Le poids de l’estimation sur le marché

[12/01/2004]

 

Au delà de la sélection des œuvres, la réussite d’une vente publique tient dans la juste estimation des lots dispersés. Or les chiffres parlent d’eux même : seulement 1/5ème des d’adjudications se situent dans la fourchette d’estimation. Autant dire que les résultats des ventes publiques font des heureux, mais aussi brise beaucoup d’espoir.

Rien de tel qu’une estimation précise pour éviter les mauvaises surprises. D’autant que pour un auctioneer, un lot invendu terni l’image de la maison de vente et peut engendrer la perte d’un client. S’ils sont trop gourmands, les vendeurs risquent de voir ravalés les lots qu’ils proposent. Faute de demande, il n’est pas rare que les enchères n’atteignent pas les prix planchers fixés au préalable. Cela est encore plus fréquent en période d’incertitude ; les acheteurs, plus sélectifs, trient sévèrement les œuvres qui leur sont proposées. Entre janvier et octobre 2003, 41% des œuvres d’art mises en vente dans le monde ne trouvent pas preneur, contre seulement 33% sur la même période en 2000.

Numéro 1 en volume d’échanges (avec près de 17% des transactions de fine Art en 2002), le marché hexagonal n’est pas épargné. Bien au contraire : en France, le taux d’invendus s’élève à 43% ! Face à une offre abondante, les collectionneurs n’hésitent pas à délaisser les pièces moins intéressantes. A l’inverse, aux Etats-Unis, l’offre est moins large et la demande plus soutenue : le taux d’invendus y est stable depuis trois ans, aux alentours de 26%. Affichant un taux de ravalement proche de 33%, le Royaume-Uni résiste aussi. Ces performances découlent aussi de la structure du marché. Les pays anglo-saxons dominent le secteur haut de gamme du marché. Or, les œuvres estimées au-delà du million d’euros trouvent plus facilement acquéreur que celles estimées moins de mille euros.

Le risque d’invendus diminue avec l’élévation des prix. Entre janvier et octobre 2003, 32,2% des lots estimés au delà du million de dollars ont été ravalés, contre plus de 41% pour ceux estimés moins de 10 000 euros. L’estimation des œuvres millionnaires semble logiquement plus soignée et les collectionneurs milliardaires ne laissent pas souvent passer les pièces d’exception sans réagir : seules 290 œuvres ont été adjugées plus de 1 million d’euros l’an passé, soit 1/1000ème du volume de transactions. 25-27% des œuvres dont l’estimation basse est supérieure à 100 000 Euros sont adjugées dans la fourchette d’estimation. Plus en descend dans l’échelle des prix, moins les estimations sont précises : à moins de 1000 euros, seules 17% des transactions sont réalisées dans la fourchette d’estimation.