Le marché de l’art contemporain français est-il en crise ?

[07/06/2005]

 

Le 9 mai 2005, François Pinault a renoncé à installer sa fondation d’art contemporain sur le site des usines Renault à Boulogne-Billancourt. Las des lenteurs administratives, il a décidé de replier sa collection à Venise, au Palais Grassi. Voilà abandonné l’un des rares projets de promotion culturelle initiée en dehors du circuit des aides publiques, capable de rivaliser avec la galerie Saatchi de Londres, et une bonne occasion de promouvoir l’art contemporain en France.

Symptomatique du retard de la France en la matière : les piètres performances des artistes nationaux sur le marché. Face à la concurrence internationale, les artistes français sont peu cotés. Même en France, ils se vendent moins bien que les artistes anglo-saxons ou italiens. Le classement 2004 des œuvres d’art contemporain les plus chères adjugées en France est sans appel : seules deux œuvres d’artistes français se hissent dans les 20 premières places. Le premier français n’apparaît qu’en 10ème position ! Il s’agit Bernar VENET, avec « Arc 235.5°, 4 lignes », adjugé 76 000 euros le 18 juillet 2004. Le second, Robert COMBAS, n’est que 15ème : « Jumelage Sète-Marseille », une toile de plus de 6 mètres de large a trouvé preneur à 60 000 euros en octobre dernier. La plus forte enchère française d’art contemporain revient à un espagnol : Miquel BARCELO. Sa toile «In Extremis» s’est envolée à 160 000 euros chez Tajan, le 30 novembre dernier.

Le constat est encore plus inquiétant à la vue des enchères internationales : si Jeff KOONS se hisse à la première place du classement mondial des enchères d’art contemporain 2004, avec une adjudication à 4,9 millions de dollars, le premier artiste français n’arrive qu’en 324ème position. Il s’agit d’Annette MESSAGER, dont « Untitled, from the «Mes voeux» Series » s’est enlevé 120 000 dollars chez Sotheby’s New York.

A l’inverse, des artistes comme les Young British Artists, appuyés par Charles Saatchi ne cessent de voir leur cote exploser. Il suffit de consulter les résultats décrochés par Damien Hirst en 2004, dont les 1,1 millions de livres sterling avec « The fragile Truth », pour attester que le soutien du marché par des initiatives privées peut être très efficace.