Le Top 10 de Hong Kong

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Le classement révèle cette semaine les 10 œuvres d’art les plus chères jamais vendues à Hong Kong.

Le marché de l’art chinois s’impose comme le plus dynamique de la planète avec 277 500 œuvres mises en vente l’année dernière et 38 % du produit des ventes mondial, ce qui place la Chine au premier rang mondial pour le Fine art avec 4,79 Mrd$ de résultat (les USA pèsent 28 % de parts de marché mondial et le Royaume-Uni 17%). Au cœur de ce marché, Hong Kong fait partie intégrante de la République populaire de Chine et abrite les succursales de plusieurs galeries européennes et nord américaines, parmi les plus prestigieuses. La ville accueille par ailleurs l’une de trois éditions d’Art Basel, la foire d’art contemporain occidentale la plus sélective. Cette ouverture internationale fait d’elle une place de marché à part, capable d’attirer le meilleur de l’art asiatique, mais aussi occidental, même si les œuvres occidentales ne sont pas encore bien représentées sur le marché des enchères. La calligraphie et la peinture traditionnelle continuent de représenter l’essentiel du marché chinois, avec 92 % des lots vendus et 81 % du produit des ventes. Toutefois, la peinture à l’huile profite de l’essor de Hong Kong, avec des toiles signées Wu Guanzhong et Zeng Fanzhi présentent dans ce classement.

Deux sociétés de ventes se distinguent : l’américaine Sotheby’s, deuxième société de ventes aux enchères du monde avec 2,888Mrd$ de résultat annuel (derrière Christie’s à plus de 3Mrd$) et la chinoise Poly International, troisième mondiale avec un résultat annuel de plus de 988m$. Les résultats exceptionnels qu’elles enregistraient au cours des deux dernières années prouvent combien le marché Hongkongais s’est montré résistant et indépendant face à la contraction générale du marché intérieur chinois, puisque sept des dix meilleurs coups de marteau hongkongais sont le fruit de ventes réussies sur la période 2015-2016.

De l’encre et de l’huile

Au vue des résultats et de la domination de l’artiste Cui Ruzhuo, né en 1944, tenant la moitié du classement, les acheteurs actifs à Hong Kong privilégient l’art contemporain lié à la tradition culturelle, Cui Ruzhuo travaillant à l’encre. La société Poly International soutient fermement sa cote, le but étant d’en faire une nouvelle star du marché de l’art… chose réussie, avec un sommet de 39,5m$, qui n’est autre que le neuvième meilleure résultat d’enchère de l’année 2016 derrière Monet, Picasso, De Kooning, Rubens ou Modigliani. L’artiste se trouve par ailleurs classé devant un maître du travail à l’encre vénéré en Chine : Zhang Daqian, dont le non moins célèbre artiste national Xu Beihong disait « un talent comme Zhang Daqian, on n’en voit qu’une fois tous les cinq cents ans ». En incarnant les valeurs esthétiques de la Chine, l’érudit Zhang Daqian est aujourd’hui l’artiste chinois le plus vendu aux enchères et le plus performant de Chine, avec 885 œuvres d’art vendues aux enchères l’année dernière pour un résultat global de 355 m$. Son record absolu fut emporté en avril 2016 avec une œuvre de 1982, Peach Blossom Spring, vendue 34,9 m$ chez Sotheby’s Hong Kong,

Face à l’engouement pour les travaux à l’encre, les œuvres peintes sur toiles font l’objet de transactions de plus en plus dynamiques, témoignant de l’intérêt grandissant des collectionneurs. Les récents résultats emportés ces derniers mois pour Wu Guanzhong, San Yu, Chu Teh-Chun, Zao Wou-Ki ainsi que pour d’autres maîtres modernes de l’art du XXème siècle devraient susciter une émulation durable à l’avenir. The Zhou Village de Wu Guanzhong, une grande huile sur toile de 1997 s’est notamment vendue pour 30,4 m$ chez Poly Auction Hong Kong, ce qui constitue le meilleur résultat de l’année 2016 sur le marché de la peinture à l’huile en Chine. Le plus jeune artiste, et le plus international de tous, est Zeng Fanzhi qui tient une place solide sur le marché hongkongais depuis la vente de sa toile The Last Supper (2001) issue de la collection Ullens, une toile qui électrisait les enchères à plus de 23 m$ en octobre 2013.

Les sociétés de ventes chinoises commencent à intégrer des artistes occidentaux à leurs catalogues, dont Poly Auctions qui organisait la vente aux enchères “Dialogue: From Yuan Dynasty People Hunting in the Fall to Picasso” à Shanghai en 2016 avec des œuvres signées Picasso Monet, Gauguin ou Morandi. Le marché chinois est en train de s’ouvrir et de s’élargir si bien que Hong Hong devrait accueillir de nouvelles signatures occidentales dans les classements des années à venir. D’autant que la maison de ventes américaine Phillips commence à travailler sur place. Elle organisait une première session de vente d’art du XXème siècle et contemporain en novembre 2016 avec des œuvres d’artistes majeurs, aussi bien asiatiques (Yoshitomo Nara, Zeng Fanzhi, Ufan Lee) qu’occidentaux (Roy Lichtenstein, Gerhard Richter ou Anish Kapoor). L’ouverture est en cours…