Le marché de l’art australien en pleine forme

[02/08/2010]

 

Confinés sur les places de marché de Sydney et Melbourne, les artistes modernes et contemporains australiens ne s’en portent pas mal pour autant. Leurs cotes affichent même une vigueur particulière sur le marché secondaire, avec des résultats explosifs depuis 2007.
Les collectionneurs australiens privilégient la peinture, à l’huile ou à l’acrylique et les sujets figuratifs pour les pièces modernes et contemporaines (les œuvres traditionnelles aborigènes étant de nature abstraite).

L’une des principales figures de l’art moderne en Australie, le peintre Brett WHITELEY (1939-1992), vit décoller sa carrière dans les années 60, après l’acquisition par la Tate Gallery de sa toile Untitled Red painting. Jamais la Tate Gallery n’avait misé jusqu’alors sur un si jeune artiste. Les rencontres et les voyages se sont ensuite multipliés pour l’artiste. Brett Whiteley est aujourd’hui soutenu par de nombreuses galeries, institutions et collectionneurs, et s’impose comme l’artiste Australien le plus coté de la décennie. Ses prix ont explosé, si bien que 100€ investis en 1998 dans une de ses œuvres valaient en moyenne 555€ en février 2010. Sur sept enchères millionnaires, récompensant le plus souvent de grandes toiles des années 80, l’artiste en signait quatre en 2007 dont son record pour The Olgas for Ernest Giles, équivalent à 2 445 280$ (le 13 juin 2007 chez Deutscher & Menzies).

Ce score ne lui permet pourtant pas de déclasser l’enchère record de son aîné, le peintre expressionniste Sidney Robert NOLAN. Alors que le marché de ce dernier avait tendance à s’essouffler (transactions très ralenties en 2008 et 2009), la maison de ventes Deutscher & Menzies présentait une toile majeure le 25 mars 2010 intitulée First-Class Marksman (1946). L’œuvre fut à la hauteur des attentes en partant dans sa fourchette d’estimation, à 4,5mAUD soit 4,1m$. Ce coup de marteau exceptionnel constitue la plus belle enchère de la décennie en Australie pour un artiste national !
Parmi les meilleurs résultats de 2009 et 2010, Norman LINDSAY affiche désormais des enchères comprises entre 100 000 et 235 000$ pour ses plus belles toiles.
Arthur BOYD et Frank Jeffrey Edson SMART signaient chacun leur record d’enchère à Sydney le 24 juin 2010. Le premier avec la toile Moby Dick Hill, near Frankston, Victoria, emportée 740 000AUD soit 645 000$, le second grâce à l’étrange atmosphère régnant dans son tableau Holiday, cédé l’équivalent de 697 280$. Citons encore la bonne progression de la cote de Frederick Ronald WILLIAMS (1927-1982) dont les trois enchères millionnaires ont toutes été enregistrées entre 2006 et 2009 et de John Cecil BRACK (1920-1999) dont les six enchères millionnaires datent de 2006, 2007 et 2010.

Dans des fourchettes de prix plus abordables, les plus belles toiles de Frederick CRESS (1938) sont accessibles entre 10 000 et 40 000$ en moyenne. Dans ce budget, l’amateur peut aussi jeter son dévolu sur une grande aquarelle de John Henry OLSEN (les travaux à l’huile s’échangent plutôt entre 60 000 et 200 000$) ou de Frederick Ronald WILLIAMS. Dans la gamme de prix supérieure, soit entre 40 000 et 120 000$, des natures mortes aux touches juxtaposées signées Grace Cossington SMITH (1892-1984) et des paysages à l’atmosphère douce de Lloyd Frederic REES sont régulièrement mis à l’encan.

Top 10 Art Australien (2000 – 2010)

La jeune génération d’artistes, toujours fidèle à la peinture figurative, est portée par les œuvres de Rick AMOR, Lin ONUS, Stephen BUSH, Vincent FANTAUZZO ou encore Cherry HOOD. Rick Amor affiche un talent certain pour les ambiances mystérieuses, et apparaît comme un héritier des influences symbolistes et surréalistes du siècle dernier. Quelques huiles de petits formats son abordables pour moins de 10 000$ en salles, comme le paysage industriel frappé l’équivalent de 6 360$ le 28 avril 2010 chez Deutscher & Hackett, Sydney (Industrial Landscape). L’artiste enregistrait un mois plus tôt sa première enchère à plus de 100 000$ pour un serveur fantomatique (The Waiter, adjugé 110 000AUD, environ 100 300$, Deutscher & Menzies).
Une ambiance toute aussi étrange baigne les œuvres de Lin Onus qui passait le seuil des 200 000$ une première fois en 2006. En mars 2010, elle réitérait cet exploit avec Reflections, Barmah Forest, cédée l’équivalent de 200 600$ (Deutscher & Menzies). Le prix de cette toile a doublé en moins de sept ans (elle fut achetée l’équivalent de 100 600$ le 26 novembre 2003). Quelques œuvres à l’huile sur carton des années 70 sont néanmoins abordables en salles pour moins de 10 000$. Citons encore les œuvres hyperréalistes de Vincent Fantauzzo (né à Birmingham et installé à Melbourne). Son portrait de Brandon a dignement affronté les enchères en emportant une adjudication de 50 000 AUD soit 43 580$ le 24 juin 2010 (Menzies Art Brands, Sydney).

La santé des cinq maisons de ventes leaders en Australie (Sotheby’s, Menzies, Deutscher & Hackett, Bonhams & Goodman, Lawson & Menzies) est bonne. La demande forte pour les artistes nationaux met en selle une nouvelle génération d’artistes, dont des toiles importantes sont abordables pour moins de 10 000$, à l’instar de Jasper KNIGHT, qui faisait sa première entrée en salle le 24 juin 2009 avec Bangkok Boogie Woogie, toile aux coulures de couleurs franches cédée 12 000 AUD soit 9 450$.

Parallèlement à l’élan de la scène contemporaine, l’art aborigène s’essouffle depuis le pic de 2007. Cet art d’initiés voit partir les maîtres historiques tandis que les plus grands musées se disputent les plus belles pièces. De rares chefs-d’œuvre prétendent à des enchères à cinq chiffres. Un record millionnaire fut même enregistré en 2007 pour l’œuvre Warlugulong (1977) de Clifford Possum TJAPALTJARRI (1932-2002). Warlugulong, un vaste travail de plus de trois mètres, partait pour 2mAUD soit 1,76m$ chez Sotheby’s Melbourne. Par ailleurs, l’engouement pour l’art aborigène sur la dernière décennie a permis de multiplier les ventes spécialisées, notamment en Europe avec Tajan, Artcurial ou Gaïa..