Le printemps du Design

[10/05/2011]

 

Les grandes ventes d’art décoratif et de design ont commencé à Londres chez Phillips de Pury (Design, le 7 avril) et Christie’s (20th Century Decorative Art & Design, le 20 avril), à Paris chez Christie’s encore avec 500 Ans : Arts Décoratifs Européens et se poursuivront chez Sotheby’s (XXth Century Decorative Arts & Contemporary Design) et Christie’s (Arts Décoratifs du XXème Siècle & Design) à Paris les 25 et 27 mai.

Le 7 avril 2011, Phillips de Pury Londres ouvrait le bal des ventes de Design totalisant 1,6 m£ pour les 100 lots vendus malgré un taux d’invendu de 32%.
149 lots furent proposés par Phillips dont des pièces importantes sous des signatures classiques comme Charlotte PERRIAND avec un Bahut long de près de 4 mètres cédé 120 000 £ contre une estimation de 120 000 – 180 000 £ (un Bahut deux fois plus long partait pour 139 282 £ en décembre 2010 chez Phillips de Pury New York). Phillips misait également sur Jean ROYERE, avec 12 lots mis en vente ce 7 avril 2011, qui remportait 48 000 £ pour Daybed (est. 20 000 – 35 000 £) et 45 000 £ pour un jeu de 6 chaises : Set of six ‘Écusson’ dining chairs.
Autre star de la vente, le jeune hollandais Sebastian BRAJKOVIC avec ‘Lathe VIII’, 2008 s’arrachait pour 40 000 £ triplant ainsi son précédent record frappé en 2010 pour une autre chaise de sa série Lathe Chair (Lathe III, 11 000 £ chez Phillips de Pury Londres). Ron ARAD est également l’une des signatures phares de la vente et sa table Two Legs & a Table attendue entre 60 000 – 80 000 £ a été adjugée 65 000 £. La création italienne fut à l’honneur lors de la vente de Phillips, avec Franco ALBINI qui signe son nouveau record à 40 000 £ pour la vente de Unique sofa set. Les collectionneurs s’arrachaient les œuvres d’ Anna CASTELLI FERRIERI dont Unique room divider and pair of wall lights et Unique modular wall-mounted console furent cédées respectivement 15 000 £ et 14 000 £ soit au double de leurs estimations hautes.

La vente 20th Century Decorative Art & Design du 20 avril orchestrée par Christie’s Londres réalisait 997 400 £ de produit de vente soit 35 000 £ au-delà des attentes. Pourtant 39 lots furent ravalés sur les 92 présentés. Six des huit lots mis en vente de l’artiste Giò PONTI n’ont pas trouvé preneur, tout comme Pair of Two-tier Occasional Tables de Jules LELEU attendu entre 8 000 – 12 000 £ ou encore l’ Oiseau d’argent de François-Xavier LALANNE estimé 30 000 – 40 000 £. En revanche son bronze Le Grand Requin fut adjugé 70 000 £ soit 10 000 £ au-delà de son estimation haute.
Le plus beau score de la vente revient à Dimitri CHIPARUS dont la sculpture de femme : Exotic Dancer Sculpture partie pour 160 000 £ au double de son estimation haute. De nombreux lots partirent au-delà des espérances de la maison Christie’s comme le large panneau de bois The Harvest de Jean DUNAND, adjugé 85 000 £ contre une estimation de 30 000 – 50 000 £ ou encore Leopard Chest of Drawers de Piero FORNASETTI vendue 32 000 £ (est. 20 000 – 30 000 £). En 1998, un autre exemplaire de ce “Leopard” Chest partait pour 23 000 $ (14 130 £) sous le marteau de Christie’s Beverly Hills.
La vente du 4 mai 500 Ans : Arts Décoratifs Européens de Christie’s Paris généra plus de 5 m€ de chiffre d’affaires (avec les frais). La plus belle enchère de la vente récompense un bronze attribué à François LESPINGOLA parti pour 337 000 € dans sa fourchette d’estimation. Autres beaux scores de la vente, une Console demi-lune et un Guéridon tous deux d’époque Louis XVI et de l’artiste Adam WEISWEILER cédés respectivement 229 000 € et 169 000 €.

Les ventes à venir…
Sotheby’s offre une vente très diversifiée avec 160 lots. Parmi les signatures classiques, on trouve Emile-Jacques RUHLMANN avec cinq lots qui pourraient rapporter au total 410 000€. La paire de tables d’appoint est l’un des lots phares de la vente notamment attendu entre 120 000 et 180 000€. Sotheby’s mise également sur la création contemporaine avec Ron Arad dont les deux pièces proposées pourraient générer entre 90 000 et 130 000 € ainsi qu’un canapé de Shiro KURAMATAHow High the Moon estimé entre 30 000 et 50 000 €. Un autre exemplaire se vendait 52 000£ (74 719€, chez Christie’s Londres en octobre 2007).
Des signatures phares de la modernité seront également mêlées, telles Serge MOUILLE avec deux lampadaires (Lampadaire Totem, est. 20 000 – 30 000€ et Lampadaire très grand signal, est. 70 000 – 100 000€), ou encore le chef de file du Design radical italien Ettore SOTTSASS. Trois Totem de l’artiste sont proposés entre 10 000 et 15 000 € chacun, une aubaine puisque le 15 mars 2011 Totem “Odalisca” identique à l’un des trois proposés par Sotheby’s partait pour 32 000€ (Tajan, Paris).
Pour les plus petits budgets, les objets industriels produits massivement sont proposés à la vente entre 1 500 et 6 000€. Sotheby’s offre sous les signatures de Jean Royère, Paule LELEU, Jean PROUVÉ, Marc DU PLANTIER, Line VAUTRIN des paires de chaises, paires de tables d’appoint, un porte savon… sous des estimations plus modérées.

Christie’s Paris offre lors de sa vente Arts Décoratifs du XXème Siècle & Design un panel de 52 lots, dont quatre objets d’Emile-Jacques Rulhmann. Christie’s espère plus de 600 000€ de produit de ventes sous la signature de l’idole de l’art décoratif français. Parmi ces quatre lots Christie’s attend entre 400 000 et 600 000 € pour une Commode ‘Grande Cannelée à Redents’. Le ponte de la sculpture animalière Rembrandt BUGATTI est aussi très attendu avec notamment Lionceau et Lévrier entre ses Pattes estimé 250 000 – 350 000 €. Le 3 mai 2011 un bronze de l’artiste était cédé 1,2m$ sous le marteau de Sotheby’s, soit près du double de son estimation basse. L’artiste a la cote : les prix de ses sculptures ont progressé de +460% depuis 1998.
Christie’s mise également sur les signatures phares de la modernité : quatre lots de Charlotte Perriand, neuf de Jean Prouvé. Si Christie’s espère au moins 80 000€ de Bibliothèque murale ‘Nuage’ de Charlotte Perriand, la maison annonce des œuvres abordables entre 1 500 et 5 000 € pour ces signatures prisées.

Le marché du design fait le point sur l’envolée des meubles décoratifs et sur la nouvelle mutation du design, de plus en plus intimement calqué sur celui des beaux-arts.