Le Symbolisme – Donner à l’Idée une forme sensible.

[28/02/2006]

 

Le symbolisme est un mouvement littéraire et artistique né en France vers 1880. Inspiré par le lyrisme des romantiques et la mélancolie préraphaélite, il se déploie dans toute l’Europe et en Russie jusqu’en 1900. Les artistes symbolistes cherchent des vérités cachées sous la surface réelle du monde et s’adressent moins au regard qu’à l’esprit et à l’imagination. Au-delà du réel, leur univers est surnaturel, prompt à réveiller la nature spirituelle de l’humain. Métaphorique, il puise à la source de textes fondateurs tels que les grands mythes, la Bible, les contes et légendes.

Devant la rareté d’œuvres majeures mises en vente, les estampes constituent la majorité des transactions.

Les figures de proue du symbolisme sont l’anglais Edward Coley BURNE-JONES, les français Pierre PUVIS DE CHAVANNES, Gustave MOREAU, Félicien ROPS et Odilon REDON, le suisse Arnold BÖCKLIN, le belge James ENSOR et le norvégien Edvard MUNCH.
Artiste phare du mouvement symboliste, Gustave Moreau compta parmi ses élèves Albert Marquet, Henri Matisse et Georges Rouault. A sa mort en 1898, l’artiste lègue à l’état son hôtel particulier avec son atelier comprenant plus de 1200 peintures et aquarelles et plus de 10 000 dessins. Il a peu vendu de son vivant, si bien que la quasi totalité de ses œuvres sont conservées dans ce musée et que les huiles de belles qualités passant en vente aux enchères sont souvent adjugés dans une fourchette de 150 000 à 1 000 000 EUR. Gustave Moreau a en commun avec l’anglais Edward Burne-Jones un goût prononcé pour les femmes fatales dans des visions oniriques : Une Naïade de grand format de ce dernier s’est envolée en juin 2005 pour 1 000 000 GBP (1 491 900 EUR chez Christie’s Londres). La femme est un autre sujet de prédilection pour Félicien Rops qui créa la « Ropsienne », « une femme puissante, souple et langoureuse », une beauté fatale, source de troubles érotiques et morbides, rencontre fertile d’Eros et Thanatos. Rops fut un virtuose de l’estampe. Ses lithographies et ses eaux-fortes constituent 91% de son marché public, ce qui explique le fait que 90% des adjudications pour cet artiste sont inférieures à 1 500 EUR. Rares sont aussi les huiles signées de Puvis de Chavannes qui a réalisé essentiellement des peintures murales, dont les décors pour le Panthéon et la Sorbonne. En quête de la Beauté et de l’idée pure, son œuvre tend vers une simplification plastique qui fera l’admiration de Gauguin et des Nabis. La majorité des transactions affichent un montant inférieur à 10 000 EUR et certaines esquisses ou huiles de petits formats s’échangent pour moins de 1000 EUR. En 1998, la petite huile sur toile Mère et enfant dans un paysage partait pour 143 EUR ! (chez G.A. Key à Aylsham, GB)

Chez Odilon Redon, ce ne sont plus les femmes mais les fleurs qui sont les plus prisées sur le marché. Ces cinq dernières années, les huiles sur toile représentant un bouquet de fleurs se sont échangés entre 150 000 et 550 000 EUR, soit les prix atteints par quelques sujets mythologiques de belles factures et dimensions. Les mêmes sujets floraux exécutés au pastel rencontrent un engouement identique aux huiles et atteignent des prix élevés. Récemment, le pastel Fleurs des champs dans un vase au long col partait pour 220 000 GBP (320 562 EUR, février 2006, Christie’s Londres). Les paysages et les portraits de femmes sont plus abordables. L’amateur peut acquérir une huile entre 25 000 et 50 000 EUR en moyenne, un pastel entre 2 000 et 10 000 EUR. Comme lui et comme Gustave Moreau, Arnold Böcklin sera tiré de l’oubli par les artistes surréalistes. L’univers fantastique de Böcklin voit défiler des nymphes, naïades, faunes ou centaures dans des compositions rigoureuses et une touche réaliste. Peu d’huiles circulent sur le marché et les estampes comme les encres ou aquarelles de petits formats sont accessibles entre 100 et 500 EUR seulement.