Le Street Art est à la mode

[30/03/2010]

 

Nés dans les années 60 des rues de New York, portés par le goût du défi et une certaine marginalité, tags, graffitis et pochoirs ont fait entrer la culture urbaine dans les salles des ventes et sur les murs des collectionneurs. Le Street art est à la mode et a gagné ses lettres de noblesse via de multiples expositions dans de vénérables lieux à travers le monde tels la Tate Modern de Londres (Street art, 23 mai-25 août 2008) ou le Grand Palais de Paris (Tag au Grand Palais, 27 mars-26 avril 2009).

Tant d’émulation a nourri une demande boulimique dans les années 2000 faisant exploser les prix de 195% en une décennie avec un pic atteint en janvier 2008, puis un essoufflement de la cote dû la crise. Depuis 2008, les prix sont retombés de près de 40%, renouant avec les niveaux de 2005.

Londres : capitale du Street art
Le centre de gravité de la culture Street art s’est déporté de New-York à Londres avec le nouveau millénaire, notamment sous l’impulsion du mystérieux anglais BANKSY, artiste trentenaire qui serait né à Bristol en Grande-Bretagne en 1974 (mais le doute subsiste autant sur sa date de naissance que sur sa véritable identité). Ses tags sont apparus à Londres vers 2001. Depuis, il est une star anonyme continuant à investir de ses pochoirs des lieux publics à travers le monde (Londres, Barcelone, Paris, New York, la Palestine, etc.). Il est introduit aux enchères pour la première fois en novembre 2003. Son travail était alors accessible à pratiquement toutes les bourses. Son tableau Keep it real est alors adjugé 800 £. Le 18 mai 2005, il met un message sur son site annonçant l’exposition d’une gravure rupestre remarquable au British Museum. Une chasse au trésor est ouverte… et les médias du monde entier s’emparent du fait divers. Des stars comme Christina Aguilera ou Angelina Jolie le collectionnent. L’artiste est lancé. En octobre 2007, The Rude Lord, un travail récent de 2006 s’arrache 270 000 £ (550 000 $) chez Sotheby’s ! Cet élu a vu s’ajouter trois zéros de plus à sa cote en à peine deux ans. Puis Keep it spotless, un pochoir réalisé sur une toile à l’effigie des Spot paintings de l’autre star de l’art anglais Damien Hirst décroche 1,7 m$ le 14 février 2008. C’est la première fois – et la dernière jusqu’à présent – qu’il emporte une enchère millionnaire. Faisant partie des artistes les plus brûlants de la création actuelle, son marché s’est fortement contracté en 2009. Le nombre de ses toiles mises à l’encan était révisé au tiers par rapport à 2008.
Le succès de Bansky porte toute une jeune génération d’artistes londoniens, défendus notamment par les ventes Urban Art de Bonhams et de Dreweatts à Londres. Les deux maisons de ventes ont lancé ces cessions thématiques en 2008, portée par l’impulsion de l’exposition de la Tate Modern. Elles offrent des pièces street art de Basquiat à la jeune génération dont font partie Nick WALKER, FAILE, Adam NEATE, MAU MAU, CEPT, BEEJOIR, CYCLOPS ou Guy DENNING.

Paris suit le mouvement
Deux expositions parisiennes ont légitimé le Street Art auprès du grand public parisien en 2009 : Le Tag investissait le Grand Palais au printemps, suivie par Né dans la rue – Graffiti à la Fondation Cartier entre juillet et novembre. Dopées par tant d’actualité, les Maisons de ventes Artcurial, Cornette de Saint Cyr et Pierre Bergé & Associés sont entrées dans le créneau d’un art qui correspond bien à une nouvelle génération de collectionneurs en marche. D’autant que ces œuvres sont accessibles financièrement, que le marché est particulièrement dynamique et que les performances des pères du mouvement – Keith HARING ou Jean-Michel BASQUIAT – laissent rêveur. De petits formats de MISSTIC sont abordables à partir de 500 $, des œuvres originales de CRASH, SPEEDY GRAPHITO, DAZE, INVADER, FUTURA 2000, QUIK ou Xavier Prou, alias BLEK LE RAT, s’échangent dans une fourchette moyenne de 1 000 à 10 000 $. Un peu plus cotés, quelques grands formats de JONONE (Jonone) performent entre 10 000 et 40 000 $.