère qui devrait contribuer à affirmer la puissance de ses œuvres sur le marché new-yorkais : la société de ventes Swann Gallery doublait en effet l’estimation haute du portrait de Steve en avril dernier, pour un résultat final de 365 000 $. Ses portraits d’américains noirs, réalisés presqu’à échelle humaine sur des fonds vivement colorés, pourraient bien émerger plus puissamment grâce au jeu des enchères…