Le Marché de l’Art Suisse au sommet : les clés d’un Succès Inattendu

Alors que l’année 2024 a mis le Marché de l’Art mondial à rude épreuve, la Suisse s’impose comme une exception remarquable. Avec une progression spectaculaire de +80% et une solide 6e place au niveau mondial, le marché suisse intrigue et inspire. 

Le dernier rapport d’Artprice réserve une surprise de taille : le Marché de l’Art suisse réalise un bond historique, creusant l’écart avec l’Italie et consolidant sa 6e place mondiale. En dépit d’un contexte global incertain, les ventes d’œuvres en Suisse ont connu une dynamique impressionnante, portées par des trésors de l’Art Moderne enchéris sur le sol helvétique.

Quelles œuvres ont marqué cette ascension fulgurante ? Et comment le pays parvient-il à tisser des liens plus solides avec le marché international ?

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Sommaire

L’exploit suisse : une envolée de +80 %
Comment Artcurial dynamise les ventes helvétiques ?

L’exploit suisse : une envolée de +80 %

Alors que les grandes places de marché mondiales accusent des baisses importantes en 2024 — la Chine (-63 %), les États-Unis (-27 %), le Royaume-Uni (-20 %), la France (-17 %) et l’Allemagne (-9 %) — la Suisse déjoue tous les pronostics. Le pays, solidement ancré à la 6e place mondiale, enregistre une progression fulgurante de +80 %.

Cette performance s’explique en grande partie par la vente exceptionnelle de la collection d’Eberhard W. Kornfeld, qui a totalisé 67 m$ à Berne, portant le chiffre d’affaires suisse à 221 m$ en 2024, contre 123 m$ l’année précédente. Un résultat qui témoigne de la vigueur du marché suisse, capable de briller là où d’autres peinent à maintenir le cap.

Évolution du résultat aux enchères des ventes d’oeuvres d’art en Suisse

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Retour sur la vente exceptionnelle des Chefs-d’œuvre de la collection Eberhard W. Kornfeld

Cette collection n’impressionnait pas seulement par ses signatures prestigieuses — Degas, Pissarro, Matisse, Seurat et plusieurs œuvres d’Alberto Giacometti adjugées entre 5 et 8 millions de dollars chacune — mais aussi par l’aura de sa provenance. Eberhard W. Kornfeld, disparu en 2023 à la veille de ses 100 ans, n’était pas seulement un collectionneur émérite. Ami des plus grands artistes, marchand, commissaire-priseur, galeriste et éditeur, il incarnait une figure incontournable du Marché de l’Art.

Orchestrée en septembre 2024 par la Maison de Ventes Kornfeld, la dispersion de sa collection a fait de Berne le cœur battant du Marché de l’Art en Suisse. La ville représente à elle seule 30% des résultats suisses pour les ventes d’œuvres d’art de l’année 2024.

Ferdinand Hodler, le peintre suisse numéro 1

Pourtant, la plus belle vente annuelle revient à Zurich, avec un tableau lumineux de Ferdinand Hodler — Le lac Léman et le Mont-Blanc aux premières heures du matin, mars (1918) — vendu 7,26 millions de dollars sous l’égide de la Maison de Ventes Koller.

Il faut rappeler que Ferdinand Hodler est l’artiste suisse le plus coté : ses œuvres ont généré près de 230 millions de dollars depuis 2000. Rien qu’en 2024, une quarantaine de ses œuvres ont été vendues pour un total de 17,7 millions de dollars — un résultat spectaculaire qui le propulse dans le Top 100 des artistes les plus performants du Marché de l’Art mondial, devant même Edgar Degas ou Egon Schiele.

Alors, si vous possédez une œuvre de Hodler (certaines circulent en Europe et aux États-Unis), vendre en Suisse pourrait être une option stratégique à envisager.

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À lire : Retrouvez le classement des meilleures adjudications annuelles en Suisse  dans le Rapport mondial du Marché de l’Art en 2024

Artcurial Beurret Bailly Widmer, une expansion plus stratégique qu’il n’y paraît

Artcurial, première maison de ventes aux enchères franco-française, a franchi une nouvelle étape en 2023 en s’offrant Beurret Bailly Widmer Auktionen, rebaptisée depuis Artcurial Beurret Bailly Widmer. Cette acquisition dépasse largement le simple agrandissement géographique. Elle dessine un axe stratégique entre la Suisse et Monaco, où Artcurial organise quelques ventes, le tout en bénéficiant des atouts d’une fiscalité détaxée.

Mais au-delà de cette dimension pratique, l’opération permet surtout à Artcurial d’étendre son influence sur l’ensemble du territoire suisse. Avec des implantations désormais solides à Bâle, Zurich, Saint-Gall et Genève, la maison de ventes couvre efficacement la Suisse romande comme la Suisse alémanique. Un coup de maître qui ne se contente pas d’aligner des adresses : il pourrait s’agir de dynamiser le marché suisse de l’art en attirant collectionneurs et investisseurs du monde entier.

Cette présence renforcée contribue indéniablement à consolider la position de la Suisse sur la scène artistique internationale, tout en offrant à Artcurial un levier puissant pour accélérer son expansion européenne.

Résultats des antennes d’Artcurial pour la ventes d’oeuvres d’art en 2024

• Artcurial Paris : 46,3 m$, 3790 lots vendus
• Beurret Bailly Widmer Auktionen (Suisse) : 13,6m$, 566 lots vendus
• Artcurial Monaco : 4,4m$, 29 lots vendus
• Artcurial Marrakech : 3,2m$, 91 lots vendus
• Artcurial Toulouse : 207 025 $, 166 lots vendus,

Lucas I CRANACH l’Ancien (1472-1553), La Vierge à l’Enfant (Maria mit Kind und einem Engel), 1525-1530
Huile sur panneau, estimation entre 400’000 et 600’000 francs suisses.
Cette œuvre sera vendue aux enchères chez Artcurial Beurret Bailly Widmer le 2 avril à Bâle.

Artcurial Beurret Bailly Widmer capitalise sur l’effet Art Basel

Art Basel  – grande messe de l’art contemporain – se tient chaque année dans la ville suisse de Bâle depuis 1970.  Artcurial Beurret Bailly Widmer entend tirer parti de l’effet Art Basel et de la forte concentration de collectionneurs internationaux présents à Bâle pendant la foire. Lors d’Art Basel 2024, la maison a organisé une exposition à proximité de la Badischer Bahnhof, offrant ainsi aux visiteurs un aperçu exclusif des œuvres à venir aux enchères.

Parmi les pièces exposées figuraient des œuvres fortes, telles que Les Cicatrices de la mémoire de René Magritte et Solitude paranoïaque-critique de Salvador Dalí, avant leur vente programmée le 19 juin. Cette stratégie permet à Artcurial de capitaliser sur la présence d’un public international averti et passionné, maximisant ainsi la visibilité et l’attractivité de ses futures ventes. Si l’œuvre de Magritte ne s’est malheureusement pas vendue, celle de Dali a, par contre, dépassé de 500 000$ son estimation haute pour atteindre 2,7m$.

Le marché suisse, quant à lui, bénéficie d’une attention internationale précieuse pour convaincre les collectionneurs de confier à Artcurial des œuvres modernes et contemporaines d’exception. Car, c’est bien là le nerf de la guerre : dénicher une offre de qualité et l’amener à rencontrer son public.

Même sans cette synergie, la réputation internationale d’Artcurial — 12e société de ventes mondiale avec 67,8 millions de dollars pour le Fine Art en 2024 — devrait continuer d’attirer de nouveaux collectionneurs étrangers vers le marché suisse. Elle pourrait également stimuler la concurrence et favoriser l’innovation dans le secteur des ventes aux enchères sur le territoire.

Une nouvelle adresse stratégique à Genève

Dernière actualité ? Artcurial Beurret Bailly Widmer vient d’ouvrir un nouvel espace à Genève, dont l’exposition inaugurale est prévue les 18 et 19 mars (précédant celle de Zurich). Cet événement présentera en avant-première les lots de deux ventes majeures qui se tiendront à Bâle les 2 et 3 avril prochains.

Les noms des artistes annoncés résonnent déjà bien au-delà des frontières helvétiques : Alexej von Jawlensky, Auguste Renoir, Paul Signac, Egon Schiele et un chef-d’œuvre de Lucas Cranach l’Ancien. De quoi attirer l’attention des collectionneurs les plus exigeants.

Marché de l’Art Suisse aux enchères – Eberhard W. Kornfeld – Artcurial – Art Basel